( Pour plus de commodité, nous avons remis ici, sous forme de PDF, l’intégralité des propos présidentiels: Dans une tribune publiée par Le Monde.pdf ).
Plunkett, lui, a préféré centrer sa réflexion sur le néolibéralisme, qui détruit tout (sociétés, Nations…).
Très interéssant billet, qui ramène finalement à la question centrale du Maurras de l’Avenir de l’Intelligence, dont Boutang disait que le lire c’était aller à l’essentiel : Argent, qui t’a fait roi ? La Révolution de 1789 n’a fait en définitive qu’ouvrir toutes grandes les portes à l’Argent, que plus aucun pouvoir basé sur les forces spirituelles, morales, culturelles n’est capable de maintenir dans ses sphères légitimes, et qui remplit et occupe toute la place: c’est le siècle de Fer qu’avait entrevu Maurras, qu’évoque ici Plunkett….
Sarkozy parle de l’identité nationale : une tribune intéressante, mais qui contourne le vrai problème…c’est-à-dire la destruction des nations (et de toute société) par le néolibéralisme :
Le « débat sur l’identité nationale » n’est pas sérieux parce qu’il contourne le vrai problème…: l’idéologie libérale, qui vidange les contenus (moraux, spirituels, culturels) et ne laisse subsister qu’un individualisme de consommateur, réduit à la seule liberté d’errer entre les rayons (vidés) d’un introuvable « vivre ensemble ». Cette errance est ce que les médias, la pub et les politiques nomment « tolérance » et « métissage » ; double abus de vocabulaire, la « tolérance » ne pouvant exister qu’entre des convictions (or elles sont vidangées), et le « métissage » consistant à fusionner (non à laisser l’individu à lui-même).
Dans ce mauvais climat créé par le libéralisme, le pseudo-débat sur l’identité nationale est aussi vide que le reste. Toute identité nationale se ramène à la formule de Simone Weil : « L’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. C’est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. » Pour comprendre cette définition, il faut admettre : a) que l’être humain a une « âme », pas seulement des pulsions égocentriques ;
b) que la collectivité existe et ne se réduit pas à une juxtaposition d’atomes individuels ;
c) et que la participation à la collectivité doit être « réelle » (non les faux-semblants de la postdémocratie), « active » (non le show médiatique) et « naturelle » (non la récitation d’un prêt-à-penser). Ces trois points sont étrangers à la société de consommation, produit de la philosophie libérale.
Que penser de la tribune libre de Nicolas Sarkozy, dans Le Monde daté d’aujourd’hui ? Gérard Leclerc l’approuvait ce matin de reconnaître (contrairement à Chirac) la « trace profonde » que la civilisation chrétienne « a laissé » en France. Même conjuguée ainsi au passé, une civilisation est un contenu culturel, moral et spirituel. Le reconnaître n’est pas une attitude libérale. Le texte du chef de l’Etat constate que plus la mondialisation malaxe l’humanité, « plus on a besoin d’ancrage et de repères, plus on a besoin de sentir qu’on n’est pas seul au monde. Ce besoin d’appartenance, on peut y répondre par la tribu ou par la nation, par le communautarisme ou par la République. »
Ensuite il affirme : « L’identité nationale, c’est l’antidote au tribalisme et au communautarisme ». Il a raison, si la nation reste une collectivité capitalisant une mémoire pour avancer dans l’avenir. Mais si la nation perd cette faculté d’habiter le temps (et de l’habiter ensemble), si elle se dissout en foule de consommateurs et de salariés-chômeurs affolés par la minute présente, oublieux d’hier et d’après-demain ? Alors la nation est de moins en moins « nation », et le débat sur son identité n’a plus de sens. Le débat est donc nul s’il ne s’accompagne de la mise en cause de ce Moloch : le néolibéralisme économique et financier, qui détruit moralement et socialement les communautés humaines.
Croyez-vous sérieusement comme ce brave Plunkett avoir percé la « raison » de M. Sarkozy quant à la nation et son identité. Il m’étonnerait que la tribune ait été écrite par lui. Je pense même qu’il l’a juste lue en travers avant de signer. Il n’a pas le temps.
M. Sarkozy est en campagne électorale permanente, il doit ponctionner des voix au FN pour que l’UMP conserve les régions Alsace et Corse aux prochaines. D’où les incantations guainoïques
Sa « raison » est aussi vulgaire que cela.