Gustave Thibon aimait à répéter que l’idéal, c’était un minimum de lois et un maximum de moeurs. Qu’avons-nous besoin d’idéologie pour défendre ce que nous sommes, et demander qu’on le respecte ?
En l’occurrence, « on » ce sont ces immigrés venus chez nous sans que nous n’ayons jamais été consultés sur leur présence, et qui passent leur temps à provoquer, comme le remarque fort justement Eric Zemmour (1).
En face, certains, tombant dans le panneau, veulent réagir par des lois à chaque provocation ! La solution n’est pas là. Elle est dans l’affirmation claire et tranquille que rappelait Finkielkraut récemment, « In Rome, do as the Romans do », que cite et reprend Zemmour, « A Rome, fais comme les Romains ». Il suffit de dire « Ce n’est pas français ».
A partir de là, les nouveaux venus qui ne seraient pas contents n’auraient qu’à retourner d’où ils viennent; et les converti(e)s n’auraient qu’à se plier aux moeurs françaises, ou bien -s’ils souhaitent vraiment changer de moeurs- aller vivre dans un doux pays d’Islam, de leur choix….
« …La tradition française reposait pourtant jadis sur une règle non écrite: « A Rome, fais comme les Romains. Au nom du « droit à la différence », du respect des racines, on a fait de la soumission à la moindre tradition ancestrale une liberté intouchable. La laïcité républicaine et l’assimilation française, conçues comme un projet émancipateur arrachant les hommes à leur enfermement identitaire, ont été condamnées comme liberticides, voire racistes. Les mouvements islamistes ont compris; ils multiplient les « provocations militantes ». Certains, à gauche, se réveillent enfin. La droite suit, comme d’habitude. Tous, gênés aux entournures, n’osant dire simplement: « Ce n’est pas français. »
(1): dans son billet de reprise du Figaro Magazine, 22 août 2009, « La provocation du burqini ».
Contrairement à ce que prétendent (Zemmour en tête) les tenants du formalisme « républicain »ce ne sont pas les communautés qui menacent la République, mais la fragmentation individualiste ajoutée au jacobinisme
qui suscite des affirmations communautaires.
Les poussées « communautaristes » ne sont pas la cause de la désintégration de la République, mais la conséquence logique de ses dysfonctionnements.
Elles expriment moins un rejet qu’une réaction de dépit. Le déni de reconnaissance pousse en effet les groupes à
s’affirmer sans plus se sentir liés par une structure et une loi communes, sans plus reconnaître la nécessité d’un espace commun.
Seule peut faire face à ce danger la mise en oeuvre d’une politique de reconnaissance des différences associée à une extension de la participation démocratique et à un renouveau de la notion de citoyenneté fondé sur le principe de subsidiarité.
L’existence de groupes identitaires n’est pas incompatible avec la démocratie, la reconnaissance des communautés peut au contraire créer les conditions d’une meilleure participation à la vie publique, aussi longtemps que les attributions juridiques qu’elles entraînent restent compatibles avec la loi commune.
Il me semble, Thulé, que vous faites un amalgame « savant! » entre les communautés. Si ces communautés signifie : attachement aux cultures, moeurs, traditions, langues… des régions qui composent » le réel » de notre unité nationale, d’accord. Mais défendre la reconnaissance des communautés en les acceptant toutes sans aucune distinction, alors, non. Comment, dès lors, pouvez-vous affirmer votre attachement à la France et à ses valeurs ? Ou, dois-je vous appeler « M Thu et Dr Lé » ?
Mon cher Théo, la précipitation vous égare. La réponse que vous cherchez se trouve dans la dernière phrase de ma précédente note.
Dans le contexte d’aujourd’hui, les distinctions de type classique (pays légal contre pays réel, France « authentique » contre « anti-France ») n’ont plus beaucoup de valeur.
Toutes les populations qui vivent en France sont également
conformées, dès l’enfance, à ne vivre, désirer et penser que sous l’horizon de la marchandise.
La France est un pays qui appartient aujourd’hui à l’espace occidental, espace aux besoins et aux désirs entièrement
modelés par la logique marchande. Elle fait partie d’une civilisation dont toute l’identité réside depuis 1789 dans le fait de ne plus en avoir et qui, après avoir fait le vide en
elle-même, exporte aujourd’hui ce vide à l’échelle planétaire.
L’époque où tout est perdu est la pire et la meilleure à la fois. Il s’agit de rechercher les conditions d’un nouveau commencement, sans s’acharner à vouloir reproduire ce qui à fait faillite.