Très juste et très pertinente réflexion de Patrice de Plunkett, à propos de l’hystérie ambiante accompagnant la mort du chanteur.
L’absence totale de culture que révèlent les différents glissements de sens des mots que nous servent à longueur de journées journalistes, présentateurs etc.. etc.. serait amusante si elle n’était pas, en réalité, effrayante; si, dès qu’on vient d’en rire, on n’avait pas à devoir en pleurer…
Raison de plus pour retrouver le sens des mots, et par eux, des choses et des vérités; surtout de celles d’en haut, comme s’y emploie avec bonheur Patrice de Plunkett dans le billet suivant ( http://plunkett.hautetfort.com/ ) :
Michael Jackson, « icône de la musique »
Le mot « icône » a décidément changé de sens : Le chanteur était « une icône de la musique », proclament les dépêches. Des journaux titrent : « une icône de la mondialisation ».
« Icône » au sens actuel, bien sûr : le petit dessin désignant une fonction, un programme ou un type de document, sur la barre d’outils d’un écran d’ordinateur. Dans le langage de 2009, le mot « icône » n’a absolument plus son sens mystique, celui qu’il avait depuis le Ve siècle.
Les spécialistes expliquent : «L’icône [au sens mystique] ne représente pas le monde qui nous entoure. La transfiguration en est la clé, en particulier dans le visage des personnages. La lumière est surtout intérieure à chacun de ces personnages : elle est figurée par la carnation (couleur de fond pour la chair), pure et assez claire. Le personnage est souvent adossé à un fond d’or qui est la lumière éternelle, dont participe sa propre lumière intérieure. D’autre part, le monde est représenté en perspective inversée afin que le contemplateur devienne le point convergent de l’icône, pour établir ainsi un lien intime avec elle : la perspective inversée prend le spectateur comme point de fuite. »
L’icône au sens mystique est ainsi le contraire de ce que notre société technoïde appelle « icône ». L’ « icône » technoïde n’est qu’un outil. Notre société ne voit le monde que comme un matériau à transformer (en biens de consommation et en profit). Elle ne cherche pas à le voir en transparence, pour déchiffrer un sens à travers lui. L’utilisateur de l’« icône » informatique ne voit que la technique en fonctionnement. Aucun lien intime ne peut s’établir entre une technique et un être humain. Quel rapport entre feu Jackson et une « icône » technique ?
Il faudrait analyser ici le rôle de la musique dans la société marchande, et le mettre en rapport avec l’objet effrayant que cette société avait fait de Wacko Jacko : déshumanisé par le look, puis par la chirurgie plastique, puis par la chimie. Le matérialisme mercantile est une dé-création. Alors que l’icône mystique est une transfiguration de la créature…
On se doutait un peu que M. de Plunkett ne prisait pas beaucoup le génie pathologique de Michael Jackson et la pop music en général.
Mais les « funérailles » se feront sans lui (qui s’en apercevra ?), mais se feront quand même pour une foule considérable par la planète entière.
Il vaudrait mieux se poser la question « politique » de cet engouement plutôt que d’ergoter sur la « mystique » portée ou non par le mot.
Mais bon, c’est du Plunkett !
🙂
La logique interne des médias est la logique du marché. Ce trait est évidemment loin de leur être propre, mais il a sur eux des conséquences spécifiques.
Ce qui prime, c’est la vente. La mort de Michaël Jackson est devenue une marchandise comme les autres. Et comme toutes les marchandises, elle vaut, dans ce pays de l’ultralibéralisme, dans la stricte mesure où elle peut se vendre et s’acheter. On peut le regretter mais c’est ainsi.
Je prends bien entendu ce terme « d’ultralibéralisme » au sens qu’on lui donne en Europe: la croyance en la supériorité du marché, la légitimité du système de l’argent et la supériorité des valeurs marchandes.
Les Nouveaux Dieux ….!
(ce commentaire s’adresse à l’article cité)
« Poursuivez votre parallèle … Car effectivement, le pantin chantant assisté par effets spéciaux est une très bonne « image sainte » de la mondialisation (sa sainteté étant relative à la religion de l’argent qui tend à relier l’homme à la terre , bien sur, et non pas à celle qui aspire à élever son esprit – osons son âme – vers un ciel.)
oui, poursuivez … ce monde là n’est il pas en train de mourir d’une crise cardiaque ?
(cette crise étant, pour ce qui est du temps où elle se déploie, à l’échelle de l’humanité) »