Nous n’avons pas écrit ce que nous avons écrit pas plus tard que vendredi dernier (1) pour ne pas prendre acte, sans autre(s) commentaire(s), du résulltat de l’élection présidentielle tunisienne.
Certes le régime tunisien est ce qu’il est, et son dirigeant avec. Et alors ? Allons nous faire la guerre à tous les pays du monde qui ne partagent pas nos valeurs ( ? ) pour les faire changer de force ? Il faut en finir avec cet insensé, puéril et dangereux interventionnisme idéologique républicain, né avec la Révolution, qui pousse une partie du Pays légal à se mêler des affaires des autres, à leur donner sans cesse des leçons, et éventuellement à leur faire la guerre (militairement ou d’autres façons…), faisant passer l’intérêt national après l’idéologie.
Ce que Pierre Boutang raillait, en critiquant ceux qui raisonnaient (ou, plutôt, pensaient raisonner…) à partir de phobie et de philè
Notre position est claire, en ce qui concerne n’importe quel pays de la nébuleuse islamique (aujourd’hui, en l’occurrence, la Tunisie). Les choses étant ce qu’elles sont, et les rapports monde(s) musulman(s)/monde(s) non-musulman(s) étant ce que nous savons tous, il ne faut prendre les choses qu’avec réalisme et pragmatisme, et totalement dénués de la moindre idéologie. En évitant absolument, et en tout, de faire de l’Islam un bloc, et de le considérer comme totalement uni ou totalement monolithique. Il l’est, certes, en partie, voire en grande partie. Mais ses divisions sont réelles et notre intérêt n’est pas de les coaliser. Il est d’éviter absolument de souder entre elles, en les rejetant indistinctement, toutes les composantes du monde musulman.
Il faut bien admettre qu’il y a, en terre(s) d’Islam, des gens raisonnables et/ou mesurés, avec qui l’on peut – et l’on doit – discuter. Leurs préférences religieuses, leurs débats internes ne sont pas ce qui doit orienter notre politique à leur égard. Ce qui nous importe, c’est leur attitude envers nous, leur politique dans leur relation avec nous : amicale ou hostile, compatible, ou non, avec nos intérêts nationaux. Le reste serait, de notre part, une inutile – voire nuisible – politique d’ingérence.
L’erreur de trop de gouvernants occidentaux (et de ceux des USA en particulier) est d’avoir -d’une façon quasi constante- fait fond sur les mouvements islamistes plutot que nationalistes arabisants laïques. Les Usa ont, par exemple, cru malin de mettre Ben Laden en selle pour contrer les Russes, envahissant l’Afghanistan: beau manque de perspicacité ! Au risque de surprendre, et peut-être même de choquer, n’aurait-on pas mieux fait -et ne ferait-on pas mieux- de soutenir, au contraire, des régimes laïques ? Nasser hier, en Egypte, ou les Assad en Syrie, et même… Saddam Hussein en Irak ? Et, bien sûr, Ben Ali en Tunisie ?
Tous régimes, certes, très imparfaits, voire voyous pour certains, mais qui au moins ne cherchaient pas (et ne cherchent toujours pas, en Syrie, en Tunisie…) à lancer une guerre politico-religieuse contre nous, et s’occupaient (s’occupent toujours, en Syrie, en Tunisie…) de contenir les islamistes ?
(1) : Voir la note « Tensions et contradictions des mondes islamiques….. », dans la Catégorie » International ( 2 : Monde …) ».
D’accord avec vous. Le but d’une politique étrangère saine et positive n’est pas de juger les bons et les mauvais, ni de dire où est le bien et où est le mal. Il est d’agir au mieux de l’intérêt national et de ce que nous dictent nos légitimes solidarités européennes. Le régime de Ben Ali n’est certainement pas ce qui se fait de mieux sur terre, et pourtant, dans l’intérêt de la France et de l’Europe, mieux vaut lui à Tunis « qu’un autre »….
La révolution est bel et bien une autre religion, avec sa morale, son décalogue et son jugement dernier. Et si la république idéologique, qui en est issue, à chassé Dieu le père, en décrétant qu’il n’existait pas, elle passe son temps à faire, elle, « son » jugement dernier, en séparant les bons des mauvais, à partir de ses critères idéologiques.
Est-ce bien raisonnable ? Est-ce tout simpement sérieux ?
D’accord, bien sûr pour raisonner en termes pragmatiques et non idéologiques. Nous n’avons pas pour mission de donner des leçons au monde entier. Cela dit, cela s’applique à tout le monde et non pas seulement à Ben Ali. Il faut étendre le raisonnement à la Chine et à Cuba, par exemple.
Ben Ali, Boutef, M6, ce sont eux ou le chaos. Donc le choix est vite fait, meme si le mot est inaproprié. Quand aux donneurs de leçon, specialité francaise comme il se doit, ils feraient mieux de regarder leur déficit budgetaire et leur naturelle propension au déclin et à la sublimation de la paupérisation.