En parler comme il convient ? En deux pages sur Charette, et deux pages sur l’Historial de la Vendée et le Mémorial de Vendée, tout est dit. Ni trop, ni trop peu. Sans emphase, mais sans rien cacher de ce qui doit au contraire être proclamé.
« La grandeur des Vendéens réside dans le pardon accordé à leurs bourreaux, mais le pardon n’est pas l’oubli ».
D’abord les deux pages sur celui dont Napoléon disait qu’il avait l’étincelle du génie. Son « très beau logis » de la Chabotterie, dont « la visite est un enchantement, qui fait sentir la douceur de vivre qui régnait à l’époque ». Et, surtout, l’homme : « Du panache, un courage rare, une détermination à toute épreuve, une personnalité hors du commun… »
Et puis l’Historial de Vendée, et le Mémorial de Vendée….
28 février 1794 : Massacre des Lucs sur Boulogne, perpétré par les Colonnes infernales de Cordelier et Crouzat.
Décret de la Convention du 1er octobre 1793 : « Il sera envoyé en Vendée des matières combustibles de toutes sortes pour incendier les bois, les taillis et les genêts. Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles anéantis, les récoltes coupées et les bestiaux saisis. La race rebelle sera exterminée, la Vendée détruite ».
Au Lucs-sur-Boulogne, la population est enfermée dans l’église du village et 564 personnes, femmes, enfants, vieillards seront brûlés vifs, au nom de la République.
Compte-rendu du citoyen Chapelain : « Aujourd’hui journée fatigante, mais fructueuse. Pas de résistance. Nous avons pu décalotter, à peu de frais, toute une nichée de calotins qui brandissaient leurs insignes du fanatisme. Nos colonnes ont progressé normalement ».
Mais Les Lucs sur Boulogne ne seront malgré tout qu’une partie d’un ensemble plus terrifiant: en deux ans 190.000 personnes furent tuées en Vendée, un quart de la population….
L’Historial de Vendée (ci dessous), aux Lucs, maintient le souvenir de ce premier Oradour sur Glane, toujours sans reconnaissance officielle : http://historial.vendee.fr/ .
Le génocide vendéen se double bien, pour reprendre l’expression de Reynald Sécher, d’un mémoricide, caractérisé….
C’est pour rendre hommage aux victimes qu’en 1993, pour la première fois, Soljenitsyne vient en France. Philippe de Villiers, et le Conseil Général de la Vendée, l’ont invité pour le bi-centenaire de la résistance de la Vendée. Il présidera, aux côtés de l’Académicien Alain Decaux, l’inauguration du Chemin de Mémoire des Lucs.
Il termina son intervention par ces mots : « Aujourd’hui, je le pense, les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire la résistance et le sacrifice de la Vendée ». (à suivre)
Interdit sur certains sujets, le révisionnisme est en revanche admis sans problème lorsqu’il s’agit de relativiser le génocide vendéen. Après avoir reconnu que les guerres de Vendée ont donné lieu à des « atrocités injustifiables », François Lebrun pose ainsi la question : » Faut-il pour autant les utiliser aujourd’hui de façon manichéenne, afin de magnifier les victimes et de jeter l’exécration sur les bourreaux, vrais ou supposés ? « . C’est également en référence à la Vendée que l’historien Jean-Clément Martin déclare : « Ce n’est pas un progrès de remplacer des visions idéologisées de l’histoire par d’autres (…) Notre histoire n’est pas à juger avec des valeurs simplistes et démagogiques, mais à assumer dans sa complexité et dans son foisonnement (…) Il n’y a pas de progrès historique sans révision régulière des connaissances et nouvelles mises à l’épreuve « .
Dont acte.