Aujourd’hui : les trésors de Chantilly, patiemment accumulés, avec un goût des plus sûrs par le duc d’Aumale.
Il s’agit, on l’a vu, de la deuxième collection d’art en France, par son importance et sa qualité, après le Louvre.
Le duc d’Aumale n’a pas cherché à constituer un musée traditionnel, un de plus. Il a simplement voulu rassembler une belle collection, groupant les oeuvres au hasard, en fonction de ses acquisitions, voire en réunissant dans une même pièce celles qu’il préférait. Les conservateurs ont respecté cette façon de faire, et c’est un charme supplémentaire de Chantilly.
Il est à noter, enfin, que, suivant les termes mêmes du legs fait à l’Institut, ce dernier a l’obligation « de n’apporter aucun changement dans l’architecture extérieure et intérieure du château » et qu’il a interdiction formelle de prêter quelque objet que ce soit. Les amateurs d’Art doivent donc venir à Chantilly, s’ils souhaitent voir les merveilles que le château renferme.
L’extra-ordinaire Cabinet des Livres se trouve dans le Petit Château. Les non moins extra-ordinaires collections dans le Grand Château.
Sur la photo ci dessous, le Château d’Enghien est le long rectangle, au fond à droite; le Petit Château est devant, en bas à droite, et se reflète dans la pièce d’eau; le Grand Château est derrière, à côté des deux bassins rectangulaires et du bassin circulaire.
I) : Le Cabinet des livres, dans le Petit Château.
Evidemment, tout le monde sait qu’il renferme Les Très Riches Heures du duc de Berry. Trop fragiles, elles ne sont pas exposées. Un fac-similé numérique reproduisant l’intégralité du livre est consultable sur un poste informatique. Ci dessous, le mois d’Avril.
Les Très riches heures du Duc de Berry est un livre d’heures, c’est à dire, dans la tradition médiévale, une collection de textes illustrés, calendriers, psaumes, messes, pour chaque heure liturgique de la journée.
Ce chef d’oeuvre de l’art Gothique a été réalisé par les trois frères Limbourg, d’origine flamande, pour le Duc de Berry au début du XVème siècle (vers 1410). Inachevée à la mort des 3 frères en 1416, l’enluminure du manuscrit a été complétée dans la 2ème moitié du XVe siècle par Barthélemy d’Eyck et Jean Colombe.
Mais on ne saurait ignorer également le Psautier de la reine Ingeburge de Danemark (ci dessous, Vie du Christ, le Lavement des pieds).
Ou le Quatuor Evangelia (ci dessous).
La collection du Cabinet des livres comprend 1 600 manuscrits, du Xe au XIXe siècle, dont environ 300 manuscrits à peintures, et environ 12 500 livres imprimés, du XVe au XIXe siècle !…..
Mais aussi une impressionnante collection de Dessins : outre les portraits historiques et les scènes d’histoire de France, le duc d’Aumale achète les chefs-d’oeuvre des grands maîtres qu’il trouve sur le marché de l’art dont des dessins de Watteau, de Greuze, de Prud’hon ou de Decamps. De 1881 à 1883, il achète des feuilles de Botticelli, Canaletto, Tiepolo, Van Loo, Ingres, Géricault… En 1889, il acquiert un ensemble très important de crayons français par les Clouet.
II) : Les collections, dans le Grand Château.
Même en s’en tenant aux chefs d’oeuvres les plus fameux, on ne peut tout mentionner. Citons, dans la salle de la Tribune, L’Automne de Botticelli, Le Plaisir pastoral de Watteau, le portrait de Molière par Mignard (ci dessous) et les trois Ingres (Autoportrait, Mme Devaucay et Vénus Anadyomène -qui sort de l’eau-).
Dans le Cabinet des Gemmes, le diamant rose, dit le Grand Condé.
Dans le Cabinet des Clouet, une très précieuse collection de petits formats des Clouet : François Premier (ci dessous), Marguerite de Navarre caressant un petit chien, Henri II enfant, le Connétable Anne de Montmorency….
Dans la Salle Caroline, des portraits de Greuze et Largillière, de Van Loo et le Donneur de sérénade de Watteau.
Et, au hasard d’autres salles : des primitifs italiens du XV° siècle (Giotto); des Géricault et Delacroix; un Piero di Cosimo (portrait de la belle Simonetta Vespucci, qui servit de modèle à Botticelli pour sa Naissance de Vénus); la statue de Chapu, Jeanne d’Arc aux voix; les Pestiférés de Jaffa, de Gros; le Massacre des Innocents, de Poussin; les portraits de Mazarin et de Richelieu par Philippe de Champaigne; le Gabrielle d’Estrées au bain (école française du XVI°)…..
Enfin, dans une petite salle, le Santuario, on admire les perles des perles. Les Trois Grâces et La Vierge de Lorette (ci dessous), de Raphaël.
Le grand château est une création récente du Duc d’Aumale. Le précédent grand château fut détruit à la Révolution.