L’association Emmaüs s’est cru finaude de dénoncer, le mercredi 18, l’interpellation par la police de Helder Dos Santos, citoyen angolais clandestin, dans les locaux de la Caisse primaire d’assurance maladie de l’Yonne.
Et, comme si cela ne suffisait pas, de protester contre « la délation » dont il aurait été l’objet de la part de la Caisse….
Dans un courrier adressé au directeur de la CPAM d’Auxerre et publié dans le quotidien L’Yonne Républicaine, Hubert Trapet, président d’Emmaüs de l’Yonne, association qui hébergeait M. Dos Santos, affirme que « la police aurait été alertée par la CPAM ».
M. Dos Santos « malade et gravement handicapé, était venu en toute confiance pour un rendez-vous pris le 3 février dernier avec vos services pour examiner son dossier social » et se renseigner sur l’aide médicale d’Etat (1), écrit M. Trapet, désireux de faire larmoyer dans les chaumières, et qui nous prend pour les imbéciles que nous en sommes pas.
Le tartuffe, faux généreux et faux charitable, poursuit : « Au lieu de cela, vos services ont appelé la police qui est venue procéder à son interpellation sur place ».
L’interpellation de M. Dos Santos a été confirmée de source judiciaire. Et M. Trapet de « protester vivement contre une telle pratique de délation par la Caisse primaire…, organisme porteur d’un idéal de solidarité à l’origine de la fondation de l’assurance sociale dans notre pays »….
Ce qui est du grand n’importe quoi, du grand guignol, tout ce qu’on voudra mais qui n’est pas sérieux, mais alors pas sérieux du tout. Car la solidarité est une affaire importante, un contrat basé sur la confiance réciproque, qui implique des sacrifices financiers de la part de tous, et qui engage des gens que l’on ne doit pas tromper ni escroquer. La gratuité n’existant pas, il y a toujours quelqu’un qui paye, et pour ce quelqu’un c’est forcément un sacrifice financier. C’est donc du sérieux, la solidarité. Et cela repose sur un contrat moral. Or, qu’est-ce qu’un clandestin sinon quelqu’un qui enfreint la loi, un escroc ? Qui se fiche bien pas mal de tous les engagements moraux….
A toutes fins utiles, voici pour Hubert Trapet un extrait de notre Code Pénal, trop peu connu : Art L 622-1 : « Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 Euros ».
(1) : la fameuse AME, dont nous demandons la suppression pure et simple.
Ce que j’apprécie le plus, dans cette communication, c’est le titre. Non que je sois en désaccord avec le contenu de l’article, qui est le fruit du plus trivial bon sens. Mais le titre, qui cite Chesterton, lui, montre du doigt le fond des choses. Est-il chrétien de réserver pour les membres de sa communauté les bienfaits dont ses membres ont produit les moyens? Cette question, j’ose la poser. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la réponse n’est pas si évidente, et que les chrétiens ont (et ont toujours eu) des discours incertains sur ce sujet. La réponse que les maîtres du thomisme ont faite, c’est que la charité doit respecter le bon sens, qui est l’école du réel. Oui, mais où est le réel? Elle doit suivre le devoir d’état, qui est le soi du « prochain ». On doit préférer ses enfants à ses amis, ses amis aux voisins, les voisins aux concitoyens, les étrangers ne venant qu’après tous les autres. Certes. Cependant qui est le prochain? nous sommes sur une frontière mouvante, sur laquelle les idées chrétiennes doivent laisser toute sa place à la règle naturelle, qu’elles soient folles ou non.
deux éléments de réponse:
– St Paul: celui qui ne travaille pas ne mange pas (il travaillait pour ne pas etre à la charge des communautés)
-Thibon faisait le distinguo entre le prochain et le « lointain » en regrettant qu’on sintéresse plus au lointain, grace aux médias on en connait toutes les miséres, qu’au prochain qui est là tout proche et qu’il est si facile d’ignorer…
Dans tous les cas, il ne faut pas confondre solidarité et charité; deux concepts qui n’ont rien de commun, ni l’esprit, ni les effets, comme le dit le titre incriminé.
Les Catholiques sociaux qui sont à l’origine de la « solidarité » doivent se retourner dans leurs tombes en voyant ce que sont devenus leurs travaux… mais ils sont tombés dans le piége des ‘institutions »: quand une bonne intention se transforme en système, elle perd sa chair, son coeur et son intelligence…