Complaisamment exhibés par des journalistes plus gauchos-trotskos que professionnels, Rahmatullah et Ahmad -qui se sont complaisamment aussi prêtés au jeu- sont deux Afghans impayables. On veut bien admettre qu’ils sont malheureux, et on veut bien compatir à leur triste sort. On veut bien trouver qu’ils n’ont peut-être pas de chance d’être afghans. Mais, quand ils disent qu’ils sont ici, c’est-à-dire chez nous, et qu’ils s’énervent, en disant qu’ils ne partiront pas car « ce qu’ils veulent ce sont leurs droits », là, il y a de l’abus.
Car, qu’y pouvons-nous, nous, s’ils ont des problèmes dans leur pays ? Ce n’est pas en nous mettant en demeure -en quelque sorte- de régler leur(s) problème(s) qu’ils feront avancer les choses, tout simplement parce que la France n’a pas juridiction en Afghanistan, et n’a de toutes façons aucun moyen d’action dans ce pays; et ce n’est pas en venant comme clandestins, ici, qu’ils contribueront à résoudre les problèmes, là-bas….
Ahmad et Ramatullah se sont donc énervés, devant des micros complaisamment tendus, en disant qu’ils ne partiraient pas, et en clamant qu’ils avaient des droits. Certes. Mais, nous aussi, nous avons des droits. Par exemple, celui de vivre paisiblement sur le sol de nos ancêtres, sans que la terre entière ne vienne importer, chez nous, les problèmes de la terre entière.
Ce droit est -entre autres, et par exemple- explicitement mentionné dans l’encyclique Caritas in Veritate:
« Le phénomène des migrations est un autre aspect qui mérite attention quand on parle de développement humain intégral….Nous pouvons dire que nous nous trouvons face à un phénomène social caractéristique de notre époque, qui requiert une politique de coopération internationale forte et perspicace sur le long terme afin d’être pris en compte de manière adéquate. Une telle politique doit être développée en partant d’une étroite collaboration entre les pays d’origine des migrants et les pays où ils se rendent; elle doit s’accompagner de normes internationales adéquates, capables d’harmoniser les divers ordres législatifs, dans le but de sauvegarder les exigences et les droits des personnes et des familles émigrées et, en même temps, ceux des sociétés où arrivent ces mêmes émigrés. Aucun pays ne peut penser être en mesure de faire face seul aux problèmes migratoires de notre temps. » (n°62).
Ahmad et Ramatullah, avec leur énervement savamment mis en scène devant les micros complaisants de journalistes à l’esprit tordus (et, redisons-le, plus militants politiques que vrais journalistes…), auront eu au moins un mérite -probablement très involontaire-: celui de poser le problème de fond. En parlant de leurs droits, qui certes existent, ils permettent de faire opportunément ressortir les nôtres, qui n’en existent certainement pas moins.
Les manipulateurs en seront pour leurs frais: tel est pris qui croyait prendre…..
Sincèrement, je ne vois pas quelle est la direction concrète proposée par l’encyclique Caritas in Veritate. Des accords entre les pays des migrants et les pays qui les accueillent malgré eux? Pensez-vous que l’on puisse obtenir du Mali qu’il contraigne ses nationaux à rester chez eux plutôt que d’aller toucher le RMI en France? Même s’il désirait le faire-et il ne le désire pas car son intérêt est tout au contraire de laisser les gens partir car cela fait baisser la pression interne et procure des devises par la suite- il serait impuissant à réaliser cette tâche. Je dirai donc très respectueusement à notre bien aimé Saint Père que ses propos ne sont que billevesées et coquecigrues.
Pour répondre à Antiquus, il convient de préciser que la question complexe de l’immigration, qu’elle réponde aux appels répétés de l’OMC relayés par Bruxelles pour pallier le déclin démographique de l’Europe ou à la nécessité de recueillir les réfugiés politiques fuyant les guerres civiles et les dictatures sanglantes, est surtout l’effet d’une poussée irrésistible du sud vers le nord d’ordre presque mécanique (principe des vases communiquants, trop plein démographique et pauvreté au sud, viellissement des populations et « richesse » au nord) et qui ne pourra être contenue que par une concertation intercontinentale. c’est le rôle du Pape que de rappeler la necessité d’échanges Nord-Sud.
La france dans ce domaine devra bouger vite fait, car une colonisation rampante sino-américaine est en cours, et c’est nous qui accueillons toute la misère du monde.
L’Elysée serait bien inspirer de penser à une vrai politique Africaine, car tout se tient….
Désolé, Perceval, mais la « concertation intercontinentale » en ce domaine est une chimère. C’est exclusivement entre nos mains et dans nos têtes que réside la maîtrise des flux migratoires. D’autant que, sur d’autres continents, il y a une richesse comparable, et les migrations n’ont rien d’irrésistible: en Arabie saoudite, par exemple, il n’y a pas de maintien des immigrés qui sont expulsés dès la fin de leur contrat de travail.
Le rôle du pape, en l’occurrence, est de substituer à l’art du politique les lubies d’une morale qui n’a rien à y faire.