Francis Jeanson est mort. Si nous jugeons utile de parler de lui quelques instants -histoire, comme on dit, de marquer le coup, tout de même...– on ne va pas remuer un passé de toutes façons aboli, exhumer des horreurs anciennes ni rappeler à la surface des laideurs qu’il vaut mieux, maintenant, laisser recouvrir par « le sombre oubli » du temps.
Et on ne va donc pas reprendre à notre compte, ici, des insultes ou des injures (les accusations de « traître »…) que d’autres ont ressorties sur lui, ici et là, à l’occasion de sa mort.
Les lecteurs de ce blog savent que, de toutes façons, ce n’est pas le style de la maison. Nous disons ce que nous avons à dire, parfois fermement, parfois avec un peu d’ironie (du moins, on essaie…), mais sans jamais nous rabaisser à un niveau qui n’est pas celui du combat politique que nous essayons de mener au quotidien.
Nous nous contenterons de lui adresser, d’une façon posthume, la fameuse remarque de Cervantès: « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. » Et cela sera amplement suffisant, nous semble-t-il, pour le condamner, lui et son action militante tout au long de sa vie, sans avoir besoin de recourir à autre chose….
On connaît le mot de Saint Paul: « …(Je suis heureux car) j’ai mené le bon combat… » (1). Jeanson ne peut certes pas dire une chose pareille. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne se trouve certainement pas dans le même cas de figure, et que c’est même tout l’inverse.
On n’en prendra que deux exemples…
Dans une certaine presse, on a rappelé à l’envi qu’il avait été un ami constant de Jean-Paul Sartre, et que leur connivence/complicité ne s’était jamais démentie. Ce Jean-Paul Sartre qui, alors que tout le monde savait, et lui aussi, forcément, n’en a jamais démordu: « Tout anti communiste est un chien »; et qui n’a jamais voulu -alors que tant d’autres l’ont fait- reconnaître, tout simplement -et Jeanson avec lui- que, sur ce point, il(s) s’étai(en)t trompé(s), et très lourdement…
Et c’est la même chose pour le soutien apporté par Jeanson au FLN. Quand on sait à quoi a abouti la prise de pouvoir du FLN en Algérie, pour ce pays et pour ce peuple ! A se conformer au modèle périmé et dictatorial de l’URSS, à gâcher les immenses potentialités qu’un labeur obstiné de près d’un siècle et demi avaient créées, et à faire entrer délibérément un peuple et un pays à reculons dans la modernité, comme les écrevisses…. Et, là non plus, sans avoir jamais ni le courage ni l’honnêteté d’admettre qu’il s’était trompé dans le choix de ses amitiés, humaines, intellectuelles et politiques.
Après tout, l’erreur est humaine. Mais non, rien, jamais. Sur ce sujet non plus, jusqu’au bout, et malgré les évidences aveuglantes, Jeanson n’aura pas eu la moindre petite esquisse du moindre petit début de regret….
Quel besoin y aurait-il donc de chercher autre chose que le simple rappel des faits. C’est Jeanson lui-même, par son obstination, qui s’est condamné. C’est bien connu, Errare humanum est, perseverare diabolicum…..
(1) : Saint Paul, « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la Foi. » (2 Timothée chapitre 4 verset 7).
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