Jean-Philippe Guérand, dans Le Pélerin du 6 mars, propose une bonne présentation du télé-film européen -en deux parties- que nous allons avoir la chance de regarder sur France 3. On le voit, l’Année Henri IV, à laquelle nous avons déjà plusieurs fois fait écho, commence à prendre une ampleur de bon aloi…
Voici la présentation du telefilm, par Jean-Philippe Guérand, que nous reproduisons telle quelle…..
Une coproduction internationale invite à redécouvrir Henri IV qui apaisa la France dans le contexte sanglant des guerres de religion. La fiction en deux parties donne, le 11 mars à 20 h 35, sur France 3, le coup d’envoi d’une série de célébrations, quatre siècles après son assassinat, le 14 mai 1610.
L’accession d’Henri de Navarre au trône de France continue de fasciner nombre d’historiens… et d’hommes politiques. La postérité a retenu du personnage sa promesse de permettre à ses compatriotes de manger à leur faim – la fameuse poule au pot –, ses célèbres sentences : « Ralliez-vous à mon panache blanc » ; « Paris vaut bien une messe. » Jusqu’à l’édit de Nantes, signé le 13 avril 1598.
Ce monarque moderne, qui réussit à instaurer la paix dans le royaume de France en affrontant l’adversité et la violence, a inspiré le romancier allemand Heinrich Mann, frère aîné de l’écrivain Thomas Mann. Sous la montée du nazisme, Heinrich Mann, en exil à Pau, avait consacré une biographie à Henri IV, qui a dû faire face au conflit entre catholiques et protestants, jusqu’à changer de religion cinq fois au cours de sa vie.
En filigrane, l’auteur, hanté par les démons de son époque, y dressait un parallèle entre le massacre de la Saint-Barthélemy et la nuit de Cristal (1). Cette résonance a incité le réalisateur allemand Jo Baier à se battre pendant dix ans pour tirer du livre un téléfilm en deux volets (2). Heureuse coïncidence, celui-ci arrive sur les écrans au moment même où l’on commémorera, en mai, le quatre centième anniversaire de l’assassinat d’Henri IV par François Ravaillac.
France Télévisions voit dans cette coproduction internationale une manière de pallier la baisse des ressources des chaînes européennes, désormais contraintes de s’associer pour financer des fictions ambitieuses riches en décors, en costumes et en figurants. Henri IV a ainsi bénéficié d’une enveloppe confortable de près de 20 millions d’euros, soit le triple du budget moyen, pour soixante-douze jours de tournage.
Une passion torride et éminemment politique
Pour ce téléfilm, l’Allemagne, la France, la République tchèque (où ont été tournées les scènes de bataille) et la Catalogne ont uni leurs forces en bonne intelligence. Hors de question, par exemple, que l’interprète du bon roi Henri ne soit pas français ! En l’occurrence, il s’agit d’un excellent comédien vu surtout au cinéma : Julien Boisselier ( Je vais bien, ne t’en fais pas ; Le convoyeur ). Celui-ci a dû apprendre à monter à cheval en un mois… et affirme qu’on ne l’y reprendra plus ! Afin d’entrer dans la peau de son personnage, qu’il campe de 20 à 45 ans, l’acteur avoue avoir « beaucoup lu », très influencé au final par Henri IV, le roi libre, de François Bayrou (Éd. Flammarion).
Les deux femmes de la vie du monarque sont également incarnées par des Françaises. Dans la première partie, Armelle Deutsch a l’honneur de succéder dans le rôle de la reine Margot à Jeanne Moreau et à Isabelle Adjani. La passion torride et éminemment politique de l’héroïne avec le prince gascon donne ici lieu à des étreintes particulièrement crues. Dans la seconde, Chloé Stefani incarne Gabrielle d’Estrées, la favorite morte empoisonnée. L’une et l’autre retiennent de cette expérience « la volonté du réalisateur de les pousser vers un jeu théâtral en leur demandant de parler haut ». Sur le tournage, les comédiens s’exprimaient dans leur langue ; les Allemands ayant un mode de diction plus appuyé que leurs homologues français. De plus, Joachim Król (le poète Agrippa d’Aubigné) ou Hannelore Hoger (Catherine de Médicis) sont des vedettes dans leur pays.
Julien Boisselier a pu vérifier leur renommée en se rendant au dernier Festival de Berlin, en février. Une version de deux heures et demie d’Henri IV a été présentée, en soirée de gala, avant sa programmation dans deux cents salles en Allemagne, le 18 mars. Côté français, pas de sortie prévue sur grand écran pour l’instant car, selon le producteur Christian Charret, « les fresques historiques ne font plus recette au cinéma ».
(1) C’est le nom donné à un pogrom lancé à l’initiative du régime nazi contre les juifs dans tout le Reich (Allemagne plus les territoires annexés : Autriche et Sudètes), dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.
(2) La première partie est diffusée le 11 mars et la deuxième le 18 mars sur France 3.
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“Cher Pierre Builly, vos remarques sont toujours les bienvenues. Je ne garde pas la même impression…”