Le projet Hadopi (1) traîne en longueur et tourne au mauvais feuilleton. Mais, au milieu des interminables enlisements qu’il connaît, on aura eu droit malgré tout à quelques moments réjouisssants, qui ont quelque peu dissipé l’ennui mortel qui s’attache à ce projet de loi.
On a ainsi, par exemple, joué l’arroseur arrosé, le 19 mars, à l’Assemblée Nationale, lorsque Christine Albanel a « choqué » le PS (mon Dieu !) et qu’un député -toujours du PS- s’est même déclaré « bouleversé » : le pauvre homme, comme dirait Molière…..
Mais ce parti ne fournit-il pas de gros bataillons au parti immigrationniste et sans-papiériste, dont il est sans conteste l’un des piliers ? N’est-il pas quasiment toujours aux côtés des bobos/gauchos/trotskos de RESF et de toutes ces Associations qui se sont fait une spécialité de mentir sur les mots et par les mots ? Par exemple, en parlant sans vergogne de rafles, lorsque la police fait son travail en arrêtant des clandestins; ou en comparent les dits clandestins et les hors la loi aux Justes, ce qui est absolument répugnant ?
Or, voilà que les manipulateurs des mots ont été pris à leur propre piège, et qu’ils se sont presque étranglés d’indignation lorsque d’autres -en l’occurence Christine Albanel- se sont mis à parler comme eux et leur faire, à eux, le coup qu’ils font quotidiennement, toujours et partout !
Petit rappel des faits. Tard, le jeudi 19 mars, à l’Assemblée, un incident a opposé l’opposition à la ministre de la Culture. Christine Albanel a dénoncé « la caricature affreuse » faite, selon elle, en comparant l’Hadopi à une « antenne de la Gestapo ». Il semblerait qu’il n’y ait pas de quoi fouetter un chat, eh bien pas du tout ! Le député PS Patrick Bloche s’est dit « bouleversé » par ces propos. On devrait peut-être songer à interdire le Palais Bourbon en particulier, et le métier de député en général, à des âmes si sensibles, et à des personnalités si fragiles et si impressionnables !…
Un autre député -toujours PS, décidément…- Christian Paul, est allé lui jusqu’à parler « d’atroces dérapages » (ouf !), indignes « des successeurs de Malraux » ! Que vient faire le pauvre Malraux là-dedans, on n’en sait trop rien, mais bon, le fait est là. Les mêmes qui se permettent toutes les outrances verbales, toutes les déformations scandaleuses de la réalité, tous les mensonges les plus éhontés que leur permet la tricherie permanente avec les mots, ne supportent pas un instant, mais alors pas du tout, du tout, qu’on leur retourne en quelque sorte la politesse. Eux ont le droit (qui leur vient d’où ?) de parler de rafles et de Justes alors que là, pour le coup, il s’agit bien d’un « atroce dérapage », mais nul n’a le droit de remettre en cause leur terrorisme intellectuel, qui n’est en fin de compte qu’une des formes du terrorisme tout court.
Et « ça »,
c’est pas un atroce dérapage ?….
Dans le cadre de la mobilisation contre l’expulsion du jeune Kurde Sedat, projection d’un film, réalisé par « 360 ° et même plus, sur les actions de résistances et de désobéissance non violente pour empêcher la déportation de sans papiers. Débat animé par une délégation de RESF Marseille »
En comparant à la Gestapo cette forme de terreur qu’ils essayent d’imposer par tous les moyens, Christine Albanel n’a peut-être pas fait dans la dentelle. Mais elle a au moins eu le mérite d’attirer l’attention sur cette forme de malhonnêteté intellectuelle et d’escroquerie morale. Et, là, elle a bien fait, car on ne dénoncera jamais assez, à temps et à contre temps, cette supercherie allègrement pratiquée, et d’une façon habituelle, par ceux-là même qui, dès qu’on fait pareil, hurlent au scandale…
(1) : Le projet de « loi internet » vise à créer une nouvelle autorité administrative indépendante de 9 membres, la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), qui se substituera à l’actuelle Autorité de régulation des mesures techniques (Armt). L’Hadopi sera responsable des réponses graduées, allant de l’avertissement jusqu’à la suspension de ligne internet, pour lutter contre le piratage.
Elaboré avec, en apparence, de louables intentions, le projet de surveillance et de règlementation d’accès à internet, dit projet « Hadopi », dont il est question dans votre article, nous rapproche un peu plus du Panoptique imaginé par Jeremy Bentham.
Dans les moyens de justification couramment employés aujourd’hui pour justifier l’utilisation de ces techniques,
les prétextes sont toujours excellents : lutter contre la délinquance, veiller sur notre santé, protéger la jeunesse, protéger l’industrie du disque etc.
L’expérience montre cependant que les mesures adoptées au départ à l’encontre d’un petit nombre sont ensuite toujours étendues à l’ensemble des citoyens. Une fois le principe admis, il n’y a plus qu’à le généraliser.
Cette surveillance vient s’ajouter au » politiquement correct « , qui cherche à normer l’opinion par l’emploi de mots imposés à tous, à la » pensée unique « , qui tend à remplacer le débat par le sermon, à l’hygiénisme envahissant, qui vise à réglementer les usages au nom du Bien, à la réglementation des préférences, qui va directement à l’encontre de la liberté d’expression.
On essaie depuis quelques années, de nous convaincre d’accepter comme étant la norme, des pratiques de contrôle qui avaient toujours été considérées comme exceptionnelles. Jusqu’a quand ?