Dans Politique Magazine de ce mois-ci ( http://politiquemagazine.fr/ ) Jean-Baptiste d’Albaret revient sur un sujet que nous avons souvent évoqué ici et propose une réflexion sur le thème Diversité – La pire des bonnes intentions.
Sarko « l’Américain » l’avait promis : sur le modèle de l’ « affirmative action », et au moment où le monde médiatique s’extasie sur l’accession au pouvoir d’un président noir aux États-Unis, la France va mettre en oeuvre une politique qui s’apparente à de la discrimination positive afin de mieux intégrer des populations d’origine immigrée désormais regroupées sous le vocable de « minorités visibles ».
Le sujet exige des précautions sémantiques. Plus question donc de « discrimination positive », notion jugée communautariste et contraire aux grands principes de la nation française. En matière de diversité, il s’agira désormais de « volontarisme républicain », comme l’a affirmé Nicolas Sarkozy lors d’un discours à l’École polytechnique, à Palaiseau. Un Commissariat à la diversité et à l’égalité des chances va être crée et les meilleurs élèves boursiers auront accès aux classes préparatoires. A terme, le gouvernement examinera la possibilité de conditionner l’attribution des marchés publics à « la mise en oeuvre par les entreprises d’actions favorables à la diversité ». Le but est de remédier aux discriminations dont seraient victimes les « minorités visibles » en raison de leur nom et de leur couleur de peau pour accéder au marché du travail ou pour trouver un logement. Ces populations ne seraient d’ailleurs pas suffisamment représentées dans le monde politique et médiatique. Des « minorités visibles », en somme, pas assez visibles. Dès lors, la « discrimination positive » à beau se maquiller en « volontarisme républicain », le constat reste le même: des inégalités de traitement entre individus vont être instaurés sur des critères raciaux.
Le président de la Répoublique avait même souhaité que le texte constitutionnel « soit complété pour assurer le respect de la diversité ». Il a finalement suivi l’avis négatif donné par la commission présidée par Simone Veil. Selon les mots mêmes de Nicolas Sarkozy, une telle réforme, parce qu’elle touche à « l’identité républicaine », nécessite « un certain consensus national » dont les conditions ne sont aujourd’hui pas réunies. L’article I ne stipule-t-il pas que la République « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». C’est au nom de ce principe que la France s’interdit les statistiques ethniques. Mesurer les progrès ou les retards de l’intégration des « minorités visibles » relève dès lors de la pétition de principe et d’une démagogie qui tend à faire de ces « minorités visibles » des victimes de la société française.
Car pendant des années le phénomène migratoire, massif et inédit, a été nié avant de devenir la chasse gardée d’associations et de lobbies anti-racistes poussant l’exaltation des origines jusqu’au rejet de la communauté nationale. Au point d’en faire un eidéologie avec son vocabulaire, ses symboles, ses intimidations : la « différence » -ou la « diversité »- contre l’identité française dénigrée et assimilée à la xénophobie. Le discours est d’ailleurs entretenu depuis les années 80 par le pouvoir politique qui -bien qu’il se garde pour lui-même de laisser sa place- a institutionnalisé des organismes de pression chargés de veiller au respect de la diversité. Surtout de traquer partout et en tout lieu le racisme ou supposé tel. Le CSA s’est ainsi récemment indigné des résultats d’une étude sur la diversité dans les médias audiovisuels. Selon cette étude, les « non blancs » ne représentent « que » 15% des personnages de fiction française et 7% des animateurs de télévision….. Où cela s’arrêtera-t-il ?
CV anonyme, charte de la diversité, bien des mesures ont été évoquées ces dernières années sans que le « modèle républicain » d’intégration n’apporte de résultats satisfaisants, résultats de toute façon difficiles à quantifier. Ce n’est pas la discrimination positive qui fera que les outils traditionnels d’intégration, l’École, l’Armée, l’Église, fonctionnent à nouveau. Aujourd’hui, au lieu de devenir français, les immigrés se sentent de plus en plus étrangers dans leur pays d’adoption. Personne ne nie l’existence d’un communautarisme de plus en plus préoccupant. L’illusion serait de penser que la discrimination positive pourrait le diluer.
Au contraire, en légitimant l’idéologie anti-raciste, « communisme du XXI° siècle », selon Alain Finkielkraut, son principe comporte en lui-même la promesse de son échec.
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”