Ces fêtes remontent au Moyen Age et leur cérémonial est toujours le même : la foule, cierges en main, chante et acclame les Saintes Maries (1) :
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On connaît les traditions orales de cette barque sans voile ni rames, chassée de Palestine après la mort du Christ, qui accosta le rivage camarguais. À son bord se trouvaient Marie Salomé, mère des apôtres Jean et Jacques le Majeur, Marie Jacobé – selon saint Jean la sœur de la Vierge , Marie-Madeleine, Lazare et sa sœur Marthe, ainsi que Maximin et Joseph d’Arimathie, qui transportait le Saint-Graal.
Les traditions divergent sur la présence de Sara la Noire à bord. Était-elle leur servante ? Était-elle égyptienne ? Pour d’autres, Sara campait avec sa tribu en pleine forêt de pins parasols, à l’endroit où s’élève aujourd’hui Aigues-Mortes. Avertie miraculeusement elle courut vers la mer et, s’étant dévêtue, elle étendit sur les vagues sa robe qui la porta vers les saintes. Baptisée de leurs mains, elle les conduisit au temple païen où affluaient les pèlerins.
D’autres versions, encore, affirment que Sara (ci dessous) appartenait à une tribu celto-ligure indigène, et que Marie Salomé et Marie Jacobé, restées pour évangéliser la région, transformèrent l’autel païen en oratoire chrétien.
À leur mort, très vite un culte se répandit avant que la construction de l’église-forteresse au XIIème siècle ne le confirme. Au XIVème siècle, le pèlerinage est déjà très populaire, notamment lorsque la célébration des Saintes fut fixée, en 1343, au 25 mai pour la première et au 22 octobre pour la seconde.
Il prendra une tout autre ampleur après 1448, quand les fouilles entreprises par le roi René sous l’autel de l’église permirent de découvrir les reliques des Saintes. Elles furent mises dans des châsses richement ornées et transportées dans la chapelle haute. C’est le roi René aussi qui fit creuser la crypte où les gitans étaient autorisés à vénérer Sara, leur patronne. Depuis cette époque, chaque 24 mai après-midi est consacré à la descente des reliques, lors d’une cérémonie chantée.
Le 24 Mai, on mène en Procession à la mer, Sara, la Patronne des Gitans. Avant cette procession, à l’intérieur de l’Église, les Châsses contenant les reliques, ont été lentement descendues de la « Chapelle Haute », au moyen d’un treuil, au milieu des chants et des acclamations (ci dessous). La statue de Sara, portée par les Gitans, jusqu’à la mer, symbolise l’attente et l’accueil des Saintes Maries Jacobé et Marie Salomé.
Le cortège de ce jour, en l’honneur de Sara et des Gitans, est d’institution récente. En 1935, le Marquis de Baroncelli et quelques Gardians de Camargue, soucieux de donner aux Gitans dans le Pèlerinage une place qu’ils n’avaient pas (ils n’étaient encore à cette époque que quelques centaines, perdus dans la grande foule des pèlerins de Provence et du Languedoc), obtinrent d’organiser avec les Gitans de la région cette marche vers la mer en souvenir de l’arrivée de « leur Sainte ».
Le 25 Mai, après la messe solennelle du matin, la « barque », avec à bord les statues des deux Maries, est portée à la mer, accompagnée par la foule de pèlerins Gitans et non-Gitans, par les Gardians à cheval et les Arlésiennes en costume.
Les porteurs avancent en mer, pour bien symboliser l’arrivée des Saintes Maries Jacobé, Marie Salomé et de la Foi, par la mer. L’Evêque, à bord d’une barque traditionnelle de pêcheurs, bénit la mer, le pays, les pèlerins et les Gitans.
La Procession revient alors vers l’Eglise, accompagnée des instruments de musique et du carillon des cloches. L’après-midi, dans la prière et la ferveur populaire, se déroule à l’Eglise la cérémonie de la remontée des Châsses à la » Chapelle Haute « .
Un emblème, énigmatique pour beaucoup, accompagne toutes ces cérémonies : la Croix Gardiane.
L’origine de cette Croix Gardiane est assez récente : elle remonte à 1926. A la demande du Marquis de Baroncelli, qui cherchait un symbole pour représenter la Camargue, son ami le peintre Paul Hermann conçut et dessina ce qui allait devenir l’emblème de la Nation Gardiane… : la Croix Gardiane.
Outre la croix chrétienne (symbolisant la foi), elle contient au centre un coeur (symbolisant l’amour et la charité), sur le bas une ancre marine (en honneur aux gens de la mer, symbolisant l’espérance) et trois tridents aux extrémités de la croix (en honneur aux gardians et à l’âme camarguaise).
La croix originelle (ci dessous) réalisée par Joseph Barbanson, forgeron aux Saintes Maries de la Mer, fut fabriquée dans son atelier. Et c’est lui qui suggéra à son créateur d’y rajouter les trois tridents, afin de symboliser encore mieux la Camargue.
Cette croix fut inaugurée le 7 juillet 1926 sur un terre-plein à côté de la recette postale, face à l’actuel bâtiment du « Grand Large ».
Une dizaine d’années plus tard la croix a été transférée au Pont du Mort, à l’entrée du village côté Aigues-Mortes, où elle se trouve encore aujourd’hui…
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”