Nous ne sommes pas des charognards; et pour nous la Justice n’est pas la vengeance. Nous ne sommes donc pas choqués, à priori, par le régime de semi liberté qui vient d’être accordé à Max Frérot, après une vingtaine d’années d’incarcération (1).
La mesure pourrait n’être ni scandaleuse ni révoltante en soi, et pourrait se concevoir et se comprendre, en théorie; du moins si l’on en donnait des raisons valables, que justement on ne donne pas…
Nous nous contenterons donc, avant d’exprimer les deux réserves (doux euphémisme !…) que nous suggère cette mise en semi-liberté, de redire d’abord ce que nous avons déjà dit plusieurs fois ici même. La France devrait, à l’instar d’autres pays européens, instaurer une bonne fois pour toutes la perpétuité réelle. On en finirait ainsi avec ces condamnations-à-perpetuité-bidon qui se traduisent régulièrement, au bout d’une petite vingtaine d’années, par la libération de personnes qui avaient pourtant pris – et « Au nom du peuple français… » , s’il vous plaît !…- une perpét’ à laquelle plus personne ne croit, qui ridiculise donc la Justice, et qui voit de ce fait son effet dissuasif (!) très largement entamé…..
Notre première réserve vient du fait que Max Frérot (pas plus que ses quatre assassins de complices du groupe Action directe) n’a jamais exprimé le moindre remords ni le moindre regret et qu’il n’a, a fortiori, jamais demandé pardon pour les assassinats qu’il a commis. Il s’est contenté de dire, ou de faire dire par ses avocats, « qu’il a tiré un trait sur son passé et n’a plus d’intérêt pour la politique ». C’est peut-être vrai, mais c’est quand même un peu court… On veut bien pardonner: encore faut-il que l’assassin demande le pardon, qu’il reconnaisse sa faute et la regrette. Comment pardonner à celui ou celle qui ne demande pas à l’être, et qui nie donc la faute, de ce fait même…?.
La deuxième réserve que nous pouvons émettre est qu’il s’agit, ici, de membres d’un groupuscule révolutionnaire armé d’extrême gauche, Action Directe. Nous aimerions être tout à fait sûrs que les personnes qui -dans l’ombre et le silence- ont fait en sorte qu’on en arrive à cette semi liberté auraient agi de même pour des gens d’une sensibilité politique différente, voire opposée; et que celles et ceux qui ont oeuvré pour cette mesure auraient agi de même pour des personnes d’un autre bord politique; malheureusement, nous n’en sommes pas sûrs.
On pouvait se poser le même question avec l’affaire Cesare Batisti, il n’y a pas si longtemps: les intellectuels de gauche et d’extrême gauche qui ont hurlé à la mort pour le défendre, et jusqu’à Mitterrand lui même qui lui a assuré un asile en France, auraient-ils agi de même, par exemple, si au lieu d’un révolutionnaire italien d’extrême gauche, il s’était agi d’un ancien combattant franquiste qui aurait assassiné des républicains espagnols…? Soyons sérieux: rien n’est moins sûr !
Or, si l’on peut admettre les mesures humanitaires lorsque le cas se présente vraiment -mais justement il ne semble pas que ce soit ce qui se passe pour Max Frérot….- peut-on admettre le deux poids, deux mesures ?…
(1) : Max Frérot a été condamné en 1989 à la réclusion à perpétuité pour un attentat (en 1986) qui a entraîné l’assassinat d’un officier de police de la brigade de répression du banditisme (BRB), le commandant Marcel Basdevant, et très grièvement blessé un second, le commandant Paul Orsini.
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