La rédaction des Ephémerides nous a fait retomber, au hasard d’une re-lecture consacrée à La Bruyère, sur le passage suivant, tiré des Caractères.
On le croirait écrit aujourd’hui, et pour aujourd’hui, lorsqu’on constate (avec effarement parfois…) jusqu’où n’hésitent pas à aller les jargonautes, lorsqu’ils parlent par exemple d’un support de corps (pour un berceau !…) ou d’un référentiel bondissant, pour… un ballon ! Le référentiel bondissant aléatoire étant, lui, le ballon de rugby !…
Ces trois exemples sont empruntées aux circulaires de formation (?!) diffusées par les IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres), à supprimer de toute urgence…
Voici donc ce que La Bruyère continue de répondre, d’outre-tombe, à ceux qui pensent peu mais tentent de donner l’illusion de la profondeur, en employant un langage sibyllin :
« Que dites- vous ? Comment ? Je n’y suis pas; vous plairait-il de recommencer ? J’y suis encore moins. Je devine enfin : vous voulez, Acis, me dire qu’il fait froid : que ne dites-vous : « Il fait froid » ? Vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige; dites : « Il pleut, il neige. » …. Est-ce un si grand mal d’être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? Une chose vous manque, Acis, à vous et à vos semblables… c’est l’esprit. Ce n’est pas tout : il y a en vous une chose de trop, qui est l’opinion d’en avoir plus que les autres; voilà la source de votre pompeux galimatias, de vos phrases embrouillées, et de vos grands mots qui ne signifient rien… » (les Caractères, chapitre V, De la Société et de la Conversation, § 7)
Franchement, il n’y en a pas un peu partout des Acis, aujourd’hui, qui se croient supérieurs aux autres: journalisme, littérature, classe politique, enseignement ?
A qui pensez- vous ?…
Henri sur Journal de l’année 14 de Jacques…
“D’abord nous remercions chaleureusement le Prince Jean de ses vœux pour notre pays et de répondre…”