Deux nouveaux Grands textes dans les quinze jours qui viennent, l’un de Maurras (le lundi 22) et l’autre de Chateaubriand, ce lundi-ci, le 15.
Chateaubriand -et Lamennais- ont démonté, dès 1840, le mécanisme qui mène logiquement et nécessairement de l’idéologie égalitaire à l’Etat totalitaire.
Un siècle avant Staline, vingt ans avant Le Capital, et Le Manifeste du Parti communiste n’étant pas encore publié, ces lignes sur l’égalité -ou plutôt l’idéologie égalitaire, l’égalitarisme- sont prémonitoires.
On y voit-on une description saisissante de ce que sera, précisément, le marxisme-léninisme, instituant le Goulag par la dictature du prolétariat. Et on y voit-on apparaître, en filigrane, Soljénitsyne, qui se dressera contre ce Goulag, et Jean-Paul II, avec son libérateur « N’ayez pas peur ! »
Et on y défend-on ces inégalités naturelles auxquelles il suffira à Maurras -qui emploiera le mot au singulier- d’accoler l’épithète « protectrice » ?
Dans cette prémonition manifestée par Chateaubriand et Lamennais, dans ce démontage clinique du mécanisme de l’oppression, on est au coeur des drames et des monstruosités du XXème siècle. Et « d’une servitude à laquelle l’histoire, si haut qu’on remonte dans le passé, n’offre rien de comparable »…..
Un peu de patience, et à lundi….
Sinon, pour vous faire patienter, justement, voici un nouvel Album (Écrivains royalistes, I), consacré, précisément à Chateaubriand…..
Voici ce que vous trouverez cette semaine dans votre Blog préféré (sous réserve de modifications de dernière minute, imposées par l’actualité):
- Notes longues :
- Dimanche : Le Testament politique de Louis XVI.
- Lundi : Grands Textes (XIX): De l’égalitarisme au goulag, par Chateaubriand.
- Mardi : Le hallal ? Non, merci !
- Mercredi : Sur Charlotte Corday, encore un livre qui détricote encore un peu plus « le » mythe fondateur…..
- Jeudi : Une visite chez Charles Maurras, dans son jardin « qui s’est souvenu » (3/7).
- Vendredi : Autour du « Dernier Empereur », de Jean Sévillia….
- Samedi : Nouvelles du Blog…
- Notes courtes :
- Dimanche: Le sourire du dimanche (Nouveau bêtisier….)
- Lundi: Frère Thierry-Dominique Humbrecht, « contre les Tartuffe… brameurs de vide… »
- Mardi: Pour la défense du français, Raffarin veut avoir « l’âme québecoise »….
- Mercredi: D’accord avec… Annie Laurent…..
- Jeudi: Quelques instants en bonne compagnie (courts extraits d’Un Prince français…(5/15).
- Vendredi: Ce qu’ « ils » réputaient impossible hier….
- Samedi: Le torchon brûle entre les ex-excellents amis: le génocide arménien reconnu aux États-Unis….
Ephémérides :
· Dimanche : Henry IV vainqueur à Ivry. Naissance de Georges de la Tour. Cholet aux mains des Vendéens.
· Lundi : Assassinat de Jules César.
· Mardi : Bûcher de Montségur. Henri III autorise la création du Pont Neuf.
· Mercredi : Conjuration d’Amboise. Création du Baccalauréat.
· Jeudi: Jacques de Molay est brûlé vif. Premier transport en commun à Paris. Début de la Commune de Paris.
· Vendredi : Louis X octroie la Charte aux Normands. Edit d’Amboise. Naissance de Frédéric Joliot-Curie.
· Samedi : Mort du peintre Van Loo. Mort de Turgot (son plan de Paris).
L’album Chateaubriand est, évidemment superbe. Il situe « notre blog préféré », selon l’automatique formule, dans l’excellence.
Mais puisqu’il contient des jugements d’autres écrivains, d’ailleurs fort intéressants, sans-doute conviendrait-il d’y ajouter ceux d’écrivains et penseurs royalistes de première importance, comme Maurras, Bainville et Boutang qui, eux, ont eu, sur « l’enchanteur » un jegement critique extrêmement sévère qu’il n’est, peut-être, intellectuellement pas très honnête d’ignorer.
Un album Balzac, de même altitude, serait, ensuite, bienvenu. Peut-être, en effet, est-il légitime de considérer, que le véritable géant littéraire du XIXème sièce, par delà la pose et le lyrisme romantique, c’est lui.
« Objection » reçue.
1: Le Balzac (mais aussi Verlaine…) est en préparation. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues (envoi de textes et de documents, suggestions diverses concernant le contenu, le choix des textes, les illustrations…).
2: Pour ce qui est du Chateaubriand, vous avez raison. N’y avoir mis ni Maurras, ni Bainville, ni Boutang -dont nous connaissons évidemment les « jugement critiques extrêmement sévères » qu’il n’est d’ailleurs « intellectuellement pas très honnête d’ignorer »- prête le flanc au reproche.
C’est tout simplement que notre intention était autre. L’admiration pour « l’enchanteur » va au maître de la langue, du style, et donc de l’esprit français. A notre époque où -vous l’avez fait remarquer plusieurs fois- la France, et l’Europe, et la Civilisation sont menacées par ce « rien » immonde dont parle Mattéi, il nous semble qu’on peut convoquer le ban et l’arrière-ban de tous ceux qui peuvent contribuer à nourrir la permanence de l’esprit et du goût français.
Il ne s’agit bien sûr pas de prendre Chateaubriand comme maître en réflexion ou en pensée politique. Mais, maintenant que « les clameurs se sont tues », il nous a semblé qu’on pouvait le sortir de l’enfer où le tenait une polémique de toute façon abolie; qu’on pouvait utiliser et redéployer tout ce qu’il y a d’energie « chez nous », afin de le présenter, entre autre, aux jeunes générations; et se consacrer exclusivement -par delà les divisions d’hier, qu’il ne s’agit pas de nier ou d’oublier, mais de surmonter- aux combats vitaux d’aujourd’hui, de notre âge « héroïque », pour parler à la façon de Boutang…
Et dans ce combat suprême pour la permanence de notre personnalité -car c’est maintenant l’essentiel qui est en jeu-si Chateaubriand peut aider, pourquoi se priver de ce qu’il y a de positif chez lui ?….
Pour apporter ma modeste contribution dans ce débat, je pense que pour Maurras, la Révolution ne peut s’expliquer que par l’irruption d’un élément « étranger » au génie français. Cet élément, c’est pour lui le « romantisme », dont Chateaubriand est un illustre représentant.
Son livre de 1925, Romantisme et Révolution, montre que pour lui les deux mots s’équivalent Il décrète donc d’emblée que le romantisme est tout à la fois individualiste, donc anarchiste, donc révolutionnaire, et qu’il est en outre
totalement « boche ».
A ce romantisme « germanique », Maurras oppose le classicisme « méditerranéen » qui a bercé son enfance. Il pense que ce classicisme est étroitement associé au culte de la raison. Il croit que le catholicisme vaut mieux que le protestantisme parce qu’il accorde plus d’importance à la raison.
Il attribue à ses adversaires un primat des sentiments, d’où découleraient toutes les idées fausses.
Votre album Chateaubriand est classé comme le numéro 1 d’une série intitulée « écrivains royalistes » – ce qu’il fut – et non pas « maîtres du style »ou de « l’esprit français », ce qu’il fut aussi.
Qu’il ne soit pas utile de ranimer, aujourd’hui, les polémiques qui, selon vous, le tenaient en enfer, pour exagérée que soit cette image, c’est possible. Qu’elles soient abolies, c’est vous qui le dites.
C’est vous qui le décrétez, un peu vite, me semble-t-il, s’agissant d’objections de fond qui touhaient à un certain état d’esprit mortifère pouvant encore concerner le royalisme d’aujourd’hui, et qui, en tout cas, furent portées par les esprits non-négligeables que furent, par exemple, Maurras, Bainville et Boutang.
Cela dit, j’apprécie comme vous, les grandeurs de Chateaubriand comme celles de votre album et j’attends l’album Balzac.
J’ajoute que Maurras ne connaît à peu près rien du romantisme allemand.
Il ignore ce qui apparente le romantisme à l’esprit du Moyen Age et à une conception organique de la société.
Il ne veut pas admettre que, non seulement en Angleterre et en Allemagne, mais aussi en France à l’époque de la Restauration, le romantisme fut un puissant moteur du traditionalisme et de la contestation des Lumières.
Il va même jusqu’à critiquer le romantisme de Chateaubriand, malgré les évidentes fidélités religieuses et monarchiques de celui-ci.
Contrairement à Barrès, il ne voit pas que les » puissances du sentiment » ne poussent pas nécessairement dans un sens opposé au sien.