Hier, 20 juillet, la Turquie a célébré en grande pompe le 35ème anniversaire de l’invasion par ses troupes de Chypre.
Elle demande donc à entrer dans un Club dont elle occupe militairement le territoire d’un des membres, occupation qu’elle assume, pleinement, mieux, qu’elle revendique fièrement !….
Mais, par delà le peu de sympathie que nous inspire la Turquie – il faut bien le reconnaître…- que disent les faits, objectivement ?
La soi disant République turque de Chypre nord est en réalité un Etat bidon, créé, colonisé, porté à bout de bras et artificiellement maintenu en (sur)vie par la Turquie, à qui elle sert de paravent pour la colonisation du Nord de l’île de Chypre. Elle n’a d’ailleurs pas de reconnaissance internationale.
Cette partie de Chypre était majoritairement peuplée de Chypriotes grecs, chassés en 1974-1975 . « Chypre Nord » est un exemple de purification ethnique réussie (décidément ! ils sont très forts, ces Turcs…): elle est occupée par 35.000 soldats turcs, peuplée de 105.000 colons installés par la Turquie et de 95.000 Chypriotes turcs (issus d’immigrés turcs présents depuis la fin du 16è siècle, date de la conquête ottomane).
Normalement presque tous les noms des villes et villages de cette région sont grecs. La Turquie a mis au point une commission qui a modifié tous les noms pour turquiser la région. Les églises grecques ont été transformées en urinoirs, en mosquées, en étables ou en boîtes de nuit. La Turquie refuse toujours à 211.000 réfugiés Chypriotes grecs et à leurs familles de revenir sur leur terre….
Et les choses ne sont pas prêtes de s’arranger, car les Turcs, bien loin de se montrer conciliants, veulent tout : le beurre et l’argent du beurre. C’est le sens des propos tenus par le vice-Premier ministre turc Cemil Cicek, qui représentait Ankara à la petite sauterie du 35ème anniversaire: « La Turquie ne sera pas attirée dans l’impasse de choisir entre Chypre et l’UE« , a-t-il dit, soulignant qu’Ankara refusait des concessions sur le problème chypriote en échange d’avancées de son dossier d’ahésion à l’UE.
Bref, la Turquie montre par là qu’elle fait preuve d’un excellent état d’esprit, et qu’elle se trouve dans les meilleures dispositions pour entrer en Europe !…..
Au delà des sympathies ou antipathies que peut nous inspirer un pays étranger – ce qui n’a, évidemment, rien à voir avec une politique et ne relève que de nos humeurs personnelles – que faut-il en conclure ?
1. Le sort des Chypriotes grecs, si malheureux soit-il, ne dépend pas de nous. Il n’est pas notre affaire. Pas plus que ne l’était, il y a peu, celui des pauvres tibétains face à la grande Chine, cause qui a pourtant agité – vainement et à nos frais – les têtes chaudes de la planète.
2. Si l’engagement chypriote de la Turquie constitue un obstacle supplémentaire à son entrée en Europe – le principal étant que l’accord des 27 membres de l’Union Européenne ne pourra probablement jamais être réalisé- ce n’est pas une mauvaise nouvelle.
S’agissant de la Turquie, nous ne la voulons pas en Europe. Mais cela suffit.
Le reste n’est pas de la politique.
P.S. Si l’on voulait faire le compte des Etats bidons, de par le monde, avec ou sans « reconnaissance internationale », l’on n’en aurait pas fini de sitôt.
Honte à ceux qui soutiennent l’adhésion de la Turquie en Europe !