Quelle différence entre la période où est née la LCR et celle où naît le NPA !
Entre ces deux moments, le marxisme est mort. L’idéologie révolutionnaire marxiste-léniniste est morte, elle qui fut une véritable espérance et une véritable religion, puisées dans la matrice originelle de la grande Révolution française de 1789. Et qui se voulut l’approfondissement jusqu’à la perfection de cette révolution, sa forme la plus achevée, sa quintessence.
Jacques Julliard en parle presque avec lyrisme
« …Depuis 1989 au moins, date de la chute du Mur, la gauche tout entière est malade, parce qu’elle n’a pas su analyser ni tirer les conséquences de ce qui s’est passé…parce que, qu’on le veuille ou non, le socialisme (comme la Révolution, au dire de Clémenceau) est un bloc ! que le communisme a été pendant près d’un siècle l’horizon d’attente du mouvement ouvrier tout entier…. Il n’est pas besoin de relever la tête bien haut pour savoir que l’horizon est bouché, que l’orient rouge est délavé, que le soleil levant s’est drapé de deuil. Or le fait est que jamais les socialistes ne nous ont donné une analyse convaincante de ce qui s’était passé, qui engageait pourtant la vision qu’ils se faisaient de l’avenir…rien qui nous explique pourquoi l’un des plus beaux rêves de l’humanité s’est transformé en un immense cauchemar…s’agit-il d’un vice intrinsèque ?….. »
Tout le monde s’en est rendu compte. Tout le monde ? Non, pas tout à fait, car, comme dans Astérix, une poignée d’irréductibles, idéologues jusqu’au trognon, persiste à faire comme si. Comme s’il ne s’était rien passé. Comme si l’idéologie n’était pas morte, et avec elle la foi, l’espérance et… la religion révolutionnaire. Une nouvelle version de la politique de l’autruche, en quelque sorte…..
Besancenot, le chef des irréductibles, n’a-t-il pas dit Ce qu’il nous faut c’est une bonne vieille révolution ? Une autruche qui avance à reculons, comme les écrevisses ! Il a raisonné au passé prolongé à partir du « Non » au référendum de 2005, et il a en quelque sorte cru acquise pour toujours cette base électorale d’environ 10% à laquelle il lui a plu de croire obstinément, alors qu’en fait elle était essentiellement conjoncturelle.
Ecoutons encore Julliard :
« ….Le gauchisme ?…. pour comprendre les différences entre les trois groupuscules trotskistes qui se partagent une poignée d’irréductibles et une autre de populistes, il faut se référer au programme de transition de Trotski, datant de 1939….Cette déroute de l’intelligence ne peut être compensée par l’intense noyautage des « luttes », dont les flambées intermittentes ne sauraient tenir lieu de critique sociale cohérente. »
Lisons les tribunes de Besancenot. Ses références sont Octobre 1917, la révolution cubaine et Che Guevara ! Et il prône un collectivisme pur et dur, exactement le même que celui qui a foiré partout, en Russie, en Roumanie, en Albanie; partout. Bref, que du neuf ! Nous parlons par antiphrase, évidemment…..
L’actuelle mode Besancenot ne doit pas faire illusion. Celui ci tire son actuelle apparence de succès du fait qu’il est à l’articulation du monde bobo et du monde prolo, et qu’il profite à plein du déclin du PCF, du recentrage des Verts et du manque de dynamisme du PS. Et il va également profiter bientôt du défouloir que représentent les élections européennes.
Mais sa radicalisation elle-même, et en elle-même, est un signe de faiblesse. Il finira bien par épuiser son capital nouveauté/sympathie/curiosité. Et comme il ne propose pas d’alternative, puisqu’il annonce qu’il ne s’alliera pas avec le PS, l’inanité et la vacuité de ses propos (on n’ose pas dire de ses propositions…) le feront bientôt apparaître, lui et les siens, pour ce qu’ils sont vraiment : un groupe intellectuellement sclérosé et comme pétrifé, incapable d’inventer quelque chose de neuf, ou de s’adapter aux changements de l’époque. Et qui en est réduit à répéter inlassablement les mêmes vieilleries. Comme un vieux disque rayé.
N’est-ce pas ainsi qu’ont fini par disparaître les mammouths, et pas mal d’autres espèces ?…..
Cincinnatus sur Une initiative papale qui, curieusement, arrive…
“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”