Il y a de quoi être atterré de l’accueil fait dans notre pays aux discours du Saint-Père.
La bêtise et la malfaisance –la volonté de nuire, dit-il- sont à la base même de la société et de la mentalité installées en Europe, en général, et plus particulièrement ici, chez nous, en France.
C’est ce qu’explique Hilaire de Crémiers dans le brillant article qu’il a consacré dans le n° 73 de Politique Magazine à « l’énorme opération contre Benoît XVI ». En le publiant in extenso, vu sa qualité et son intérêt, nous clôturons en quelque sorte la série de notes que nous avons consacrées à « l’énorme opération contre Benoît XVI ». Vous pourrez très bientôt retrouver l’ensemble de ces notes, qui forment un tout cohérent, regroupées sous forme d’un Pdf dont nous avons emprunté le titre -si l’on peut dire…- à Pierre Boutang. En nous souvenant de ses propos et réflexions sur le monde moderne, nous avons en effet choisi de donner comme titre à ce Pdf « Benoît XVI, pape moderne, et affronté au monde moderne ».
Les admirateurs de Boutang apprécieront sans doute…..
Benoît XVI face aux médias. Le Pape, l’Afrique, la France.
Il y a de quoi être atterré de l’accueil fait dans notre pays aux discours du Saint-Père.
Benoît XVI a achevé son voyage en Afrique qui l’a mené au Cameroun et en Angola. Ce fut un immense succès : des millions de participants. Même si en Angola, ce pays meurtri par une longue et implacable guerre civile, l’organisation fut assez défectueuse pour qu’une bousculade causât la mort de deux fillettes.
La presse, la radio et la télévision française ont fort peu et fort mal rendu compte de ce qu’a fait et de ce qu’a dit le souverain pontife. Elles n’étaient préoccupées –n’es-ce pas devenu une habitude ?- que de dénigrer le pape, d’en donner une image fausse, d’en détourner les propos.
Le Pape et l’Afrique.
Le Saint-Père, en vrai père qu’il est, avec cette bonté et cette force d’âme qui le caractérisent, parlait à l’home africain. Discours tout en hauteur et en profondeur, infiniment respectueux. Il lui disait, à cet homme africain, sa dignité ; il lui tenait un langage de vérité sur lui-même ; il l’entretenait aussi des grandeurs et des exigences de la vie humaine ; sociale, morale, ecclésiale, politique ; il ne taisait rien des maux de l’Afrique dûs à ses mauvaises habitudes et il dénonçait calmement, fermement, les méfaits ravageurs qu’y ajoutent certaines conceptions et certaines façons de faire que les pays dits développés, profitant de leurs avantages, inculquent aux trop jeunes et trop instables états africains, à la fois abandonnés et exploités : procédés intéressés, exemples pervers, pratiques détestables et, pire encore, doctrines morales d’un hédonisme et d’un individualisme destructeurs, théories politiques inadaptées et effroyablement corruptrices, enfin religion subjectiviste frelatée qui, loin de servir ces pays, jointe à la sorcellerie atavique, y multiplie les sectes et favorise des comportements d’illuminés. D’où, précisait le Pape, le besoin d’une liturgie véritable ! Tout était dit, y compris sur la démocratie qui peut n’être que de façade et justifier le spires guerres inter-ethniques, la plaie de l’Afrique.
Le pape a parlé aux gouvernants avec autorité, aux évêques avec fermeté, les incitant à la perfection dans l’exercice de leur charge, leur remettant solennellement à Yaoundé, le 19 mars, en la fête de Saint-Joseph, l’Instrumentum laboris pour la deuxième assemblée spéciale relative à l’Afrique, du synode des évêques, qui se tiendra au Vatican du 4 au 29 octobre prochain, sur le thème on ne peut plus explicite : L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix.
Tels sont les hauts soucis du pape qui aime l’Afrique et qui s’est adressé également non seulement aux foules africaines mais aussi aux jeunes, aux malades, particulièrement ceux du sida, à tous les religieux et religieuses, à tous ceux qui se dévouent à l’éducation, aux soins, aux familles, à l’avenir des populations. Car, pour la foi du Pape, l’Afrique est le continent de l’espérance, à l’inverse de tout ce qui se dit et même de ce qui se voit. La charité commande cette vision.
Aucun chef d’Etat dans le monde, hors le Saint-Père, ne peut tenir et n’a tenu effectivement un tel langage à l’Afrique. Ni aucun chef charismatique. L’homme africain l’entend pour tel. Il comprend parfaitement. Il sait pertinemment que de cette bouche sort enfin pour lui une parole de vérité dans un monde de mensonge. Et pas seulement les 159 millions de catholiques que compte le continent noir et dont les communautés n’iront d’ailleurs qu’en se développant ! L’admirable leçon fut exprimée avec une telle sincérité, une si réelle humilité, une si parfaite simplicité qu’en Afrique tout le monde a écouté et admiré, les autorités politiques et religieuses, comme les foules enthousiastes. Oui, y compris là-bas les pervers et les maudits ! Car il est des endroits au monde, fût-ce les pires, fût-ce des lieux de génocides, où quand le vrai brille, il est tenu pour vrai.
La France et le Pape.
Et en France ? En France, pendant tout ce voyage, loin qu’on en dise le sens et la portée, il n’était question que de «la capote ». Au prétexte que le pape avait dit un mot sur le préservatif ! Sur papier, sur onde, sur écran, les journalistes français – ne nous trompons pas, français de France, bourgeois de chez nous, la plupart vraisemblablement baptisés – et surtout comme toujours les journalistes des organes d’État, payés par l’État ou d’organes subventionnés par l’État ou, pour parler comme Besancenot, par le grand capital, ne tournaient leur propos qu’autour de « la capote ». Motif répétitif du préservatif et qui revenait constamment en boucle, c’était un sempiternel : « la capote, vous dis-je » ! Exclamation de pantins tous aussi ridicules que le faux médecin de Molière : « la capote, vous redis-je » ! Oui, la capote, origine du bien, loi du monde, dont la transgression est l’origine du mal !
Et, devant un tel déchaînement médiatique, interdiction absolue de rire de pareille bouffonnerie ! La capote, c’est sérieux, c’est plus que sacré, c’est la seule religion qui vaille. La France républicaine parlait par les voix multiples de ses apôtres et de ses militants, soulevés par le souffle de l’indignation prophétique. La capote ! La capote ! Voilà son credo, son catéchisme théorique et pratique, qui doit être indéfiniment répété à tous les âges, dans toutes les conditions, de la crèche au mouroir. Naître avec la capote, vivre avec la capote, mourir avec la capote. La capote : tout est là, rien que là ! Éducation, l’initiation, le salut, la béatitude ! Toute la physique, toute la métaphysique s’insèrent dans la capote, instrument merveilleux où le processus vital s’annihile dans la mécanique caoutchouteuse. Toute l’éthique se résume dans cet impératif catégorique de la capote, citoyenne, responsable, démocratique, républicaine, à la fois protectionniste et altruiste, préservative et libérale.
La capote ! Le cri était repris en chœur par des ministres dans l’exercice de leur fonction. Les Affaires étrangères – il faut le faire ! – y voient une politique d’État, la capote étant à l’évidence l’atout majeur de la géopolitique française, depuis Vergennes à n’en pas douter ! Le ministère de la Famille qui est, comme on sait, en instance de devenir, de façon beaucoup plus réaliste, le ministère de l’homoparentalité, ce qui est un enrichissement moral et humain qui laisse l’Afrique chrétienne très loin derrière la France républicaine, pense nuit et jour, et jour et nuit, à la capote, l’unique objet de toute la politique familiale, heureusement promue par une catho de service qui joue la femme avertie.
Et les ministères de la Ville, des Banlieues, de la Santé, tous ou presque tous firent connaître publiquement leur attachement leur dévotion, leur consécration à la capote, origine et fin de toutes choses et simultanément leur exécration du Pape et de sa religion insensée et rétrograde. Pendant plus d’une semaine, ce fut toute l’actualité, l’unique et exclusive ligne politique où se retrouvaient, au-delà de leurs désaccords, dans une unanimité enfin retrouvée au service de la grande cause, de la lutte ultime, les chroniqueurs de tous acabits et les politiciens de renom passés, présents et à venir. La crise mondiale, la récession, le chômage, la misère, le terrible quotidien, pfuitt…
Cela avait disparu. La capote imposait sa présence à tous, son impérieuse nécessité, sa glorieuse majesté indignement et vainement outragée. Alors ne restait plus qu’une conclusion à en tirer, impeccablement prévue et énoncée : le Pape est fou, le Pape est à abattre, à renverser, à démissionner. C’était la France qui s’exprimait; mieux les catholiques français par d’édifiants sondages opportunément et fort habilement affichés. Pas de manœuvre dans tout cela, une belle et claire spontanéité ! Des savants y ajoutaient leurs notes sévères. Il a fallu que quelques clercs, quelques évêques y aillent aussi de leur déclinaison : «J’ai des capotes, tu as des capotes … nous avons tous des capotes… ils ont, ils doivent avoir tous des capotes ! » Au nom de la religion de l’Amour !
On en a profité pour poser le logo du sidaction sur les émissions religieuses : In hoc signo vinces ! Fruit incontestable de conversion de cette énergique pastorale et qui relève d’un évident miracle, il s’est entendu par des journalistes attitrés sur des chaînes d’État – de l’État laïc – des cours, mieux des homélies sur Jésus. Et ce jésus d’amour faisait la leçon au Pape qui ne connaissait rien à l’Évangile, qui n’y avait rien compris. Le journaliste français, le chroniqueur patenté de notre presse nationale, eux, avaient tout vu, tout saisi, tout compris de l’œuvre de miséricorde évangélique et la conclusion de leurs méditations, de leurs exhortations, de leurs oraisons, eh bien, c’était la capote. Voilà.
Rien de ce qui vient d’être dit n’est exagéré. Ce ne fut qu’une sinistre farce. Il convient de la retracer telle qu’elle fut donnée et, à vrai dire, menée. Dans un dessein précis et littéralement monstrueux. C’est dire assez par qui est tenue l’information en France et par qui les campagnes d’opinions. C’est dire aussi où se situent leurs préoccupations. Voilà leur niveau. Ils livrent la mesure de leur humanisme. Le reste doit se juger à cette aune de vulgarité : leurs prétendus projets politiques qui n’ont rien de politique, et leurs ambitions démesurées qui n’ont pourtant pour mesure que cette dérisoire philosophie ! Il n’y a plus à s’étonner de la fausseté et de la stérilité de tous leurs principes d’action qui ne recouvrent qu’un égoïsme, un égotisme, un orgueil forcenés. Derrière leurs assurances de façade, se cache un épais mépris de tout ce qui est humain ; derrière leurs grandes leçons jetées à la face du monde et, en l’occurrence, de l’Afrique, se dissimule, à la vérité assez mal, une désinvolture, un manque de respect à l’égard du reste du monde, en particulier du monde africain, de l’homme africain. « Vous nous prenez pour des animaux », ont rétorqué, justement indignés, les évêques africains. C’est exactement cela. Du bétail à traiter !
La vérité des choses.
Le continent noir, heureusement et en fin de compte, préférera les paroles vraies de compte, préférera les paroles vraies la charité douce et efficace du Père commun en vêtement immaculé, à toutes les simagrées d’un homme blanc en perdition qui se croit dans sa suffisance le régulateur du monde. Cette leçon vaut pour les décennies à venir. Il est dommage que la France qui a toujours un rôle à jouer en Afrique, se soit encore mal comportée. Elle n’aura été cause que de déceptions ; elle en paiera le prix.
Orgueil et mensonge vont de pair. À aucun moment dans ce tapage officiel les propos du Pape n’ont été retranscrits avec exactitude. Il est temps de le faire ici. Car c’est la seule réponse à opposer à cette manœuvre inqualifiable. Il ne s’agissait en fait que d’une réponse parmi d’autres à une question d’un journaliste, comme par hasard français, faite, même pas en Afrique, mais dans l’avion qui emportait le Pape au Cameroun, et cette question portait « sur la lutte contre le sida, la position de l’Église catholique étant considérée comme n’étant pas réaliste et efficace »
Voici donc la réponse, simple, nette, claire, positive : « je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l’Église catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de San’ Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le SIDA, aux Camilliens, à toutes les soeurs qui sont à la disposition des malades. je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du SIDA uniquement avec des slogans publicitaires. Si on ne met pas y l’âme, si on aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement: le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent.. »
Ce sont là paroles de Pape. Elles sont faites pour élever l’âme. Tout est juste et justement dit, y compris sur le risque de voir s’étendre le fléau par la fausse assurance de pouvoir « copuler » n’importe où, n’importe comment et dans n’importe quelle condition. C’est ça ce qu’à dit le Pape et pas autre chose, mais avec la pudeur, la dignité, le respect qui sied en ces matières et à son état.
La volonté de nuire.
Au-delà de tant de fausses querelles, se discerne aisément une volonté de nuire. Benoît XVI l’a clairement écrit aux évêques de l’Église catholique quand il a dû, devant des flots boueux de mauvaise foi, expliquer son geste à l’égard des évêques de la Fraternité Saint Pie X. « Parfois, on a l’impression, écrit-il, que notre société a besoin d’un groupe au moins, auquel ne réserver aucune tolérance; contre lequel pouvoir tranquillement se lancer avec haine. Et si quelqu’un ose s’en rapprocher – dans le cas présent le Pape -, il perd lui aussi le droit à la tolérance et peut lui aussi être traité avec haine sans crainte ni réserve ».
Aujourd’hui, tout est fait dans nos médias pour transformer le souverain pontife en bouc émissaire de tous les maux. Cette attitude évite d’avoir à se remettre en cause soi-même. Il est si facile de hurler à la face du monde, d’un monde que soi-même l’on dirige. Le fabuliste l’a dit : tout le mal est là, ce pelé, ce galeux ! Alors, ces messieurs les Juges, trônant sur leurs cathèdres, déchirent avec une superbe véhémence les franges de leur vêtement : « Il a blasphémé! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Là, vous venez d’entendre le blasphème ! Qu’en pensez-vous ? Ils répondirent : Il mérite la mort ».
Le scénario est connu. Benoît XVI est le vrai vicaire de Jésus-Christ. Toutefois, ceux qui prétendent diriger la société, feraient bien de se méfier. La victoire finale ne leur appartient pas. À force de se prêter au mensonge, c’est leur propre autorité qui en pâtira. On ne porte pas atteinte ou on ne laisse pas porter atteinte impunément à la plus haute autorité religieuse et morale en ce bas monde, sans que l’autorité publique n’en supporte les conséquences. Ce sont toutes les autorités qui seront sapées. Ces gens y ont-ils jamais réfléchi dans leur superbe : pourquoi un homme obéirait-il à un autre homme ? Le pouvoir est un mystère qui leur échappe. Il s’en croient maîtres. Par un juste retour des choses, ils peuvent en devenir victimes.
Bonjour,
Je découvre votre article. J’aurais mille choses à dire mais la plus importante est que l’on ne doit pas s’étonner de ce qui arrive car ne sommes nous pas à un moment très spécial dans l’histoire de l’humanité ?
Le Pape Benoît XVI, la gloire de l’Olivier, n’a t-il pas conscience d’accomplir son devoir, devrais-je dire martyre, en ces temps d’apostasie et de révélation finale toute proche… ??
Vous avez raison de parler de « mensonges » dans votre note. La révélation va sans doute bientôt surgir et les mensonges vont partir en fumée comme lorsque l’on introduit le feu dans une meule de paille.
Je crains le pire pour son voyage au moyen-orient. Il arrive à très mauvais moment ou à un très bon moment, selon le point de vue et le camp dans lequel on se trouve.
Préparons-nous.
Amicalement et bravo pour votre article.
Jean
Lors du prochain voyage de pape au moyen orient, les relations entre le Vatican et Israel seront sans doute évoquées.
L’évolution de l’attitude de l’Eglise envers les juifs, après près de vingt siècles d’antijudaïsme chrétien, annonçait un thème important, mais qui n’a pris toute son ampleur qu’à la fin des années quatre-vingt-dix, celui de la « repentance ».
En affirmant sa volonté de » repentance « , l’Eglise a fait apparemment son autocritique. Elle a manifesté le souci de regarder en face les pages noires de son histoire et affirmé avec force sa volonté d’en finir avec les manifestations d’intolérance dont elle a pu être responsable dans le passé. Cette attitude a culminé au moment du Jubilé de l’an 2000, où l’on a vu le pape demander plus ou moins formellement pardon pour toutes les fautes commises au cours de l’histoire par des chrétiens : les croisades, l’Inquisition, les massacres qui ont accompagné la découverte et la conquête de
l’Amérique latine, l’esclavage, l’appui donné à certaines dictatures, etc. Les juifs, les protestants, les hérétiques étaient les premiers destinataires de ce message, dont les médias ont parfois exagéré l’ampleur.
Toute la question est de savoir si l’autocritique ne renforce pas plus qu’elle n’affaiblit. Une Eglise « repentie », ayant rompu avec sa superbe triomphaliste, apparaît moins vulnérable à la critique. Lui reproche-t-on ses erreurs d’autrefois qu’elle peut désormais répondre, non seulement que celles-ci appartiennent au passé, mais qu’elle est la première à les dénoncer.
L’Eglise, enfin, peut également faire remarquer que les autres religions ne se sont jamais empressées, elles, de reconnaître leurs propres torts.
Curieusement, ou peut-être significativement, l’Eglise n’a en revanche aucun désir ou sentiment de « repentance » envers les païens, qu’elle a pourtant persécutés pendant des siècles.
Cette manie de la repentance de l’Eglise, à laquelle Benoît XVI semble avoir heureusement mis fin, rend-elle l’Eglise moins vulnérable à la critique? Je ne le pense pas. Bien au contraire, elle conduit les tenants de l’idéologie dominante à réclamer toujours plus de concessions, dont le but est d’obtenir enfin l’alignement dogmatique complet, l’Eglise n’étant plus qu’une ONG. Non seulement la repentance est vaine, car l’Histoire de l’Eglise, c’est toujours l’Histoire, mais elle est néfaste et incohérente.
Une petite incidente en ce qui concerne la persécution des païens, qui fut une réalité indiscutable, elle n’aurait jamais réussi à en venir à bout s’ils n’avaient pas partagé les mêmes valeurs néoplatoniciennes que les chrétiens. Il y a en effet deux sortes de paganisme, à l’épaque du bas-empire, en dehors de la diversité de leurs rites et croyance:
– un paganisme intellectualisé des élites, dans lequel tout n’est qu’allégorie, les dieux ayant perdu leur identité pour devenir des abstractions.
– un paganisme des masses, (paganus=paysan) attaché à des rites et à des pratiques, largement méprisé et abandonné par le premier.
Face à eux, le christianisme ne pouvait que triompher.
Le triomphe du christianisme fut favorisé au IIIème et au IVème siècle par le déclin de l’esprit critique, faisant place à la superstition au travers des religions de salut venues d’Orient : culte égyptien d’Isis, culte persan de Mithra etc.
Superstitions pour superstitions, mystères pour mystères, le christianisme avait trouvé là un terreau fertile pour s’imposer.