Parce que c’est la là où tout à commencé. C’est là qu’Hugues Capet fut élu par ses pairs, pendant une période assez troublée. Et même s’il fut sacré à Noyon, Senlis restera toujours, pour Hugues, la résidence favorite….
Avant de raconter l’élection du duc des Francs, dont on verra qu’elle était loin d’être une formalité acquise d’avance, voici d’abord un très rapide aperçu de l’histoire de Senlis, ramenée à douze dates :
987 : Élection d’Hugues Capet, qui sera sacré à Noyon.
1153 : Début de la construction de la cathédrale Notre-Dame.
1173 : Le roi Louis VII accorde une charte communale à la ville.
1191 : Le 16 juin consécration de la cathédrale.
1214 : Le chancelier Guérin, évêque de Senlis, participe à la victoire de Bouvines.
1429 : Jeanne d’Arc s’arrête à Senlis.
1473 : Louis XI signe « la Paix de Senlis » avec le duc de Bourgogne.
1589 : La ville repousse le siège des ligueurs et soutien la cause d’Henri IV, qu’elle accueille en ses murs. La plaque sur la façade de l’Hôtel de ville rappelle cet épisode.
1914 : La ville abrite le quartier général du Maréchal Foch.
1987-1988: Ouverture du lycée Hugues Capet
1991 : 8e centenaire de la consécration de la cathédrale Notre-Dame
1997 : 5e centenaire de l’Hôtel de ville
Ci dessous, le blason de Senlis: De gueules, au pal d’or.
http://www.ville-senlis.fr/menu-in/main.html?menu=3&ssmenu=6&sssmenu=1
Et maintenant, évoquons l’élection d’Hugues Capet (d’après Le Larousse des Rois de France.) :
« COURONNEZ HUGUES, L’ILLUSTRE DUC… »
Monogramme d’Hugues Capet, sur un diplôme du 20 juin 989. Archives nationales, Paris
« Le trône ne s’acquiert point par droit héréditaire, et l’on doit mettre à la tête du royaume celui qui se distingue par la noblesse corporelle et par les qualités de l’esprit…. Décidez-vous plutôt pour le bonheur que pour le malheur de l’Etat. Si vous voulez son malheur, créez Charles souverain; si vous êtes attachés à sa prospérité, couronnez Hugues, l’illustre duc. Donnez-vous pour chef le duc, recommandable par ses actions, par sa noblesse et par ses troupes, le duc en qui vous trouverez un défenseur de l’Etat aussi bien que de vos intérêts privés ».
Cette harangue de l’archevêque de Reims, Adalbéron, emporte l’adhésion des grands du royaume qu’on appelle alors « Francie occidentale », et qui sera la France. Ils écartent le candidat carolingien, Charles de Basse-Lorraine et placent Hugues sur le trône.
Hugues était abbé laïc de Saint Martin de Tours. Le surnom de Capet vient peut-être de la cape (Capa) ou manteau de Saint Martin que celui-ci coupa en deux afin de vêtir un pauvre (1)
Le chroniqueur Richer, moine de Saint Rémi de Reims a raconté en détail le déroulement de l’élection d’Hugues Capet.
Il rapporte qu’une première assemblée des grands avait été convoquée à Compiègne en mai 987 pour examiner le cas de l’archevêque de Reims, Adalbéron, que le roi carolingien Louis V accusait. Mais le roi meurt accidentellement, Hugues prend la direction de l’assemblée et fait acquitter Adalbéron. Lequel, d’accusé, devient le personnage-clé de l’élection. Son discours va en décider.
Deux candidats sont en présence : Charles, duc de Basse-Lorraine, frère du défunt, et Hugues, duc des Francs. Celui-ci a l’appui de l’Eglise. Gerbert d’Aurillac, écolâtre à Reims (c’est-à-dire directeur des écoles) écrivait : « Le roi Lothaire (Louis V, ndlr) n’est le premier en France que par son titre. Hugues l’est, non par son titre, mais par ses faits et gestes. »
Agé de 45 ans à son élection, Hugues régnera dix ans. C’est un pauvre roi.
Bainville écrit des premiers Capétiens (ce qui vaut donc aussi, évidemment, pour Hugues): « Les premiers règnes furent sans éclat… ».
Le roi ne règne que sur quelques villes (Senlis, sa résidence favorite, Etampes, Melun, le port de Montreuil…); sur une dizaine d’évêchés (Orléans, Laon, Sens, Beauvais, Paris…); et quelques abbayes qui lui assurent un revenu économique mais aussi un appui spirituel (Saint Martin de Tours, Saint Benoît sur Loire, Saint Germain des Prés, Saint Maur des Fossés, Saint Riquier…).
Mais il aura l’habileté de faire sacrer son fils Robert, de son vivant, à Orléans, le 30 décembre 987. La dynastie est là pour mille ans…..
(1) : Ci dessus, tableau de la cathédrale de Tours, Martin partage son manteau avec un pauvre.
A l’époque de Martin, officier de l’armée romaine, l’équipement des officiers était payé moitié par l’Empereur (c’est-à-dire l’Etat) et moitié par l’officier. Martin ne pouvait donc, malgré son désir, donner tout son manteau au pauvre, puisque la moitié de ce manteau ne lui appartenait pas mais appartenait à l’Empereur.
Par contre, en donnant l’autre moitié du manteau, qui lui appartenait, il a bien donné tout ce qu’il avait en pleine possession. Il est pour cela considéré comme l’un des piliers de la charité. Martin est le patronyme le plus donné en France.
Noël Stassinet sur On attend une vigoureuse réaction du…
“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”