Nous l’aurons donc vu, et écouté, pour la dernière fois pendant cette soirée où, avec Jean-François Mattéi, il avait animé une fort intéressante réflexion sur le thème la République brûle-t-elle?, à propos de la crise des banlieues.
On le savait atteint d’un cancer depuis plusieurs mois, et nous lui avions souhaité ici-même, comme il le désirait tant, de pouvoir reprendre ses activités, et terminer la rédaction d’un ouvrage en cours.
Bruno Etienne est décédé, à l’âge de 71 ans, à son domicile aixois.
Protestant, franc-maçon et défenseur de l’Islam. Qu’est-ce que vous lui trouvez à cet homme?
Justement, nous avons aimé parler avec lui parce qu’il nous faut sortir de nos cercles habituels, toucher de nouveaux publics, confronter nos arguments à ceux « des autres », et ne pas rester toujours entre nous. De plus, Etienne avait amorcé une réelle évolution et une intéressante réflexion. Il était venu en parler à Marseille avec Jean-François Mattéi…
Confronter nos arguments, c’est possible avec certaines personnes. Avec d’autres comme les franc-maçons, je ne vois guère que la prière ou la démonologie qui puisse être utile. Car enfin, tout ne s’explique pas par la « raison ».
Bruno Etienne ne partageait pas nos idées, c’est vrai, mais c’était un esprit libre. Ses analyses étaient originales et il y avait toujours quelque chose à apprendre dans ses propos. Il était d’ailleurs tout aussi critique que nous sur le conformisme officiel. Quant à l’Islam, il avait au moins le grand mérite de le connaître à fond. Il vaut mieux avoir des ennemis comme Bruno Etienne que certains « amis » prêts à trahir par lâcheté ou par ignorance.