On se souvient qu’en plein débat télévisé, avant le second tour de la présidentielle, Ségolène n’avait rien trouvé de mieux que de faire un mauvais numéro, et avait accusé, en direct, Sarkozy de représenter « le summum de l’immoralité ». Cette fois c’est François Fillon qu’elle a accusé, dans la torpeur de l’été, et toujours d’immoralité.
Pour comprendre le pourquoi du comment, il faut savoir que l’État et la Région Poitou-Charentes, présidée par l’ancienne candidate socialiste, s’opposent à propos du financement d’une ligne de train à grande vitesse.
On épargnera au lecteur les détails techniques de l’affaire, et on retiendra juste les propos assez durs de Ségolène à l’égard du Premier ministre : «Nous avons décidé de céder à votre chantage immoral», écrit la présidente de Poitou-Charentes en dénonçant la «menace» qu’aurait fait planer l’État sur les collectivités de conditionner à leur contribution financière le raccordement des villes à la ligne.
Vieux réflexe bien ancré dans une partie de la gauche et de l’extrême-gauche : accuser les autres d’immoralité, c’est-à-dire se considérer donc soi-même comme le gardien de la Vertu, jusqu’à ce qu’on apprenne (voyez par exemple l’affaire Julien Dray…) que les purs, les donneurs de leçons, les moraux, sont très largement aussi corrompus –si ce n’est beaucoup plus- que les autres.
Avec en prime l’hypocrisie….
Bon, revenons à Ségolène… Ce nouvel esclandre, qui nous a donc rappelé le premier, nous a donné envie d’aller relire ce que nous avions écrit à l’époque. Car, à l’époque, un peu plus d’un mois après l’élection, et le fameux débat, on avait appris deux ou trois choses fort surprenantes, de la bouche même de Ségolène. Sera-ce encore le cas cette fois-ci ? On verra bien…
Et nous avons décidé d’exhumer du placard en la re-publiant, deux ans après, sans y apporter le moindre changement ou la plus petite rectification, la note que nous avait suggérée la sortie de Ségolène. Pour voir si elle avait, ou non, vieilli, sur le fond. Il nous a semblé que, tous comptes faits, elle gardait son actualité.
Qu’en penseront les lecteurs ?….
Note du 22 juin 2007 : Le summum de l’immoralité ?
On se souvient de la colère feinte et forcée de Ségolène Royal lors de son débat télévisé avec Nicolas Sarkozy, juste avant le premier tour de l’élection présidentielle: dans ce qui se voulait une sorte d’éclat, mais qui était manifestement préparé à l’avance, qui sonnait faux et qui fut « sur-joué », Sarkozy se vit accusé d’être « immoral » et d’atteindre « le summum de l’immoralité »: excusez du peu ! le temps d’une tirade de mauvais goût et de mauvaise foi -qui du reste, de l’avis unanime, l’a desservi…- Ségolène devint, ou du moins crut devenir, une sorte de Dieu le Père (pardon, de Déesse la mère…), faisant le Jugement Dernier le jour du « Dies Irae »; et décrétant souverainement, et bien sûr sans appel, qui était et où était le mal (« lui »…) et le bien (« elle »…bien sûr!).
Or voilà que, quelques semaines à peine s’étant écoulées, Madame Royal « tombe le masque », en quelque sorte, et nous asséne tout de go qu’elle a défendu au moins deux idées dans son « pacte présidentiel » qui n’étaient pas les siennes! auxquelles elle « ne croyait pas » ! (sic !), tout simplement parce que ces idées n’étaient « pas crédibles » ! (re-sic !) (ces deux idées étant le Smic à 1.500 euros et la généralisation des 35 heures). La gauche réagit sèchement: pour Claude Bartolone (courant Fabius), Ségolène Royal est tout simplement un danger pour le PS ! Jean-Luc Mélanchon l’accuse de « duplicité » et de « provocation » et parle d’or: si réellement, dit-il, Ségolène Royal pensait que ces mesures n’étaient pas crédibles, pourquoi les a-t-elle défendues ? Le député communiste JP Brard, qui a pourtant soutenu à fond Ségolène…, a le sentiment d’avoir été trompé: bref, « ca barde » à gauche, et ce n’est probablement pas fini…
Mais là n’est pas l’essentiel pour nous: laissons la gauche à ses lamentations et à ses convulsions d’après-défaite, et réfléchissons quelques instants à cette déclaration et à ce qu’elle signifie: les candidats ont-ils tous les droits et peuvent-ils tout se permettre ? est-il normal, est-il acceptable, qu’un(e) candidat(e) « tente le coup » et essaye de se faire élire à tout prix, fût-ce en mentant ? (car c’est bien ce qu’a fait Madame Royal, en proposant au moins deux mesures -et pas n’importe lesquelles, en importance- dont elle savait pertinemment qu’elles ne seraient pas applicables…). Et si on cherche à défendre Madame Royal à tout prix, si on ne pense pas que ce soit un mensonge, alors ce ne peut être que de la légèreté et de l’approximation, qui à ce niveau là s’appellent de l’incompétence: ce n’est guère mieux ! Ou, troisième et dernière hypothèse possible, si ce n’est ni du mensonge, ni de l’incompétence, ce ne peut plus être que de la faiblesse: ne pas arbitrer, ne pas être capable de « faire un choix », alors que précisément « gouverner c’est choisir »….
On voit bien que, de quelque façon qu’on aborde le sujet, les conclusions sont toujours défavorables à Ségolène Royal. Et pourtant, inconscience ou mépris souverain des autres, celle-ci annonce, presque dans la foulée, qu’elle sera très probablement candidate en 2012 !: « J’ai envie de continuer ! » dit-elle: mais de continuer à quoi? à mentir effrontément ? à étaler au grand jour son incompétence ? sa faiblesse ? Tout cela par simple ambition personnelle ?
Et s’il était là, en réalité; et s’il était de son fait « le summum de l’immoralité » dont elle a cru, un jour, pouvoir accuser son concurrent ?….
Henri sur Journal de l’année 14 de Jacques…
“D’abord nous remercions chaleureusement le Prince Jean de ses vœux pour notre pays et de répondre…”