…..si tant est qu’elle l’ait jamais été ! Jean-Claude Besida faisait remarquer récemment que l’intervention en Afghanistan dure maintenant depuis neuf ans, soit une durée égale à celle des deux Guerres mondiales réunies. Et pour quel résultats ?
Renforts ou non ? Partir ou rester ? Ce n’est pas nouveau: les dirigeants des pays engagés en Afghanistan doivent faire face à ce dilemme. Ce qui est nouveau, c’est qu’ils sont dans une position de plus en plus inconfortable, et bientôt intenable, face à une opinion publique de plus en plus opposée à l’intervention contre les talibans. Comment prendre en compte les demandes des militaires sur place dans ces conditions ?
L’Otan a essuyé ses pertes militaires les plus lourdes depuis plus d’un an en Afghanistan avec la mort (le samedi 3 octobre) de huit soldats américains dans des combats dans l’est du pays, frontalier des zones tribales où sont cachés des éléments du réseau Al-Qaïda et des talibans.
Or pour le général Mc Chrystal (ci contre), commandant en chef des forces américaines et de l’Otan dans le pays, la situation est simple : s’il ne reçoit pas de renforts, la guerre sera perdue. Sa conclusion était censée restée confidentielle . Mais son rapport de 66 pages, destiné à Robert Gates, le ministre de la Défense, et à Barack Obama, a fait l’objet d’une fuite pour atterrir sur les bureaux du Washington Post et du New York Times. (1)
« Echouer à reprendre l’initiative et à mettre un terme à l’actuelle offensive des insurgés à court terme -en attendant que les capacités de sécurité afghanes murissent- risque de nous amener à une situation où il ne serait plus possible de vaincre« , écrit le général McChrystal. Il souligne surtout que la mission a « manqué de ressources dès le départ » et « continue d’en manquer ». Faute de moyens supplémentaires, la coalition risque « un conflit plus long, plus de victimes, des coûts plus élevés et, au final, une érosion cruciale de soutien politique. Chacun de ces risques… peut entraîner un échec probable de la mission« , prévient-il (2).
Mais cette demande intervient à un moment critique. Après la bavure de Kunduz (ci dessous) -des civils tués dans une frappe ordonnée par un officier allemand-, l’intervention devient de plus en plus impopulaire en Europe. Et après la mort de six soldats italiens courant septembre, Silvio Berlusconi souhaite désormais faire rentrer ses troupes au plus vite.
Persistera-t-on à croire (ou à faire semblant de croire…) que la situation est, ou peut être, militaire ?
(1) : Source : fil AOL, 21/09/09.
(2) : 62.000 soldats américains sont actuellement présents, aux côtés de 38.000 alliés.
Je vois mal comment les alliés peuvent envisager l’échec contre les talibans ainsi ‘al qaida;mais les politichiens sont capables de tout,alors il appartient au nouveau prix nobel de la paix de prendre ses responsabilités.Pour ma part,si je suis opposé à l’intervention Française,je pense que les EU doivent intensifier leurs efforts;
Je pense, moi aussi, que les forces françaises doivent être retirées d’Afghanistan.
En revanche, je doute fort que les « alliés » puissent y atteindre jamais les objectifs qu’ils se sont inconsidérément fixés, à savoir : y établir une démocratie, y construire un Etat, le doter d’une armée, d’une police, d’une administration, et des différentes institutions, structures et infrastructures qui leur paraissent aller de soi, partout dans le monde …
A cet égard, leur intervention en Afghanistan ne peut guère, selon moi, que se solder par un échec.
J’ai tendance à penser que le régime politique dont se dotera l’Afghanistan, si l’on peut, d’ailleurs, s’exprimer ainsi, n’est pas notre affaire.
Qu’est-ce donc qui nous importe vraiment ? A mon sens, avant tout, assurer la sécurité de notre territoire face au terrorisme.
Il y a, pour cela, me semble-t-il, bien d’autres moyens que d’aller s’enliser en Afghanistan ou ailleurs.
Faut-il que les Etats-Unis y intensifient leurs efforts ? Je dirai d’abord que cela les regarde; ensuite que, quels que soient les moyens mis en oeuvre, si leurs objectifs demeurent aussi irréalistes que ceux que j’ai mentionés plus haut, l’échec, quoiqu’on souhaite, est évidemment au bout de l’aventure …
Comment voudrait-on que l’opération afghane réussisse quand le commandant-en-chef, lui-même, doute que ce soit possible et le dit publiquement ?
Et comment pourrait-il vaincre, alors qu’il a la naïveté de vouloir « mettre un terme à l’actuelle offensive des insurgés à court terme – en attendant que les capacités de sécurité afghanes murissent ». Comment donc mûriraient-elles ? Comment auraient-elles la moindre unité, dans un peuple qui n’en a pas ? Où les conflits tribaux sont séculaires et permanents ?
Les Afghans ne sont unis que sur un point, et il est de taille : le rejet de l’occupant étranger.
Que ce soit regrettable ou non, si l’on ne s’en rend même pas compte, on est fait pour perdre.
Le nobel à Obama n’y changera rien.
Avez-vous lu la réaction du Général Salvan à
l’affaire des clandestins de Calais ? C’est le court texte qu’il a envoyé au journal Le Monde pour le courrier des lecteurs, le lundi 28 septembre 2009. Le voici:
« J’étais révolté en regardant les informations le 27 septembre. A Calais et diverses villes de France, de jeunes Afghans, en pleine forme, venus chercher fortune en Europe, sont contrôlés par la police et remis en liberté par la justice française.
Tous les jours, de jeunes militaires américains, britanniques, français etc. se font tuer pour défendre en Afghanistan les droits de l’homme et de la femme. Pendant ce temps, des Français dont la générosité dépasse le bon sens, entretiennent ces jeunes Afghans qui ont refusé de participer au combat que nous menons. Cela porte un nom : ils sont insoumis ou déserteurs..
Si notre gouvernement croit sérieusement à l’engagement occidental en Afghanistan, pourquoi ne pas avoir embarqué ces jeunes gens dans des avions pour Kaboul, et les avoir confiés aux centres de formation des polices et des armées afghanes ? Si au nom des droits de l’homme, de jeunes Afghans doivent rester paisiblement en Europe pendant que nos soldats se font tuer à leur place, il vaudrait mieux rapatrier nos troupes, et vite.
Général (2e section) J.G.Salvan »
Le Général Salvan considère donc que « tous les jours, de jeunes militaires américains, britanniques, français etc. se font tuer pour défendre en Afghanistan les droits de l’homme et de la femme ».
C’est pour cela qu’ils perdent là-bas et pour cela aussi qu’ « à Calais et diverses villes de France, de jeunes Afghans, (…) venus chercher fortune en Europe, sont contrôlés par la police et remis en liberté par la justice française ».
En tous temps, les militaires de toutes les nations se battent d’abord pour leur patrie. Ce n’est évidemment pas leur mission que de se faire « tuer en Afghanistan pour défendre les droits de l’homme et de la femme ».
C’est parce que les politiques français – et d’ailleurs, aussi, « alliés » – fondent ou prétendent fonder leur action sur de telles abstractions idéologiques qu’ils s’enlisent et continueront de s’enliser en Afghanistan et que nos jeunes y meurrent pour rien.
Et c’est le même idéologie qui fait que les jeunes Afghans, contrôlés par la police sont remis en liberté par la justice française.
Les juges aussi, en France, travaillent pour « les droits de l’homme et de la femme ». Il y a, en effet, bien longtemps qu’on ne leur a ni demandé ni appris à travailler pour la France, tout simplement.