On ne tombera pas, ici, dans le travers qui consisterait à rejeter, en bloc, la totalité des Lumières, ni même -au risque d’en surprendre quelques uns…- de la Révolution. Nous ne sommes pas des idéologues, répondant à une idéologie par une autre idéologie, inversée. Bien sûr, nous rejetons la plus grande partie des Lumières et de la Révolution, telles qu’elles se sont inscrites dans notre Histoire, parce que -et pour toujours, maintenant…- elles ont voulu s’inscrire en rupture avec nos Racines et notre Héritage, notre Histoire. Elle se sont pensées en dehors de ces Racines profondes, sans elles et même contre elles. Et, dans leur fanatisme, elles ont généré les Totalitarismes et les Génocides modernes (1), toutes choses que, bien évidemment, l’on ne peut accepter.
Il y a pourtant -dans les Lumières et même dans le Révolution…- certains éléments qui ont pu, par exemple, faire dire à Benoît XVI que la tâche de l’Église serait, in fine, de sauver ce qu’il y a de bon dans les Lumières: nous y reviendrons….puisque, de toutes façons, ce n’est pas l’objet initial de cette note.
L’objet de cette note est de répondre à Jean-Paul Viala, ou -plutôt- de prolonger sa réflexion. Jean-Paul Viala est ce lecteur qui a envoyé par courriel le message suivant au Figaro Magazine, qui l’a publié dans son édition du 19 décembre: « Pendant plus d’un siècle, les enseignants du public ont littéralement bouffé du curé ». Ils ont ridiculisé le christianisme au nom de la rationnalité. Aujourd’hui ils s’écrasent devant l’Islam. Pourquoi cette différence d’attitude ? »
Certes, Jean-Paul Viala a raison de stigmatiser cette attitude. Mais il faut aller beaucoup plus loin, et formuler un reproche beaucoup plus grave encore. En agissant comme ils l’ont fait, les hussards noirs de la République, et leur idéologie, ont commis une grave faute et ont pris une lourde responsabilité: ils ont affaibli l’Europe toute entière, et pas seulement la France, en la coupant de ses racines chrétiennes, et en menant contre elles une guerre sans merci. Qui va rafler la mise, aujourd’hui, maintenant que l’Europe et la France sont déboussolées ? L’Islam ? Nous n’en croyons rien, mais c’est vrai que les Lumières ont joué un jeu dangereux, et que -alors que l’Islam en est à sa troisième tentative historique de s’implanter en Europe (2)- on peut accuser formellement la Révolution et la république idéologique -toutes deux issues des Lumières- d’avoir affaibli le continent face au totalitarisme musulman, qui ne trouve souvent devant lui, de nos jours, qu’un ventre mou, ce qui ne peut que favoriser son expansion, au détriment de tout ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes….
P.S.: Au même moment où nous rédigions cette note, le cardinal Miloslav Vlk (ci dessus), archevêque de Prague et primat de Bohême, a mis en garde contre une « islamisation »de l’Europe, continent qui « renie » selon lui ses racines chrétiennes, dans un entretien publié sur son site internet ( www.kardinal.cz , avec version italienne, anglaise et allemande). Le texte du cardinal s’insère parfaitement dans note réflexion d’aujourd’hui:
« Si les chrétiens ne se réveillent pas, il se pourrait qu’une islamisation de la vie ait lieu… Si le rapport de l’Europe envers ses propres racines ne change pas, l’Europe s’islamisera »…
« Comme la vie des Européens est systématiquement dépourvue de contenu chrétien, un espace vide se crée que (les musulmans) remplissent très facilement »,poursuit-il. Selon lui, l’Europe a « renié ses racines chrétiennes » qui pourraient, estime-t-il, donner au vieux continent une « force de braver le danger d’être conquis par les musulmans ».
Dans cet entretien, il affirme aussi que « l’islam n’a pas conquis l’Europe par le biais des armes de guerre à la fin du Moyen Âge et au début des temps modernes » mais que « le combat est aujourd’hui mené par des armes spirituelles » que « l’Europe ne possède pas ». « Les musulmans, eux, en sont pourvus à la perfection »,estime le cardinal Vlk selon qui il existe une « menace d’une chute de l’Europe ».
(1): Elles se trouvent également -mais oui…- à l’une des sources lointaines de certaines formes modernes du racisme, par l’appel constant à l’émeute et à l’insurrection, contre l’Autrichienne par exemple, déchaînant imprudemment -telles l’apprenti sorcier- des vagues de xénophobie et de haine qu’il est toujours dangereux de manipuler; et sur lesquelles, précisément, elles ont fait reposer leur pouvoir, qu’elle ont confisqué puis conservé…. grâce à ces appels permanents à la haine et à la xénophobie (qui se retrouvent jusque dans le chant de guerre où l’on affirme que le sang des ennemis est impur !…)
(2): Voir les six notes « Les expulser, oui, mais: pour où ? », » dans la Catégorie « Débat avec nos lecteurs, ou de nos lecteurs entre eux ».
YANN CORFMAT sur Vendredi soir sur un rond-point, le…
“Citation du jour « Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée…”