Et dire que, chez nous, ce pauvre Besancenot persiste à penser et à dire que Ce qu’il nous faut, c’est une bonne vieille révolution !… Mais comment ne voit-il pas que partout, dans le monde, des régimes essayent de se perpétuer en retrouvant au contraire les « bonnes vieilles » habitudes de l’hérédité ou de la cooptation, ce qui lui ressemble malgré tout assez (dans l’Empire romain, on appelait cela l’adoption) ?…
Et le piquant de la chose est que, bien souvent, cette énormité est le fait de régimes prétendument progressistes voire carrément révolutionnaires. L’exemple le plus achevé en est l’extra-ordinaire monarchie marxiste de la dynastie des Kim en Corée du Nord, pays martyr qui, après la mégalomanie du père Kim Il Sung, doit encore se frapper la cinglerie du fils, Kim Jong Il, héritier biologique du roi marxiste-léniniste son père ! Et que dire des Castro à Cuba, des Assad en Syrie, des Khadafi en Lybie (où tout est près pour « après ») ? Le « progressisme » (auto-proclamé…) mène à tout !…
Il ne s’agit bien sûr que d’une ressemblance uniquement formelle avec les apparences extérieures de la monarchie, et on ne voit pas ces régimes créer ce qui fut chez nous un système politique avantageux, bénéfique et protecteur pour le Peuple et la Nation, oeuvrant sur le long terme dans la recherche du Bien commun. Il ne s’agit au contraire que de continuer à confisquer, pour la classe dirigeante, un pouvoir qu’elle a conquis et qu’elle n’entend pas rendre; il ne s’agit que d’un égoïsme de caste, dur égoïsme pratiqué par de durs petits esprits.
Il n’empêche, si l’hypocrisie est bien un hommage que le vice rend à la vertu, cette transmission « monarchique » du pouvoir est bien un hommage que les mouvements révolutionnaires idéologiques rendent au pragmatisme de ces bonnes vieilles monarchies qu’elles ont cru pouvoir abolir…
Effectivement, l’on ne peut pas établir une comparaison parfaite ni même approchante entre notre pays et des nations aussi différentes de la nôtre et, d’ailleurs, aussi différentes entre elles, que le Gabon, la Corée du Nord, Cuba, la Syrie ou la Lybie, auxquelles, d’ailleurs, il faudrait ajouter, je crois, au moins, la Tunisie.
Néanmoins, je ne suis pas sûr que, dans tous les cas, il ne s’agisse « que d’une ressemblance uniquement formelle avec les apparences extérieures de la monarchie ». Ne soyons pas trop méprisants : il doit bien y avoir, dans ces régimes, si détestables puissent-ils être ou apparaître, quelque chose des avantages inhérents à toute monarchie …
Quant à l’égoïsme, ne nous faisons pas trop d’illusion: il est à l’origine de tous les pouvoirs.
C’est Bainville, je crois, qui cite, dans une de ses Lectures, le mot suivant de Jaurès : « C’est entendu, la monarchie fait le bien du peuple, mais par égoïsme, par égoïsme intelligent ».
Ce n’est pas non plus toujours vrai. Mais lorsque ce genre d’égoïsme s’exerce, ce n’est peut-être déjà pas si mal.
Enfin, il y a bien des régimes détestables qui sont remplacés par pires qu’eux : voir l’Irak, où il doit bien y avoir des gens pour regretter l’ordre qui régnait, au moins dans la rue, sous l’affreux Saddam…
Mon cher Reboul, vouloir comparer l’institution monarchique avec une quelconque dictature totalitaire c’est faire beaucoup d’honneur à cette dernière.
En effet, ce qui caractérise l’institution monarchique, c’est l’idée que l’autorité politique qui en émane possède un caractère intrinsèquement sacral et que sa légitimité vient d’en haut.
Le roi « est transcendant » reconnaissait Rousseau.
De plus la monarchie est d’abord un « principe », ce par quoi elle s’oppose aussi bien aux démocraties et aux dictatures modernes qu’a un nationalisme démagogique ou un chauvinisme étroit.
Vous avez raison, cher Sébasto, de souligner le caractère sacral de la monarchie. Cependant, il faut être conscient que celui-ci ne précède pas le pouvoir mais prospère lorsqu’il est établi. Or, le pouvoir, à l’origine, c’est le meurtre.
Mon cher Sébasto,
Il n’est évidemment pas question de comparer l’institution monarchique française dans son aboutissement avec les dictatures dont il a été question, ici, qui sont en effet totalitaires mais qui cherchent à pérenniser leur pouvoir, à le stabiliser, au moyen du bon vieux système héréditaire.
Je rappelle, d’autre-part, que Maurras, n’a pas craint d’envisager que, selon les nécessités des temps, le roi puisse, aussi, au moins momentanément, être « dictateur ». Il est des dictatures néfastes. Il en est aussi des bienfaisantes. Enfin la monarchie française, à ses débuts, comme dans sa floraison, est tout à fait propre à notre nation. Elle n’est pas un principe ou un modèle universellement transposable.
J’ai tendance à penser que, dans la réalité, non pas dans le monde plus facile des concepts, le roi est d’abord un fait, avant de devenir un « principe », avant d’être « transcendant » ou « sacral ».
Enfin, je crains qu’Antiquus ait raison d’écrire que « le pouvoir, à l’origine, c’est le meurtre ». Ce paradoxe – si pénible ou cruel soit-il -n’est qu’apparent.
Le christianisme lui-même trouve – au plus haut degré – son origine dans un meurtre.