A la suite de notre note de mardi (Immigration: les chiffres de l’Insee), elle-même tirée de Marianne 2, un lecteur nous envoie les lignes suivantes de Jean-Claude Bésida, pour illustrer et compléter ce sujet.
Il y ajoute quelques commentaires, notamment celui-ci: la religion catholique, en France et en Europe, est attaquée systématiquement depuis plus de deux siècles; mais cette guerre, qui l’a affaiblie, affaiblit aussi l’Europe. Confrontées l’une et l’autre (Europe et religion catholique) à une autre religion (l’Islam) qui n’a pas subi ces attaques, notre lecteur trouve dans ce fait l’origine de la position de force dans laquelle -pense-t-il- se trouve l’Islam, actuellement, chez nous. Et il attribue donc aux Lumières la responsabilité principale de l’affaiblissement des défenses françaises et européennes face à l’Islam….
Idée intéressante, qu’il faudra reprendre pour la discuter, compléter, la nuancer… Commençons par voir ces chiffres…
Une minorité en croissance démographique très forte par Jean-Claude Bésida.
Combien y a-t-il de musulmans en France ? La vérité est que, en 2009, on ne le sait pas précisément. Les évaluations de ces dernières années donnent quand même une fourchette. Quatre millions est le chiffre qui revient le plus souvent. Il est cité par l’historien des religions Ralph Stehly (Université Marc Bloch de Strasbourg) et le démographe Gérard-François Dumont (Université Paris-IV Sorbonne). La démographe Michèle Tribalat (Ined) avance pour sa part un chiffre de 4,5 millions (janvier 2009). Quant à l’écrivain spécialiste des migrations Jean-Paul Gourevitch (Université Paris-XII) , il évoque 7 millions de musulmans dans son ouvrage Les migrations en Europe, publié en 2007.
A l’échelle de l’Union Européenne, l’ordre de grandeur retenu jusqu’à présent est de 15 millions de musulmans pour 466 millions d’européens, soit une proportion de 3% : 4 millions en France, 1,6 en Grande-Bretagne, 1 million en Espagne, 850.000 aux Pays-Bas. Et 2,5 millions en Allemagne –mais une étude gouvernementale vient d’être publiée outre-Rhin. Elle a crée un choc en révélant qu’il y avait en fait entre 3,8 et 4,2 de musulmans en Allemagne. Pour Gérard-François Dumont, « ces chiffres cachent des situations locales très variées avec des régions où la proportion de musulmans est élevée comme dans certains quartiers de Bruxelles ou de Berlin. Surtout, les populations musulmanes en Europe sont jeunes, avec une fécondité généralement plus élevée que les populations non musulmanes ».
Marqueur spectaculaire de ce dynamisme démographique, on observe depuis quelques années que dans plusieurs grandes villes d’Europe, Mohammed est le premier ou deuxième prénom de garçon le plus donné. C’est le cas à Marseille, en Seine-Saint-Denis, à Milan, Bruxelles, Amsterdam, Rotterdam. Avec ses variantes (Ahmad, Mahmoud) , The Times relevait en 2007 que ce prénom arrivait en deuxième position en Grande-Bretagne, derrière Jack et devant Thomas.
Selon les projections de Gérard-François Dumont, « dans quelques décennies, la proportion globale de musulmans en Europe aura doublé, passant de 3% à 6 ou 7% de la population ». Ce que le démographe américain Philip Longman exprime d’une métaphore saisissante dans son ouvrage Le berceau vide (2004): « Si l’Europe était une femme, son horloge biologique serait déjà bien avancée. Elle n’est pas trop, vieille pour adopter des enfants. Mais ils ne lui ressembleront pas ». Gérard-François Dumont note toutefois « un décalage entre l’importance qu’a l’Islam dans l’esprit des gens et les chiffres qui restent relativement modestes ». Ce décalage provient essentiellement de la nouveauté du phénomène. Et de la rapidité de la progression numérique, spectaculaire surtout dans les pays où elle était inexistante jusqu’à ces dernières décennies. Par exemple, en Espagne, le nombre de musulmans a été multiplié par dix depuis les années 90.
A cette croissance démographique stricto sensu, il faut ajouter le phénomène très visible des conversions. L’ordre de grandeur le plus souvent cité est de 40.000 à 70.000 convertis en France, dont la moitié sont des conversions matrimoniales (passage à l’islam au moment du mariage avec un conjoint musulman). Elles sont de fait très spectaculaires : dans le foot, il est beaucoup plus facile de trouver des convertis à l’islam que des convertis de l’islam. Pour tous les Frank Ribéry, Julien Faubert, Eric Abidal, Nicolas Anelka, combien de conversions dans l’autre sens ?
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