Ne pas entretenir notre Patrimoine, c’est désolant. C’est aussi absurde parce que, même si ce n’est bien sûr pas la seule raison ni la plus importante, on sait bien que – pour dire les choses vite – patrimoine = tourisme = argent.
C’est un peu trivial, et même beaucoup, mais c’est ainsi.
Par contre, on va le voir, cette simple bêtise se double actuellement d’un vrai scandale, qu’il convient évidemment de dénoncer…..
Nous commencerons notre réflexion en reprenant des propos de Béatrice de Andia. Fondatrice de l’Observatoire du patrimoine religieux,créé en 2006. Béatrice de Andia, fut longtemps déléguée à l’action artistique de la Ville de Paris.
« Notre patrimoine religieux, explique-t-elle, est sans doute le plus important d’Europe, car la France a été, du Moyen Âge au XVIIIe siècle le pays le plus peuplé, avec une répartition de la population sur l’ensemble du territoire. Les communes créées par la Révolution se sont calquées sur les paroisses de l’Ancien Régime, mais il se trouve que ces paroisses comptaient, parfois, plus d’une église, de sorte que le nombre d’édifices cultuels, en comptant les chapelles, avoisine les cent mille.
Privés d’aides publiques pour les deux tiers, ces lieux de culte ne peuvent, souvent, être entretenus et restaurés par des communes qui sont contraintes à arbitrer entre des choix plus pressants. De surcroît, le regroupement de communes, la désertification des campagnes, la baisse de fréquentation religieuse, font qu’il est tentant de laisser se dégrader ces édifices, qui, quand ils ne bénéficient pas de la protection au titre des monuments historiques, ne peuvent plus compter dès lors que sur le mécénat privé ( la Fondation du patrimoine, la Sauvegarde de l’art français, par exemple ) qui ont engagé de nombreuses actions de mécénat dans ce domaine.
Pour les édifices classés ou protégés, des travaux en cours ont été, malheureusement, interrompus ou annulés faute de crédits. Actuellement l’État est en situation de retard sur les travaux engagés, ce qui place les entreprises spécialistes de la restauration des monuments historiques dans une situation délicate. Non payées par l’État, elles sont contraintes de licencier du personnel. Partant, des monuments vont tomber en ruines, et c’est un savoir-faire artisanal unique qui risque de disparaître. Cette situation, hélas, ne paraît pas devoir cesser car les crédits d’État affectés à la restauration des monuments historiques sont en baisse d’au moins 20 %. »
Un sénateur lucide et courageux, Philippe Nachbar (1), a dénoncé cette situation dans son rapport “Monuments historiques : une urgence pour aujourd’hui, un atout pour demain”. Selon la Direction de l’architecture et du patrimoine, 20 % des monuments classés seraient en situation de péril, soit 2 800 bâtiments sur un total de 15 000. Parmi ceux-ci, églises et chapelles sont au premier rang, et des démolitions sont inévitables.
Voici donc posé, et bien posé, le problème que nous évoquions en titre : en cette période de chômage et de mal-formation des jeunes, la France sera-telle privée par des gouvernants inconscients de milliers de poste de travail ? Et de travail d’art et de qualité ? Qui serait donc rentable puisqu’il générerait à l’évidence des flux touristiques importants, donc de l’activité économique et du développement ?
Passons maintenant, pour en finir avec l’explication de notre titre, au scandale : il tient tout simplement au fait que, là aussi pour faire court et pour dire les choses simplement, comme elles sont, la cathédrale est moins bien lotie que la mosquée !
Ainsi, vient de s’achever le chantier de la grande mosquée de Strasbourg, financé en partie par des subventions publiques, à hauteur de 26 % du montant total des travaux. Dans le même temps, les travaux de restauration de la cathédrale de Strasbourg, budgétés en 2002, sont en panne. Plus de huit ans après la tempête de 1999, les dégâts occasionnés n’ont pas été réparés, comme c’est le cas pour d’autres édifices cultuels majeurs.
Tandis qu’un vaste programme de construction de mosquées est en cours dans l’ensemble du pays, nos cathédrales sont en déshérence. Comme nous le disions en titre : une bêtise, doublée d’un scandale…..
(1) : Sénateur de Meurthe et Moselle.
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