En plein Palais de Justice, en plein Paris, une bande de voyous, soutenant les criminels du Gang des Barbares, manifestent, vocifèrent, insultent la Justice. Et à travers elle la France, les citoyens, la décence.
Il est normal que l’on respecte les droits de la défense. Il est bon qu’une société ne s’abaisse pas au niveau de vulgarité et de voyoucratie de ceux qui la combattent. On est tous d’accord là-dessus. N’y a-t-il pas, cependant, des limites ? Doit-on, peut-on, tout permettre, tout laisser faire ? N’est-on pas, lorsque l’on voit ce spectacle répugnant, en plein dans ce que Finkielkraut appelle le processus de dé-civilisation ?
Aujourd’hui, sous couvert de respecter les droits de tous, fussent-ils criminels -ce qui est souhaitable- un état d’esprit et une mentalité corrompus laissent la voyoucratie manifester au coeur des symboles de la Cité. Une chose est de respecter le Droit, une autre de laisser la barbarie croître et s’étendre. Et la laisser tout faire…..
Il faut bien le savoir : les barbares sont au coeur de la Cité. En plein coeur…. Mais c’est parce que les bases idéologiques et mentales elles-mêmes de cette société sont pourries.
Il faudra bien réagir un jour, avant qu’il ne soit trop tard…
Attention à la désinformation! Le crime abject de ce voyou doit être puni et rien ne peut le justifier. Cependant la justice doit fonctionner normalement. Or la photo que vous publiez ne fait état que des manifestations gauchistes, destinées à mobiliser les africains. Or elles avaient été précédées de faits regrettables, dès le premier jour du procès: dans l’assistance, des adolescents juifs surexcités, avec des bagues dans la bouche, des pantalons slims, des coupes mangas écrasées par les kippah, le drapeau israélien noué en foulard, des sweat bleus estampillés « Israël défense forces » ont commencé à troubler les comparutions. Un des accusés qui comparaissait libre veut sortir, fumer une cigarette. Ils le chargent, l’insultent « fils de pute », « on va te faire la peau », ils sont dix, quinze, vingt. Les gendarmes interviennent, retrouvent leur position. Les jeunes se regroupent devant les caméras, ils veulent qu’on les voie, qu’on les entende, qu’on les filme, ils hurlent : « Justice pour Ilan, justice pour Ilan ! ». Plus tard, à 15 heures, ils tombent sur la mère de Youssouf Fofana, l’insultent, la frappent. Là, les gendarmes sortent les matraques. Dehors, devant le tribunal, toujours enveloppés dans le drapeau d’Israël, d’autres crient depuis le matin jusqu’au soir : « Fofana, les juifs auront ta peau » et « Israël vaincra, Israël vivra ! ». Il serait regrettable que vous passiez sous silence ces faits. La transformation du jugement sur un crime crapuleux se transforme ainsi en une étape de la guerre entre minorités. C’est une étape visible de la dissolution du pays, mais de grâce, ne soyons pas dupes!
L’attitude des jeunes juifs que vous évoquez est scandaleuse, et vous avez raison de la condamner : nous sommes bien d’accord là-dessus. Faire ce qu’ils ont fait, si on l’acceptait, reviendrait à substituer un groupe, quel qu’il soit, à la Justice, donc à la supprimer. Ce serait, au sens premier et immédiat du terme, in-admissible. N’y a-t-il pas, cependant, une différence de degré et de nature entre la manifestation que vous dénoncez à juste titre et celle que nous évoquons ici ? Là, on n’est plus dans un affrontement entre deux groupes -et, nous sommes évidemment d’accord aussi avec vous sur ce fait : la France ne doit pas être transformée en champ clos où viennnent régler leurs comptes des rivalités qui lui sont extérieures…- ; là, on a franchi un pas supplémentaire: c’est carrément le symbole majeur de la Justice qui est attaqué és-qualité, moqué, nié, et dans son sanctuaire même. Là c’est un acte fort, délibérément et officiellement politique.
A mon avis, c’est, malheureusement, par delà même sa Justice, surtout la France qui est niée. Par les Africains qui la considèrent comme un terrain-vague à leur libre disposition. Par les jeunes juifs dont il a été question ici, liés à la cause d’un état étranger, qui pour eux ne l’est pas. Par les autorités françaises elles-mêmes et toutes les composantes du « système », par avance acquises à toutes les formes du cosmopolitisme qui est la règle imposée à notre pays. Par les Français eux-mêmes, incapables, de leur propre mouvement, d’une quelconque réaction.
Dans de telles conditions, il me paraît sans objet pour nous de rechercher des différences de degré ou de nature entre les différents protagonistes énumérés ci-dessus de la déconstruction de notre nation. Ils y concourrent tous, chacun à leur place.
Il est tout à fait normal que dans un univers éclaté, incertain, la question identitaire prenne une importance accrue.
Elle se pose au niveau des individus comme au niveau des groupes ou des collectivités. Quand les repères tendent à disparaître, il est de plus en plus difficile de savoir qui nous sommes. Dans le même temps, le vaste mouvement d’homogénéisation de la planète à quoi se résume la globalisation néolibérale provoque en retour des crispations ou des fragmentations inédites, l’affirmation de nationalismes convulsifs ou d’ethnonationalismes « tribaux ».
Enfin, à l’intérieur de chaque pays, on voit resurgir des affirmations identitaires, régionalistes ou autres, qui ne se satisfont plus d’être admises ou tolérées dans la sphère privée, mais qui aspirent à une « politique de reconnaissance « , c’est-à-dire qu’elles désirent que leur spécificité propre soit reconnue dans la vie publique. L’identité est, après la liberté et l’égalité, la grande passion des temps présents.
Le simple fait que la préoccupation identitaire fleurisse aujourd’hui montre quel’identité ne va plus de soi : dans une société traditionnelle, la question de l’identité ne se pose pas, car elle n’a tout simplement pas de sens. L’identité, par ailleurs, se compose toujours d’éléments objectifs et d’éléments subjectifs. Plus les identités objectives se désagrègent ou sont menacées, plus la part subjective de la revendication identitaire grandit.
De même, la distinction classique entre identités héritées et identités choisies tend à s’estomper : même les identités héritées deviennent aujourd’hui des identités choisies dans la mesure où c’est seulement en étant acceptées ou revendiquées comme telles qu’elles deviennent agissantes. Dans ces conditions, le grand risque est de ne plus concevoir l’identité que de façon négative, ou encore comme un alibi du refus de l’Autre.