Editions Economica, Institut de stratégie comparée, 432 pages, 39 euros.
Présentation de l’éditeur :
Si le rôle de Charles Maurras dans la politique intérieure française reste connu (et très controversé), on oublie généralement qu’il existe un autre Maurras, celui dont le Président Pompidou disait en 1972 qu’il avait « prévu le monde actuel » avec soixante ans d’avance.
Quelles furent ses thèses sur les relations internationales et les problèmes de défense ? Dans quels postulats s’enracinaient-elles ? Ont-elles connu une évolution entre Kiel et Tanger (1910) et sa mort en 1952 ? Furent-elles unanimement acceptées au sein de l’Action française ou des divergences s ‘y exprimèrent-elles ? Les analyses de Maurras supportent-elles la confrontation avec les acquis de l’historiographie actuelle ? Quelle fut leur influence sur les décideurs politiques et militaires du XXe siècle, en particulier Charles de Gaulle ? Autant de questions qui, à ce jour, n’ont pas assez retenu l’attention des chercheurs.
Aussi le présent ouvrage a-t-il l’ambition de faire oeuvre pionnière. Au carrefour de la philosophie politique, de la diplomatie, de la géopolitique et de la stratégie, les thèmes qu’il aborde ouvrent des perspectives inattendues sur l’histoire contemporaine.
Table des matières
Introductionpar Georges-Henri Soutou et Martin Motte
I – CHAMP DE L’ENQUÊTE
– Martin Motte : Kiel et Tanger
– Charles Maurras : Que la France pourrait manœuvrer et grandir.
– Georges-Henri Soutou : La réflexion de Charles Maurras sur les relations internationales, de 1896 à 1952 : entre la vieille Europe et la seule France.
– Martin Motte : Maurras et l’ordre du monde.
II – MAURRAS ANALYSTE DES RELATIONS INTERNATIONALES
– Stéphanie Burgaud : Maurras et le triangle Paris-Berlin-Pétersbourg.
– Patrick Louvier : Les fondements de la puissance britannique dans Kiel et Tanger : racines et prolongements d’une lecture institutionnelle de l’Angleterre édouardienne.
– Frédéric Le Moal : Maurras et l’Italie, heurs et malheurs d’une nécessaire amitié.
III – LES ARMES DE LA FRANCE
– Dimitry Queloz : L’Action française et les questions militaires avant la Première Guerre mondiale.
– Olivier Lahaie : A propos des jugements portés par Charles Maurras sur l’affaire Dreyfus, l’armée française et ses services de renseignements dans Au signe de Flore.
– Anne-Aurore Inquimbert : La pensée maurrassienne dans les écrits d’un « officier de fortune » : Henri Morel (1889-1944).
– Jean-Baptiste Bruneau : La marine et le monde : l’Action française face au désarmement naval (1921-1930).
IV – DISCIPLES ET CONTINUATEURS
– Jérôme Grondeux : Charles Benoist et l’attraction maurrassienne.
– Christophe Dickès : Maurras-Bainville : une influence réciproque ?
– Christophe Réveillard : La critique maurrassienne de la fédération politique européenne et son influence.
– Georges Pompidou : Discours prononcé à l’occasion du centenaire de l’École libre des Sciences politiques, 8 décembre 1972 (extraits).
Conclusionpar Georges-Henri Soutou
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Le point de vue de Frédéric Le Moal (14 décembre 2009, lelitteraire.com):
Une étude scientifique et novatrice sur la pensée de Charles Maurras en politique étrangère
Maurras avait tellement raison qu’il en est devenu fou. Cette phrase prêtée au général de Gaulle suffirait à elle-même à révéler l’impact qu’a eu la pensée du chef de l’Action Française sur une bonne partie de la société de son temps. En 1972, Georges Pompidou reconnut qu’il avait prévu le monde actuel. Le livre dirigé par Georges-Henri Soutou et Martin Motte, fruit d’une journée d’études tenue à l’université Paris-IV Sorbonne, consacrée à la pensée de Charles Maurras sur la politique extérieure et les problèmes de défense, vient combler un vide historiographique. Nombreuses sont en effet les études consacrées à la pensée politique du chef de l’Action française, mais rares sont celles à s’être penchées sur les conceptions maurrassiennes en matière de politique étrangère. Maurras a pourtant traversé tout le premier XXème siècle, depuis la Belle Époque jusqu’à la Guerre froide (il meurt une année avant Staline !) et les débuts de la constructions européenne, via les deux guerres mondiales.
Les contributions sont rassemblées par thème : après une analyse générale de la pensée maurrassiennes, on passe à des études de cas (Allemagne, Russie, Italie, Royaume-Uni), puis aux questions de défense et enfin aux disciples et continuateurs de Maurras. Son ouvrage, Kiel et Tanger, sert d’axe structurant à l’ensemble du livre puisque Maurras y a rassemblé ses analyses de politique étrangère, constamment approfondies lors des différentes rééditions. Comme l’écrit Martin Motte, Kiel et Tanger vise à démontrer la responsabilité de la République parlementaire dans les échecs essuyés par la diplomatie française et établir la nécessité d’une restauration monarchique. A partir de là, Maurras construit toute une pensée dont les échos se font sentir pendant un demi-siècle. Maurras, à la fois européen et nationaliste n’est certes pas facile à comprendre pour les esprits de notre temps.
Et c’est tout le mérite de cette étude universitaire de le rendre intelligible. Les contributions dressent le portrait d’un homme complexe, animé d’une hostilité farouche vis-à-vis de l’Allemagne, mais qui comprend dès1923 les dangers de l’hitlérisme et du racisme national-socialiste, tout en se méprenant complètement sur le fascisme de Mussolini. Cet homme, méfiant à l’égard des alliances, imagine dans un premier temps une France prenant la tête des puissances moyennes pour mieux résister aux empires, avant de se rallier aux concepts de l’équilibre européen, avant d’exalter la France seule et une sorte d’égoïsme national, pour mieux résister à l’Europe allemande des nazis. Les recherches ici présentées confirment que Charles Maurras appartenait non seulement aux cercles des grands penseurs de son époque, mais surtout à celui des intellectuels influents. Georges-Henri Soutou écrit avec raison qu’il se situait pleinement dans les débats de l’époque et ne vivait pas sur une planète à part.
L’esprit critique des auteurs s’exerce constamment sur les analyses maurrassiennes, évitant ainsi à l’ouvrage la marque hagiographique. Rien n’est mis de côté des contradictions, des conclusions parfois aberrantes, des insuffisances de Maurras, mais aussi des qualités de sa pensée et de ses pertinences, lui dont l’influence se fait sentir, dans une certaine mesure, chez de Gaulle et chez Pompidou. Que démontre en fin de compte cette étude ? Que la pensée de Maurras, malgré ses erreurs et ses outrances, a bien saisi de nombreux problèmes de son temps et qu’elle a exercé une influence certaine et indiscutable sur les penseurs et les décideurs français du XXème siècle.
Pour moi,Maurras n’avait et il m’étonnerait fort que grand béta 2GOL aitt compris quoi que ce soit à CH.Maurras.