A ce niveau-là, ce n’est plus du déficit, ce n’est plus vivre à crédit, c’est tout simplement: du vol. Toutes les personnes sérieuses et compétentes savent bien que, si l’on voulait vraiment retrouver une situation saine, il faudrait soit rembourser, soit -pour libérer l’Eta de sa dette- faire de l’inflation. Mais qu’est-ce que c’est que l’inflation, outre les risques qu’elle comporte, qu’une forme légalisée de vol des gens, des petits contribuables de base, qui, en définitive payent les erreurs, les incapacités, l’incurie et les folies de leurs mauvais gouvernants ?
Ces chiffres aussi, vertigineux et ahurissants, après les promesses mirobolantes de régénération au nom desquelles on a installé le Totalitarisme et pratiqué le Génocide; ces chiffres, donc, nous disent eux aussi l’échec du merveilleux système…..
On peut, évidemment, prendre les choses du bon côté, et lire -ou relire- avec philosophie le court extrait suivant, tiré du Diable rouge, la pièce d’Antoine Rault, dans laquelle on entend ce dialogue entre Colbert -en phase ascendante…- et le cardinal Mazarin, en fin de course.
Si le propos peut évidemment ramener à la situation d’aujourd’hui, force est tout de même de constater que la république idéologique – qui trouve ses fondements dans la Révolution- a littéralement pulvérisé les dépenses et les déficits que l’on connaisait du temps de la Royauté. Et qu’elle a fait, en matière de dépenses, de gabégie et de déficits, mille millions de fois mieux -c’est, évidemment, pire que nous voulons dire…- que les Rois !…..
Maurras et Bainville ne disaient-ils pas que les révolutions prolongent au moins autant qu’elles n’innovent: là, chapeau bas…
-Colbert: Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou.
-Mazarin: Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’Etat, L’Etat, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’Etat en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les Etats font ça.
-Colbert: Ah, oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?
-Mazarin: On en crée d’autres.
-Colbert: Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.
-Mazarin: Oui, c’est impossible.
-Colbert: Alors, les riches ?
-Mazarin: Les riches non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.
-Colbert : Alors, comment fait-on ?
-Mazarin : Colbert, tu raisonnes comme un fromage (comme un pot de chambre sous le derrière d’un malade) ! il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches. Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser. C’est un réservoir inépuisable….
La responsabilité des Français, est, à mon sens, engagée aussi.
Que nos gouvernants aient été, souvent, de fort mauvais gestionnaires, qu’ils aient laisser proliférer plus que nécessaire, une administration, tentaculaire, parfois très performante et d’une remarquable efficacité, d’autres fois fainéante, arrogante et improductive; que l’Etat, mais pas seulement lui, les collectivités territoriales aussi, aient vécu très au-dessus de leurs (nos) moyens, cela est clair, évident.
A mon sens, les Français portent aussi, dans l’affaire, leur part de responsabilité. Et elle n’est pas mince. Individuellement, ils sont responsables d’une multitude de gaspillages de tous ordres, en particulier dans leur façon de se soigner, voire d’abuser du système social, dont la plupart, d’une manière ou de l’autre, entendent, tout simplement, profiter au maximum; ils sont responsables collectivement parce que, si tous souhaiteraient payer moins d’impôts, ou de taxes, auxquels, d’ailleurs, ils ne « consentent » jamais réellement, contrairement aux avis de DC, majoritairement, ils refusent, selon les sondages, les mesures qui permettraient de réduire les dépenses de l’Etat ou des collectivités locales, notamment la réduction du nombre de fonctionnaires. Les français n’ont cessé de revendiquer toujours plus d’avantages, toujours plus de protection, toujours plus d’aides de toute nature ; comme s’ils ignoraient que ce serait à eux de payer un jour, ils demandent toujours plus à l’Etat, lequel, parce qu’il est faible et de nature exclusivement élective, ne leur refuse, bien-sûr, presque jamais rien …
Ainsi, à mon avis, dans l’accroissement, en effet, excessif, de la dette publique, la responsabilité est générale et partagée. Le peuple français, à cet égard, ne peut être exonéré de ses inconséquences et de son piètre bon sens, dès lors que ce ne sont pas ses deniers propres qui sont directement engagés.
Bien-sûr, la dette – en raison de son énormité, hélas, grandissante et que la croissance, pour l’instant, ne vient plus, au moins en partie, financer, devra être, d’une façon ou d’une autre, un jour ou l’autre, remboursée.
Sans-doute inventera-t-on, pour cela quelques moyens nouveaux plus subtils qu’autrefois. Mais compte-tenu du volume de la dette, il me semble plus que probable que le recours à l’impôt et, plus encore, à l’inflation, s’avèrera nécessaire.
L’inflation a l’avantage de « ruiner » en priorité les classes dites inactives qui n’ont pas grand moyen – comme les salariés – de se défendre et sont, par définition, les rentiers et, de nos jours, essentiellement les retraités.
Ainsi, les Français finiront-ils, par payer, à la fois, les erreurs de l’Etat et les leurs propres, qui, à mon avis, se confondent assez largement.
Peut-être cette pensée est-elle malséante parce que nul n’a l’audace ou l’envie de critiquer, aussi, l’inconséquence des peuples. L’on préfère, toujours, s’en prendre, exclusivement, à l’Etat. Ce n’est pas, je crois, tout à fait juste, encore moins tout à fait vrai.
Les « riches » dépensent-ils en France ? ou thésaurisent-ils en France, si ce n’est pas à l’étranger ?mais aussi et surtout, les grands groupes multinationaux français ne planquent-ils pas leur argent dans les paradis fiscaux ? Et les fuyards fiscaux, car il ne s’agit pas là d’évadés, pour lesquels Eric WOERTH déroule le tapis rouge avec un faible succès ne contribuent-ils pas au déficit de l’Etat, mais dans l’autre sens ?
L’inflation, du vol, pourquoi pas, mais le manque à gagner fiscal de l’Etat, rien que les niches fiscales, 70 milliards d’euros, sans compter toutes les autres exonérations, l’absence de taxation des revenus financiers pour les retraites par exemple, n’est-ce pas du vol pour l’Etat ou plutôt pour ceux qui continuent de payer leur juste part, c’est à dire, la grande majorité des Français, sans aucun moyen de se soustraire à leur juste contribution ?
Si l’Etat doit certes faire des économies, améliorer la gestion de ses services, et non pratiquer la casse des services publics, il doit surtout faire rentrer l’argent là où il se trouve plutôt que de faire supporter à la majorité des Français le remboursement d’une dette insupportable dont une minorité de Français sont exonérés ou pire, prête à l’Etat moyennant intérêt, de l’argent qu’elle soustraie à la collectivité, où est le vol ? Telle est la question.
Pour compléter les propos échangés dans le domaine
économique, il serait utile que les royalistes
s’intéressent aux articles et publications de l’économiste
Jacques SAPIR qui démontre avec brio la logique du
système dans lequel nous vivons, ses incohérences et
injustices qui mènent au nom d’une idéologie ultralibérale
aux pires catastrophes qui ne sont qu’à venir.
Dans le domaine économique, les royalistes sont mieux
placés que le Front de gauche pour mettre en cause un
système qui s’oppose à l’intérêt national, car nous avons
avant tout le souci de l’unité nationale, avant celui de la
lutte des classes.
Jacques Sapir est un souverainiste qui prone une économie alternative dirigée. Rien de nouveau. Voir à ce propos les expériences dans les pays totalitaires.
Il ne faut pas se fier à ce type de discours idéologique et au contraire garder sa capacité de réflexion.
Les bonnes questions à se poser : la croissance est-elle possible avec un chômage élevé? Comment faire face à la concurrence asiatique sans précariser notre main d’oeuvre? Comment réduire la dette ? Comment payer les retraites ? Où sont passée les milliers de milliards injectés dans le système? etc….Tous le reste n’est que balivernes.
Bonjour Thulé,
Les balivernes sont celles dont nous abreuvent
quotidiennement les ultra-libéraux.
Comparer Jacques Sapir à un économiste de pays
totalitaire, c’est se voiler la face.
Les raisons d’un chômage élévé selon vous ?
Les raisons d’une concurrence asiatique débridée, selon
vous ?
Les raisons d’un manque de financement des retraites
selon vous ?
Ou se trouvent en effet les milliards injectés dans le
système, les milliards de profit réalisés, selon vous ?
Une explication essentielle est au coeur des réponses, la
course aux taux de profits les plus élevés, non pas au
bénéfice de l’ensemble de la nation, mais seulement au
profit d’une oligarchie mondialisée très minoritaire, mais
infiniment puissante, et au discours très libéral.
Etre royaliste ne consiste pas à servir cette oligarchie,
mais à servir l’intérêt national, ce qui est très différent.
Lorsque les milliards qui manquent à l’Etat lui seront
restitués, par la volonté politique, et seront mis au service
du développement et non de la spéculation, lorsque le
plein emploi sera l’objectif prioritaire, les questions que
vous posez n’auront pu lieu d’être.
Il faut arrêter de pleurer misère sur des financements que
l’on ne parvient pas à trouver pour financer les retraites
bien méritées de ceux qui ont travaillé, et de considérer
l’augmentation de l’espérance de vie comme un fardeau.
Depuis 1945, la France n’a pas cessé de s’enrichir mais la
richesse produite ou plutôt la valeur ajoutée n’a pas été
équitablement répartie, c’est le problème que la majorité
de nos dirigeants n’ont pas le courage ou la volonté
d’aborder.
Si ces milliards avaient seulement disparu dans des
gaspillages, il ne s’en trouverait pas que l’on cite
chaque jour, en paradis fiscaux, niches fiscales, profits
bancaires, et autres …
En ayant prêté aux banques des milliards d’euros sans
contrepartie, l’Etat vient certes de se rembourser avec
intérêts, mais celles-ci s’y sont empressées pour mieux
avoir les mains libres et continuer entre autre, à verser
des bonus à leurs traders. Rien qu’en imposant ces bonus
à seulement 50% et à partir de 27500 euros, l’Etat va
empocher plus de 300 millions d’euros, qu’il va affecter
aux PME.
Voyez vous Thulé, avec un peu de volonté, on finit par
trouver des solutions et lorsque l’on prétend demander à
la majorité des Français, de faire toujours plus d’efforts, il
faut s’assurer que cette demande est légitime, or il se
trouve que dans l’état actuel des choses, elle ne l’est pas.
Mon cher DC, je n’ai pas de réponse à ces questions, mais ce dont je suis sur c’est que l’Etat-Providence ne peut pas se substituer intégralement aux formes de protection communautaire qui se sont effondrées sous l’effet de l’expansion du marché.
Par rapport à ces anciennes formes de protection sociale, il présente en effet des caractéristiques qui sont autant de limitations des bénéfices qu’il peut apporter. Alors que les anciennes solidarités reposaient sur un échange de prestations mutuelles qui impliquait la responsabilité de tous, il pousse à la déresponsabilisation et transforme les sociétaires en assistés. Alors que les anciennes solidarités s’inscrivaient dans un réseau de relations concrètes, il se présente comme une machinerie abstraite, anonyme et lointaine, dont on attend tout en pensant ne rien lui devoir.
La substitution aux anciennes solidarités, immédiates, d’une solidarité impersonnelle, extérieure et opaque, est donc loin d’être satisfaisante. Elle est au contraire à la source même de la crise actuelle de l’Etat-Providence qui, de par sa nature même, semble voué à ne pouvoir metttre en oeuvre qu’une solidarité économiquement inefficace parce que sociologiquement inadaptée.
Cher Thulé,
Il ne vous a pas échappé que l’économie est mondialisée,
que les marchés sont largement ouverts, et que ce sont
eux qui font la loi, tout au moins en matière économique,
compte tenu de la soumission de nos politiques à cet
« ordre »mondial, essentiellement financier.
Les formes de protection communautaires dont vous
parlez sont effectivement absentes ou réduites à
s’exercer de manière limitative.
Vous parlez d’anciennes solidarités, soit, mais nous ne
pouvons plus fonctionner selon les corporations d’Ancien
Régime ! Nous avons l’Etat, la Sécurité sociale et l’Union
européenne.
En ce qui concerne l’Etat, la solidarité s’exprime par la
politique fiscale et sociale, je vous laisse seul juge de la
situation actuelle, mais la clameur et le raz-le-bol des
Français doivent sans doute être également parvenus à
vos oreilles, à moins d’être sourd. Proposeriez vous
d’aller travailler en Hongrie pour 400 euros et à condition
de maîtriser la langue hongroise, comme pour les salariés
de Phillipps ! et pourquoi pas en Afrique pour 30 euros, à
condition de maîtriser les dialectes tribaux !
En ce qui concerne la Sécurité sociale, la solidarité
s’exprime par une imposition des revenus financiers au
même titre que ceux du travail pour financer notamment
les retraites; la logique actuelle étant d’obliger les
personnes à continuer de travailler jusqu’à des âges
avancés qui atteindront 80 ans, si l’espérance de vie selon
Madame PARISOT, atteignait 100 ans! alors que les
chômeurs, notamment jeunes, se comptent en millions, et
que l’augmentation de l’espérance de vie devrait être un
progrès au service de l’homme, comme résultante des
progrès techniques et du développement économique mis
au service de l’homme, et non l’inverse.
Qui est sérieux et qui ne l’est pas, je vous le demande ?
Quant à « l’Union européenne », le déni de démocratie que
constitue l’adoption du Traité de Lisbonne après le
désaveu français du référendum de 2005, il n’y a pas
grand chose à en attendre.
Bien que mondialisée, l’économie européenne réalise
cependant 70 % de son commerce extérieur à l’intérieur
du marché unique européen, ce qui nous permettrait tout
à fait de nous protéger, en faisant valoir la préférence
communautaire qui figurait dans le Traité de Rome, ce
que nos hommes politiques serviles ne font pas.
Ne pensez-vous pas que les royalistes devraient être en
première ligne pour défendre des principes de justice
sociale, de solidarité et d’unité nationale ?
Au lieu de laisser aux Français une alternative Front de
gauche et Front national, pour s’opposer à l’oligarchie ?
Mon cher DC, je suis globalement d’accord sur vos objectifs; mais quels moyens préconisez-vous?.
De mon point de vue, si nous voulons faire évoluer les choses, il faut se défaire de cette vision étatiste et absolutiste qui a trop longtemps interdit de penser l’exercice de la démocratie dans un cadre autre que celui de l’État-nation, alors qu’elle a partout entraîné la concentration des pouvoirs entre les mains d’une Nouvelle Classe de gestionnaires et de techniciens.
En effet, l’Etat n’a de sens que pour autant qu’il crée les conditions du vouloir vivre-ensemble, en faisant participer à la vie publique tous les membres du corps politique tout en étant le « garant de l’ordre des autonomies ».
Il s’agit de retrouver les échelons intermédiaires supprimés par des siècles de jacobinisme, et de faire resurgir une vie locale fondée sur des valeurs partagées, aujourd’hui menacées par la montée de la rationalité anonyme, des valeurs marchandes et de la globalisation.
Je dirai enfin, qu’il s’agit dans une certaine mesure d’envisager une autre démarche. Non pas une démarche orientée vers l’homogène, vers la diffusion uniforme des valeurs marchandes, non pas une démarche consacrant la victoire planétaire du Capital, mais une démarche fondée sur le maintien de la diversité, la pluralité des puissances, l’autonomie locale, la démocratie participative (et non plus seulement représentative) et le principe de subsidiarité.
Seul le retour du roi peut créer les conditions nécessaires à la mise en oeuvre cette démarche. Alors, mais alors seulement nous pourrons défendre efficacement les principes d’unité nationale, de solidarité et de justice sociale. Sinon non.
Cher Thulé,
Vous avez tout à fait raison sur le point que tout ne doit
pas nécessairement passer par l’Etat, que des structures
intermédiaires doivent exister avec une réelle participation
des citoyens et des salariés. Ceci vaut autant pour les
pouvoirs locaux, que pour les entreprises. Il y a en effet
de nouvelles formes de pouvoir et de participation à
créer, je pense par exemple, à doter les assemblées
locales d’une « deuxième chambre », à l’instar du Sénat,
mais qui serait représentative des corps intermédiaires
institués (associations, syndicats, entreprises,
universités…), et à fonder une réelle démocratie sociale
au sein des entreprises, les salariés étant considérés pire
que le Tiers-Etat autrefois, vis à vis des patrons et des
actionnaires.
Mais, il faudrait convenir que pour des sujets généraux
concernant l’ensemble de la collectivité (budget de l’Etat,
sécurité sociale, donc retraites etc …), les masses
financières en jeu prélevées puis dépensées,
redistribuées ou réinvesties, nécessitent pour être
précisément appréhendées et réparties au mieux et de
juste façon, selon des règles transparentes, une
intervention de l’Etat, par une politique fiscale et sociale,
démocratiquement établie.
Quant à l’impérieuse nécessité du retour du Roi pour
initier cette » révolution démocratique et sociale », vous
prêchez un convaincu de longue date. La position unique
du Roi dans la société et dans l’histoire, le place par
définition, en toute indépendance, à la tête de l’Etat et en
fait, entre autre, un rouage essentiel pour l’équilibre des
différents pouvoirs. Après, seule l’histoire, la personne du
Roi, les circonstances et la Providence font ou ne font pas
ce que l’on attend de cette position unique.