Non au négationnisme, non au révisionnisme (mais il a oublié le mémoricide, c’est révélateur, …) : Une fois de plus, Chirac a fait entendre sa voix pour condamner les méchants, et pour dire où était le bien et où était le mal.
Fort bien. Mais s’il voulait vraiment qu’on le croie, qu’on le prenne au sérieux, ne devrait-il pas -plutôt que de débiter son même message sempiternel- opérer un sérieux retour sur les valeurs qu’il ne cesse de proclamer siennes, et sur les Institutions qu’il a incarnées ?…..
Digne continuateur d’une République qui est née pour régénérer la France –et, tant qu’on y était, l’Europe et le monde (!)-, et donner des leçons à tous, toujours et partout, Chirac continue, en effet, imperturbablement, et comme si de rien n’était, sur la lancée incantatoire et déclamatoire des grands ancêtres. Mais, est-ce bien raisonnable ? Et n’y a-t-il pas de fort bonnes raisons de prier ceux qui se font les chantres de ce moralisme, et cherchent à l’imposer, de se mêler de leurs affaires ?
Comme nous l’écrivion récemment ici même, à propos de la disparition du Secrétariat aux droits de l’homme, « le pays qui a guillotiné son roi et sa reine, martyrisé un dauphin innocent promené des milliers de têtes sanglantes au bout de ses piques; qui a décrété en termes fort nets le génocide vendéen; dont un souverain a déclaré, à propos des jeunes Français envoyés se faire tuer dans des guerres sans issue, qu’il avait « deux cent cinquante mille hommes de rente », un pays qui chante encore aujourd’hui un hymne national où l’on appelle de ses vœux, curieuse notion, « qu’un sang impur abreuve nos sillons », est-il fondé à décréter souverainement ce qui est bien et mal ?
Chirac refuse et rejette le négationnisme et le révisionnisme ? Mais, comment veut-il qu’on le croie, lui qui -comme le système qu’il a incarné et présidé- n’a jamais reconnu les horreurs dont nous venons de parler, et qui ont nom génocide, totalitarisme, Terreur ? Il est lui-même négationniste et révisionniste, comme le système.
Avec, comme circonstance aggravante, le fait d’ajouter à tout cela le mémoricide…
Alors, s’il voulait être crédible, et qu’on le prenne au sérieux, il faudrait peut-être -lui et le système- qu’il(s) commence(nt) par le commencement, non ?…..
La république, en France, est fondée organiquement sur la Terreur, la mort cannibalisée, par exemple celle de la Princesse de Lamballe, des Suisses morts par fidélité, mais fondamentalement sur la mort de l’enfance souillée au Temple: après avoir assassiné légalement le Père, par e qu’en tant que Père, il était un Père modèle, soucieux de transmettre à son fils son Royaume, soucieux à l’extrême de ses sujets, la Mère, non sans avoir tentée de l’outrager en tant que mère, même si cela a échoué, et la tante , parce qu’elle veillait naturellement sur la famille
Ne parlons pas de l’hymne national carnivore, qui est un défi au genre humain et aussi à notre qualité de français. Puisqu’il célèbre notre propre mort.
A sa fondation même notre république a enfoui dans son autel la pierre tombale de ces martyrs, au sens propre et figuré.
Il n’est pas étonnant, que tant qu’elle refuse de le voir en face, au lieu de se gargariser de son mythe émancipateur, elle ne voit pas qu’elle se décompose et le pays avec. Décomposition, qui déjà empestait sous le Directoire, cela s’est terminé par Napoléon, et son aventure sans retour, lente décomposition avant 1914 et le sursaut de l’Union sacrée n’a pu inverser le mouvement, la guerre finie.
La Résistance, qui fut d’abord faite au nom de la France, fut-elle aussi pervertie après par cette idéologie finalement carnassière.
Dire qu’aujourd’hui la république rend son sang noir, me parait criant de vérité, si on observe un peu la destruction de ce qui reste du lien social dans les banlieues et dans le fait que la France tend à devenir une immense banlieue de nos illusions mortes.
Alors L’émotion légitime devant les horreurs de la seconde guerre mondiale, instrumentalisée par Chirac, sans voir le fil d’Ariane qui la relie à notre histoire encensée, ne nous dispense donc pas de nous interroger sur notre idéologie nationale, qui a inspiré directement et ouvertement la volonté de génocider la Vendée et a servi de modèle et de justification pour les khmers rouges, ( C’est ce qu’ils ont avoué !) de leur volonté d’anéantir leur propre peuple , .
Comme quoi le bourreau en anéantissant l’autre, cherche confusément sa propre mort comme justification de sa vie privé de sens, dans un tourbillon et uen fuite en avant du désespoir qui l’habite.