Le Prince Jean s’est rendu plusieurs fois en Provence : illustrant l’image que nous avons souvent prise d’un arbre qui monte d’autant plus haut dans le ciel qu’il pousse plus profondément ses racines dans le sol, il s’est montré attentif, curieux et intéressé par tout ce qui s’y passe, et dans tous les domaines, rencontrant aussi bien la Nation Gardianne et ses traditions vivantes que les scientifiques de Cadarache préparant l’énergie du futur : les deux bouts de la chaîne pourrait-on dire….
Le vendredi 21 juillet 2006 , il a visité le Centre du Commissariat à l’énergie atomique de Cadarache (1).
http://www-fusion-magnetique.cea.fr/
Cette visite fut l’occasion, pour le Prince, de comprendre une clé majeure du succès en matière de recherche scientifique : ce qui importe, c’est d’être en mesure de se dégager des contingences du moment, des modes et des besoins passagers, pour se donner les moyens de concevoir et mettre en œuvre un projet cohérent, lucidement pensé, réalisé avec rigueur et méthode. Ce projet doit alors être poursuivi avec une volonté sans faille, et la continuité dans l’effort doit être assurée jusqu’au bout.
Comment celui dont la Famille symbolise et représente ce temps long, dont nous ne disposons plus depuis que nous sommes en République, pourrait-il rester insensible à un tel argument ? La personne qui a expliqué ceci au Prince a bien fait de tenir ce discours. Mais on peut, bien évidemment, rebondir sur ces paroles et étendre le propos : c’est la France elle-même, tout simplement, qui a pu être construite patiemment, et sur un millénaire, à partir d’un tel schéma...
Mais revenons à Cadarache…..
Le Prince fut reçu par M. Bernard Bigot, haut commissaire à l’énergie atomique, et M. Serge Durand, directeur du CEA.
La visite commença par le site du futur réacteur ITER (International Thermonuclear Experimental Réaction), qui procède d’un traité international de longue durée : outre les pays de l’Union européenne, les partenaires sont le Japon, la Russie, les États-Unis, l’Inde, la Chine et la Corée du Sud. Le traité, qui définit les apports et les charges de chacun, vise à l’installation d’un « tokamak » – abréviation russe pour chambre magnétique torique –, c’est-à-dire un réacteur nucléaire de 4e génération (schéma ci dessous).
Qu’est-ce qu’un Tokamak ? : http://www.itercad.org/projet_3.php
Cette machine de 35 000 tonnes, conçue pour résister aux aléas sismiques, sera à fusion nucléaire : elle reproduira, en quelque sorte, l’énergie du soleil.
Dans un contexte de concurrence difficile, avec le Japon notamment, la France a été choisie pour son expérience et son exemplarité dans la gestion de la technologie nucléaire. La mise en marche de ce prototype est prévue en 2020. Ce nouveau réacteur présente des caractéristiques remarquables, d’abord en ce qui concerne la sécurité : à la moindre perturbation des conditions de fusion, le dégagement d’énergie s’arrête immédiatement, bloquant toute possibilité d’emballement du réacteur.
Les combustibles utilisés sont deux isotopes de l’hydrogène, le deutérium, extrait de l’eau de mer, et le tritium, plus fréquent dans la nature que l’uranium actuellement utilisé. Il n’en est besoin qu’en très faibles quantités. Ces deux éléments, portés à très haute température forment le « plasma » de fusion – comme, à l’intérieur du soleil, le plasma d’hydrogène se trouve en fusion à 15 millions de degrés. Dans le soleil, le plasma est confiné par la gravitation : ici, il le sera à l’intérieur d’un champ magnétique, comme c’est déjà le cas dans le réacteur de 3e génération Tore Supra, mis au point par le CEA, et que le prince Jean visita à cette occasion (http://www-fusion-magnetique.cea.fr/cea/ts/ts.htm).
Les réacteurs pressurisés européens (EPR), dérivés de cette technologie, sont en cours de construction. Le premier, pour EDF, se construit à Flamanville.
Le produit des réactions de fusion est l’hélium, gaz chimiquement inerte et non radioactif, au lieu des gaz actuellement issus des réactions de fission qui contribuent à aggraver l’effet de serre. Les avantages de la fusion nucléaire sont donc considérables : pas de radioactivité intempestive, très peu de matière première, une énergie indéfiniment renouvelable, aucun effet de serre,… Les utilisations seront, entre autres, la production d’électricité, d’hydrogène, le dessalage de l’eau de mer, la propulsion (navale, notamment), etc. De quoi répondre aux besoins énergétiques mondiaux, alors que les ressources minérales et fossiles se font plus rares.
Il est donc essentiel que le défi soit relevé, même s’il faudra du temps pour en arriver aux applications commerciales. Ce sera le « nucléaire durable », une des énergies de l’avenir à côté de l’hydrogène, des biocarburants, du solaire, de la biomasse (bois et résidus agricoles), l’éolien se révélant en revanche trop aléatoire.
Le Haut-Commissaire à l’énergie atomique présente le projet ITER au duc de Vendôme.
Dans les félicitations et les encouragements qu’il a adressés au haut commissaire à l’énergie atomique et à ses équipes, le prince Jean a souligné que le projet français a réussi à s’imposer grâce à sa cohérence, à sa pertinence et surtout grâce à une remarquable succession de directeurs et d’ingénieurs qui lui a permis de s’inscrire dans la durée, au-delà des aléas politiques. Il a du même coup souligné le besoin vital pour la France d’une politique de recherche scientifique puissante, continue et volontaire, qui sans se laisser brider par les contingences des modes et des besoins immédiats, n’hésite pas à regarder loin, avec lucidité et détermination.
L’exemple de Cadarache prouve à quel point notre pays en a les moyens.
(1) : Pour cette note, comme pour les prochaines relatives aux déplacements et aux discours, allocutions, prises de parole du Prince, nous emprunterons un certain nombre d’informations au site Gens de France ( http://www.gensdefrance.com/gdefrance1/ ) et nous les agrémenterons de liens, de photos et de quelques commentaires…..
Henri sur Journal de l’année 14 de Jacques…
“D’abord nous remercions chaleureusement le Prince Jean de ses vœux pour notre pays et de répondre…”