Luc Ferry mérite un grand coup de chapeau pour les deux réflexions bien senties, et bien envoyées, qu’il a faites à Thierry Ardisson, le samedi 4 avril, alors qu’il participait à l’émission Salut les Terriens, sur Canal.
On se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, Alain Finkielkraut avait déjà épinglé le même Ardisson, et la même émission, en attribuant à l’une et à l’autre une sorte de palme du mauvais goût et de l’insanité. Dans le milieu d’Ardisson, on le sait, chez ces gens-là – corrompus jusqu’à l’os – il faut absolument rire de tout; mais rire bassement, en tournant en dérision et en salissant. Ce jour-là, on s’amusait, donc, chez ces gens-là. Et à quoi jouait-on ? A trouver le mort le plus ininteréssant de l’année ! Très élégant, très raffiné, n’est-ce pas ? Et ce mort ininteréssant, ce fut ce soir-là… Monseigneur Lustiger ! Ce qui valut le coup de gueule de Finki, dont nous avons rendu compte, pour l’approuver, à fond.
Mais revenons à Luc Ferry, et à la soirée du 4. Ambiance moins minable, mais on cherche évidememnt à taper sur le Pape, à casser Benoît XVI (on est chez ces gens-là…), bref, comme l’a très justement dit Monseigneur Vingt-Trois, à « se payer le Pape ».
Luc Ferry ne s’est pas prêté au jeu. Il n’est pas tombé dans le panneau. Il n’a pas hurlé avec les loups, bien au contraire. Et le pauvre Ardisson en a été pour ses frais….
Premier bide ardissonien: Luc Ferry explique pourquoi les premiers chrétiens ont impressionné leurs persécuteurs : « Les chrétiens frappent par quelque chose qui va sidérer les Romains, ceux qui les ont martyrisés. C’était le fait que ces gens sont prêts à mourir pour leur foi ». On ne sait s’il fait exprès de ne pas comprendre, ou s’il n’a pas compris; bref, on ne sait pas s’il est plus bête que méchant, ou l’inverse, mais, tout guilleret, croyant avoir trouvé peut-être la réplique du siècle, Ardisson déclare, péremptoire comme toujours: « C’est comme les kamikazes de Ben Laden aujourd’hui ». Il aurait mieux fait de se taire : la réponse ne tarde pas, cinglante, et Ferry lui cloue le bec : « La grande différence, c’est que ces chrétiens, ils ne vont pas mourir pour tuer un maximum de gens, mais au contraire pour sauver les autres.»
Deuxième bide ardissonien : évidemment, on parle du préservatif. « La capote, vous dis-je », comme l’écrit Hilaire de Crémiers dans son excellent article sur le voyage de Benoît XVI en Afrique… Et là, rebelote. Non seulement Ferry ne tombe toujours pas dans le panneau et ne hurle toujours pas avec les loups, mais, à propos de Stéphane Guillon, qui a mis un préservatif sur un buste de Benoît XVI, il lâche, avec ce calme dont – à notre connaissance – il ne s’est jamais départi, et qui est d’ailleurs un de ses charmes :
« Il faut quand même rappeler que s’il faisait ça sur Mahomet, il serait menacé de mort (voir ce qui se passe avec Redeker, ndlr). La religion catholique est la seule religion que l’on peut tourner en dérision sans rien risquer du tout. Ça me gêne qu’on profite de la relative faiblesse de l’Eglise pour la dégommer alors que si c’était les juifs ou les musulmans, on n’en ferait pas le millième. Il est juste de dire qu’il y a deux poids et deux mesures. »
Evidemment, Ferry tape en plein dans le mille. Encore est-il bien gentil de ne pas traiter Ardisson avec la même ironie blessante qu’emploie l’animateur. Mais il a raison de ne pas se rabaisser à son niveau, vulgaire et bas, et de rester sur les hauteurs du bon sens, de l’esprit droit et juste. Et, ce jour-là, il faut le dire, de l’élégance, de la classe…
Là, ils sont battus, Ardisson et les siens, promoteurs conscients ou non du processus de dé-civilisation que dénonce Finkielkraut….
Toujours très pertinents vos commentaires et la honte que je ressens de savoir qu’Ardisson revendique son appartenance au royalisme n’arrive pas à se tasser au cours des années. L’un des « rois de la provoc » en tous genres qui se fait moucher un peu aurait dû me mettre un peu de baume dans le coeur si j’avais regardé l’émission.
Par ailleurs sur L.C.I. les échanges Ferry-Julliard sont un régal de discussion entre deux intelligences et méritent plus d’audience.. mais flatter le mauvais goût la vulgarité et la bêtise populaire »rapporte » d’avantage.