De Polytechnique à Don Bosco (1), Jean-Marie Petitclerc, personnalité atypique s’il en est, s’est fait connaître par ses nombreuses conférences, par ses ouvrages – il a publié plus d’une dizaine de livres sur le thème de l’éducation et des actions de prévention – et par son action dans les quartiers sensibles.
Il a encore publié, récemment, Pour en finir avec les ghettos urbains, dans lequel, dès l’introduction, il écrit: « Cet ouvrage se veut le cri de celui qui ne peut accepter que la situation empire encore ».
Sa thèse ? L’échec de la politique de la Ville réside dans le zonage : il s’est agi principalement de financer des activités dans les quartiers pour les habitants des quartiers. Une telle politique n’a pas réussi à enrayer la spirale de la ghettoïsation.
Jean-Marie Petitclerc sait de quoi il parle: on se souvient qu’il a passé dix-huit mois « chez » Christine Boutin, alors ministre du Logement et de la Ville. Un prêtre au gouvernement ! En aura-t-on assez parlé !…
C’est justement ce passage dans les hautes sphères qui lui permet de faire deux constatations majeures. Une critique, d’abord : le système oblige les responsables à agir à chaud, sous le coup de l’émotion. Le contraire du temps long et des décisions mûrement réfléchies, en somme. « Le drame -écrit-il- c’est que la pression médiatique oblige à dévoiler des solutions avant d’avoir pris le temps de poser sérieusement le problème ». Une proposition, ensuite: la mixité sociale. Il ne sert à rien de mettre encore des millions d’euros, après ceux qui y ont déjà été mis, dans les banlieues. Il a, sur ce point, mille fois raison: même doré à l’or fin, un emplâtre sur une jambe de bois reste, aussi beau soit-il, un emplâtre sur une jambe de bois ! Il faut sortir les jeunes de leurs ghettos, si l’on veut les intégrer, dit Jean-Marie Petitclerc.
On admirera le zèle du croyant -du chrétien- qui veut être présent sur un terrain où d’autres seront, si l’on n’y va pas, avertit-il, avec justesse. Soit. Mais on est en droit aussi de se poser quelques questions. Telle celle-ci: ces jeunes, dont « on » souhaite l’intégration, la veulent-ils, vraiment ? Certainement oui, pour une part. Et, semble-t-il, très probablement non pour une autre part.
Et, là, que faire ?… Les bonnes intentions suffisent-elle ? Et les beaux projets?…
(1) : Si l’on aimait jouer au petit jeu des ressemblances ou des similitudes, on pourrait dire qu’il y a un peu d’Ignace de Loyola chez Jean-Marie Petitclerc. Brillant élève de l’Ecole polytechnique (qu’il intègre en 1971), comme Ignace était un brillant capitaine, ils semblent promis, l’un et l’autre, à un bel avenir terrestre. La blessure d’Ignace, qui l’immobilise de longs mois, ne laisse d’autre activité à son tempérament bouillonnant que la lecture: il en sortira transformé pour la vie, soldat, toujours, mais du Christ cette fois, et dans sa Compagnie exclusivement, celle « de Jésus ». Très sportif (trop ?) c’est aussi une blessure qui cloue Jean-Marie Petitclerc sur un lit d’hôpital. Bien que différente de celle d’Ignace, et reçue d’un autre endroit -la pratique excessive du sport- la période de réflexion imposée lui fera découvrir le pédagogue italien Giovanni Bosco: il deviendra prêtre salésien.
L’avenir dira si la comparaison s’arrête là, ou se poursuit…
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