Et, comme l’heure tourne toujours, sitôt la pièce montée dégustée, on nous appelle à l’extérieur pour le troisième et dernier moment: le spectacle équestre. Pourrait-il, en effet, y avoir une fête à Chantilly si le Cheval, dans cette ville où il est roi, n’en faisait pas partie ?
Nous allons donc avoir droit à un beau spectacle, lui aussi de qualité comme tout ce à quoi il nous a été donné d’assister durant cette mémorable journée.
Rappelant les grandes heures du château, le spectacle mêlera figures équestres proprement dites, évolution et défilé de superbes montures, évocation historique (le duc d’Aumale et la prise de la Smala d’Abd el Kader, tableau presqu’obligé en ces lieux…).
Un moment particulièrement émouvant, au cours de ce spectacle, est venu confirmer ce que nous savions déjà, car nous commençons à bien le connaître: le Prince Jean, notre Prince, a du coeur, il est un homme de coeur. Juste après le tableau historique évoquant le duc d’Aumale (un figurant est sur une petite carriole, tiré par de jolis poneys…), on voit le Prince qui franchit les barrières sur lesquelle nous sommes tous accoudés pour asister au spectacle. Il fait des signes, dit quelque chose, parcourt une cinquantaine de mètres, mais on ne sait pas trop ce qui se passe. On n’est pas du tout inquiet, mais surpris; on se demande…. En fait, et c’est tout simplement très beau, au milieu de toutes ces personnalités, le prince n’oublie pas qu’il a des frères, qu’il est un frère: il va entraîner avec son épouse ses frère et soeur handicapés, François et Blanche, pour un tour d’honneur improvisé dans la petite carriole tirée par les poneys….
Avec la beauté des chiens des meutes, que l’on a pu voir aussi, la beauté des chevaux laisse toujours rêveur. Et la complicité entre le cheval et son ou sa cavalière ! Lorsque l’on voit ces figures, où le cheval met une patte à terre (ci contre), ou bien une courbette, on reste confondu en pensant, d’abord, au nombre innombrable d’heures de travail, d’effort et de préparation que cela a demandé; mais surtout, et bien plus, ensuite, en pensant à la complicité -et à l’affection- existant entre cavalier et monture, et à la beauté intrinsèque de cette relation privilégiée entre l’homme et l’animal..
C’est cela qui est plaisant à Chantilly, dont la vie ne s’est jamais retirée. Même s’il n’y a plus, à proprement parler, de famille résidant à demeure dans le château, le maintien des activités hippiques dans son enceinte même est probablement la grande chance du domaine (si on le compare à d’autres endroits, fort beaux eux aussi, comme Versailles, par exemple, qui n’ont pas la chance d’avoir cette vie dans le domaine…).
Et c’est sur cette réflexion que nous terminerons notre reportage/feuilleton sur le mariage du Prince, à savoir cette triple présence, à Chantilly, sous les auspices de l’Art et de la Beauté, des trois règnes de la Nature, dans sa splendeur: le règne minéral, le règne végétal, le règne animal.
Charles Quint, reçu à Chambord par son rival de toujours, François premier, s’était écrié, admiratif (et en français, qui était sa langue maternelle) que Chambord était « comme un abrégé de ce que peut faire l’industrie humaine ». Un peu dans le même style, on pourrait dire qu’on a à Chantilly comme un abrégé de ce que peut faire l’homme lorsqu’il utilise avec amour et intelligence (au sens premier du mot) les ressources de la Création, que lui a confiée le Créateur. Les pierres -et donc le règne minéral- sont dans ces magnifiques châteaux, oeuvres d’art eux-mêmes, dignes écrins de ces autres chefs d’oeuvre que sont les statues, les peintures, le mobilier etc… Le règne végétal vient faire à son tour un écrin de verdure à ces palais avec les arbres, si grands, si magnifiques, et l’infinie variété de jardins que l’ingéniosité humaine a su inventer. Enfin, le règne animal vient peupler, en leur communiquant sa vie, ces merveilles végétales et minérales, et l’on a bien ainsi comme un condensé, un abrégé de cette Création dont tout, à Chantilly, nous incite, à chaque pas et à tout moment, à admirer la splendeur. Et qui nous parle ainsi, perpétuellement, en nous ramenant toujours à Lui, de la splendeur du Créateur Lui-même.
Certes, encore une fois, il ne s’agit bien sûr pas de dire qu’il n’y a qu’à Chantilly que l’on peut admirer les splendeurs de la Création. Mais c’est peut-être à Chantilly qu’aura été recherchée le plus, et poussée le plus loin, et avec le plus de succès, le noble désir d’atteindre cette harmonie supérieure dans leur complémentarité de toutes les formes de la Création.
Merci aux Princes de nous avoir donné l’occasion d’y goûter une fois encore….
« De tous les lieux que le soleil éclaire, il n’y en a point de pareil à Chantilly »….. (fin).
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”