Dans un entretien accordé au Progrès, Mgr Brincard, évêque du Puy-en-Velay, s’est exprimé sur le travail dominical. Et il ne mâche pas ses mots (il a bien raison…) : le travail dominical c’est « le triomphe de l’Argent devenu Dieu ».
Bain de foule pour l’évêque du Puy
Il est normal qu’un Prince de l’Église emploie un vocabulaire religieux (« Argent-Dieu »), là où un Blog politique, comme le nôtre, emploiera plus spontanément un vocabulaire profane (« Argent-Roi »). Cette différence d’angle de vue, pour importante qu’elle soit, n’empêche pas que la conclusion soit la même. On le sait : la recherche de convergences, chaque fois qu’elles sont possibles, qu’elles sont réelles, est une règle que nous nous sommes donnée.
Nous noterons donc avec intérêt, sur ce point précis du travail dominical, que l’analyse de Mgr Brincard et la nôtre se rejoignent sur le fond, c’est-à-dire sur l’essentiel. Dans notre Âge de fer, les forces matérielles brutes – ce que Maurras appelait l’OR– imposent leur loi d’airain là où elles ne sont pas contenues, maintenues dans leur ordre, et dans leur sphère légitime, par des pouvoirs tirant leur(s) origine(s), et leur(s) force(s), de tout ce qui peut, justement, les contenir et les dominer : l’Histoire, la Religion et la Spiritualité, la Culture… ce que Maurras appelait le Sang. Il n’utilisait, d’ailleurs, ce terme nullement en son sens biologique. Le sang représentait simplement, dans son analyse, les forces de l’Histoire et de la Tradition opposées aux puissances d’argent.
Et c’est bien là que l’on mesure l’erreur historique incalculable (et pas seulement pour la France, mais pour le monde entier) qu’a constitué la Révolution française. En mettant à bas un édifice séculaire qui valait ce qu’il valait, et qui ne le faisait peut-être pas toujours, et pas toujours assez bien, mais qui affirmait la Transcendance face aux choses d’ici-bas, la Révolution n’a remplacé cet édifice par rien de vraiment consistant. Les nuées creuses et les théories vaines par lesquelles elle a cru qu’elle allait régénérer la France, l’Europe et le Monde, n’ont pesé d’aucun poids face à la puissance des forces de l’Argent, de l’Or, dorénavant seules, et plus contenues, plus maintenues dans leur ordre et dans leur sphère. Une fois disparu le pouvoir politique venu de l’Histoire et du fond des Âges, bâti sur la Foi, la Spiritualité, la Culture et la Civilisation, l’Argent est seul, il a occupé toute la place, il a pris tout le pouvoir.
Comment ne pas voir la logique profonde de cet enchaînement des choses ? C’est dans Maurras, et cela s’appelle L’Avenir de l’Intelligence. Sans les mots – car ce n’est pas directement son rôle – Mgr Brincard ne dit pas autre chose lorsqu’il constate cette prise du pouvoir par l’Argent, par l’Or.
C’est notre rôle à nous, dans la sphère politique, de le dire, le redire et le redire encore, à temps et à contretemps.
C’est paru en 1903, et cela nous parle de ce qui se passe aujourd’hui, en 2009, de notre Âge de Fer…
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