Passe de trois pour Sébasto ! Il verse en effet un troisième document au débat, aussi intéressant que les deux premiers: un deuxième texte de Christophe Geffroy (intitulé Irréductible opposition à Benoît XVI), dont nous citons ci-dessous le dernier paragraphe.
Nous avons préparé, presqu’au pied levé, en quelque sorte, une petite notice pour celles et ceux qui connaîtraient mal Christophe Geffroy. Vous la lirez après cet extrait:
« …Nos benêts parisiens pensent que le monde entier nous envie cette conception de la vie qu’ils assimilent à la « liberté ». En réalité, s’ils n’étaient pas aveuglés par leur nombrilisme, les deux affaires de Recife et du préservatif en Afrique auraient pu leur ouvrir les yeux et leur montrer combien les Sud-Américains et les Africains rejettent ce modèle « occidental » qui conduit à la mort, au lent suicide d’une civilisation – qui, de ce point de vue-là, n’a plus rien de judéo-chrétien. Une société qui a complètement perdu la tête au point de ne plus reconnaître de nature humaine (et donc de loi naturelle), de ne plus faire de différence entre l’homme et la femme, le père et la mère (cf. le projet de loi sur le statut de « beau-parent »), qui s’acharne à détruire la famille stable, seule cellule où puisse s’épanouir un petit d’homme, qui se méprise soi-même au point de cracher sur son histoire, de renier sa propre identité et d’abandonner sa souveraineté politique, est condamnée à mort. À ce stade de déliquescence intellectuelle, spirituelle et morale, ce n’est plus de réformes dont nous avons besoin, mais d’une profonde révolution mentale – une conversion – qui nous ouvre les yeux sur l’abîme où nous sommes tombés.
La virulence qui se manifeste contre le pape Benoît XVI et l’Église n’est pas prête de s’éteindre, car elle manifeste l’opposition irréductible entre l’anthropologie chrétienne et celle de l’idéologie dominante qui tend de plus en plus à ramener l’homme au rang de l’animal. »
C’est tout simplement excellent… Voici quelques mots sur Chritophe Geffroy.
Christophe Geffroy, né en 1959, est journaliste et écrivain. En 1990 il fonde la revue mensuelle catholique traditionaliste La Nef ( http://www.lanef.net/ ) dont il est depuis lors le directeur et rédacteur en chef. En janvier 2009, il devient le suppléant de Paul-Marie Coûteaux pour le Libre Journal de la nuit sur Radio courtoisie.
Il est diplômé de l’École centrale de Nantes et de l’Institut d’études politiques de Paris.
Il est intervenu à plusieurs reprises dans le débat concernant la levée de l’excommunication des évêques lefebvristes, notamment sur la chaîne catholique KTO ou au cours de l’émission de Frédéric Taddeï Ce soir (ou jamais !)
Il a écrit les ouvrages suivants:
– Enquête sur la Messe traditionnelle, La Nef, 1998, 432 p., en collaboration avec Philippe Maxence.
– Au fil des mois, La Nef, 2000, 290 p.
– Portraits littéraires de notre temps(dir.), La Nef, 2005, 256 p.
– Jean-Paul II, les clés du pontificat, La Nef, 2005 (248 pages, 14 euros), en collaboration avec Yves Chiron et Luc Perrin
– Oser agir chrétien– un regard de rébellion, ouvrage collectif sous la direction de Gwen Garnier-Duguy, éditions La Nef, 2008 ; sa contribution s’intitule « Espérance spirituelle, espérance temporelle ».
– Benoît XVI et la « paix liturgique », éditions du Cerf, 2008 (320 pages, 24 euros).
J’avoue que je suis un peu mal à l’aise en lisant ce qu’écrit ce M. Geffroy, et qui me paraît un lieu commun trompeur: »l’opposition irréductible entre l’anthropologie chrétienne et celle de l’idéologie dominante qui tend de plus en plus à ramener l’homme au rang de l’animal. » Eh bien non, je ne suis pas convaincu que cette analyse soit juste. En effet, l’animal sauvage obéit à l’instinct de l’espèce, qui est établi pour la perpétuation de celle-ci à l’intérieur du cosmos. Ce n’est nullement le propos de l’idéologie dominante de « ramener » l’homme à cet état, bien au contraire. La modernité entend à l’inverse affranchir l’homme, considéré dans son individualité, de toutes les contraintes, de toutes les barrières qui l’empêchent de définir souverainement sa propre jouissance. C’est donc exactement le contraire qui est vrai: « l’idéologie dominante tend à faire de l’homme, non seulement le créateur du monde, mais son propre créateur. » Je peux néanmoins souscrire à la formule de M. Geffroy, mais alors en substituant le mot « bête » à celui d' »animal ». En effet, la bête, animal domestiqué par l’homme, est dépouillé de ses instincts vitaux afin de servir d’instrument à la volonté humaine. Effectivement, l’homme de l’idéologie actuelle s’est auto-domestiqué, anéantissant la plus grande partie de ses instincts et de sa culture, elle-même prolongement de l’instinct, et ne maintenant, selon l’expression de Konrad Lorenz, que les instincts les plus basiques. Il reste que la grande césure entre le monde et la nature n’est nullement remise en cause par la modernité, mais au contraire indéfiniment élargie.