Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN, au pouvoir) et ministre d’Etat, Abdelaziz Belkhadem, a appelé l’Etat français à présenter ses excuses à l’Algérie pour « les crimes » de la colonisation (1)…
Des « excuses » ? Pour avoir commis le « crime » de construire 70.000 km de routes, 4 aéroports internationaux et une douzaine d’aéroports importants ? 4.500 km de voies ferrées ? Des dizaines de villes modernes et de stations balnéaires ? Des centaines de ponts, viaducs, tunnels, châteaux d’eau, églises (eh oui, c’était le bon temps de la diversité, en Algérie…) ? Des milliers de bâtiments administratifs, d’écoles, d’instituts; d’hôpitaux, de maternités, de dispensaires ? 31 centrales hydro-électriques et thermiques, et les infrastructures gaeières et petrolières ?…..
En réalité, nous avons déjà plusieurs fois traité de ce sujet (notamment ici: Voilà que ça le reprend.pdf). Voici donc, pour changer un peu, deux documents pour répondre tout de même à ces cingleries, histoire de marquer le coup, comme on dit…
D’abord, dans le registre sérieux, le texte de la lettre envoyé en décembre 2007 à Abdelaziz Bouteflika par M. André SAVELLI, professeur agrégé en histoire au Val de Grâce (les illustrations sont de notre fait). Ensuite, pour garder le moral, un petit montage plus léger, que nous avions déjà passé en août dernier …..
I
LETTRE à M. BOUTEFLIKA
Président de la République algérienne.
Monsieur le Président,
En brandissant l’injure du génocide de l’identité algérienne par la France, vous saviez bien que cette identité n’a jamais existé avant 1830. Mr Ferrat Abbas et les premiers nationalistes avouaient l’avoir cherchée en vain. Vous demandez maintenant repentance pour barbarie : vous inversez les rôles !
C’était le Maghreb ou l’Ifriqiya, de la Libye au Maroc. Les populations, d’origine phénicienne (punique), berbère (numide) et romaine, étaient, avant le VIIIème siècle, en grande partie chrétiennes (500 évêchés dont celui d’Hippone / Annaba, avec Saint Augustin). Ces régions agricoles étaient prospères.
Faut-il oublier que les Arabes, nomades venant du Moyen Orient, récemment islamisés, ont envahi le Maghreb et converti de force, « béçif » (par l’épée), toutes ces populations. « Combattez vos ennemis dans la guerre entreprise pour la religion….Tuez vos ennemis partout où vous les trouverez » (Coran, sourate II, 186-7). Ce motif religieux était élargi par celui de faire du butin, argent, pierreries, trésor, bétail, et aussi bétail humain, ramenant par troupeaux des centaines de milliers d’esclaves berbères; ceci légitimé par le Coran comme récompense aux combattants de la guerre sainte (XLVIII, 19, 20). Et après quelques siècles de domination arabe islamique, il ne restait plus rien de l’ère punico romano berbère si riche, que des ruines (Abder-Rahman ibn Khaldoun el Hadram , Histoire des Berbères,T I,p.36-37, 40, 45-46. 1382).
Faut-il oublier aussi que les Turcs Ottomans ont envahi le Maghreb pendant trois siècles, maintenant les tribus arabes et berbères en semi esclavage, malgré la même religion, les laissant se battre entre elles et prélevant la dîme, sans rien construire en contre partie.
Faut-il oublier que ces Turcs ont développé la piraterie maritime, en utilisant leurs esclaves. Ces pirates barbaresques arraisonnaient tous les navires de commerce en Méditerranée, permettant, outre le butin, un trafic d’esclaves chrétiens, hommes, femmes et enfants. Dans l’Alger des corsaires du XVI ème siècle, il y avait plus de 30.000 esclaves enchaînés. D’où les tentatives de des-truction de ces bases depuis Charles Quint, puis les bombardements anglais, hollandais et même américain…..Les beys d’Alger et des autres villes se main-tenaient par la ruse et la force, ainsi celui de Constantine, destitué à notre venue, ayant avoué avoir fait trancher 12.000 têtes pendant son règne.
Faut-il oublier que l’esclavage existait en Afrique depuis des lustres et existe toujours. Les familles aisées musulmanes avaient toutes leurs esclaves africains. Les premiers esclavagistes, Monsieur le Président, étaient les négriers noirs eux-mêmes qui vendaient
leurs frères aux Musulmans du Moyen Orient, aux Indes et en Afrique (du Nord surtout), des siècles avant l’apparition de la triangulaire avec les Amériques et les Antilles, ce qui n’excuse en rien cette dernière, même si les esclaves domestiques étaient souvent bien traités.
Faut-il oublier qu’en 1830, les Français sont venus à Alger détruire les repaires barbaresques ottomans qui pillaient la Méditerranée, libérer les esclaves et, finalement, affranchir du joug turc les tribus arabes et berbères opprimées.
Faut-il oublier qu’en 1830, il y avait à peu près 5.000 Turcs, 100.000 Koulouglis, 350.000 Arabes et 400.000 Berbères dans cette région du Maghreb où n’avait jamais existé de pays organisé depuis les Romains. Chaque tribu faisait sa loi et combattait les autres, ce que l’Empire Ottoman favorisait, divisant pour régner.
KHIZR, frère du pirate Baba Aroudj (Barberousse) prit sa succession sur le trône d’Alger. Nommé Capitaine Pacha de la flotte turque, c’est sous son règne que les Turcs s’emparèrent de la forteresse espagnole du Penon, en 1530.Alger devint ainsi une place forte de la piraterie sous obédience turque et y restera jusqu’en 1830.
Faut-il oublier qu’en 1830 les populations étaient sous développées, soumises aux épidémies et au paludisme. Les talebs les plus évolués qui servaient de toubibs (les hakems), suivaient les recettes du grand savant « Bou Krat » (ou plutôt Hippocrate), vieilles de plus de 2.000 ans. La médecine avait quand même sérieusement évolué depuis !
Faut-il oublier qu’à l’inverse du génocide, ou plutôt du massacre arménien par les Turcs, du massacre amérindien par les Américains, du massacre abo-rigène par les Anglais et du massacre romano-berbère par les Arabes entre l’an 700 et 1500, la France a soigné, grâce à ses médecins (militaires au début puis civils) toutes les populations du Maghreb les amenant de moins d’un million en 1830 en Algérie, à dix millions en 1962.
Faut-il oublier que la France a respecté la langue arabe, l’imposant même au détriment du berbère, du tamashek et des autres dialectes, et a respecté la religion (ce que n’avaient pas fait les Arabes, forçant les berbères chrétiens à s’islamiser pour ne pas être tués, d’où le nom de « kabyle » – j’accepte).
L’Institut Pasteur d’Alger
Faut-il oublier qu’en 1962 la France a laissé en Algérie, malgré des fautes graves et des injustices, une population à la démographie galopante, souvent encore trop pauvre, – il manquait du temps pour passer du moyen âge au XX ème siècle – mais en bonne santé, une agriculture redevenue riche grâce aux travaux des Jardins d’Essais, des usines, des barrages, des mines, du pétrole, du gaz, des ports, des aéroports, un réseau routier et ferré, des écoles, un Institut Pasteur, des hôpitaux et une université, la poste….. Il n’existait rien avant 1830 ! Cette mise en place d’une infrastructure durable, et le désarmement des tribus, ont été capitaux pour l’Etat naissant de l’Algérie.
Faut-il oublier que les colons français ont asséché, entre autres, les marécages palustres de la Mitidja, y laissant de nombreux morts, pour en faire la plaine la plus fertile d’Algérie, un grenier à fruits et légumes, transformée, depuis leur départ, en zone de friche industrielle.
Faut-il oublier que la France a permis aux institutions de passer, progressivement, de l’état tribal à un Etat nation, et aux hommes de la sujétion à la citoyenneté en construction, de façon, il est vrai, insuffisamment rapide. Le colonialisme, ou plutôt la colonisation a projeté le Maghreb, à travers l’Algérie, dans l’ère de la mondialisation.
Faut-il oublier qu’en 1962, un million d’européens ont dû quitter l’Algérie, abandonnant leurs biens pour ne pas être assassinés ou, au mieux, de devenir des habitants de seconde zone, des dhimmis, méprisés et brimés, comme dans beaucoup de pays islamisés. Il en est de même de quelques cent mille israélites dont nombre d’ancêtres s’étaient pourtant installés là 1000 ans avant que le premier arabe musulman ne s’y établisse. Etait-ce une guerre d’indépendance ou encore de religion ?<
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Faut-il oublier qu’à notre départ en 1962, outre au moins 75.000 Harkis, sauvagement assassinés, véritable crime contre l’humanité, et des milliers d’européens tués ou disparus, après ou avant, il est vrai, les excès de l’O.A .S., il y a eu plus de 200.000 tués dans le peuple algérien qui refusait un parti unique, beaucoup plus que pendant la guerre d’Algérie.
C’est cette guerre d’indépendance, avec ses cruautés et ses horreurs de part et d’autre, qui a fondé l’identité algérienne. Les hommes sont ainsi faits !
Monsieur le Président, vous savez que la France forme de bons médecins, comme de bons enseignants. Vous avez choisi, avec votre premier ministre, de vous faire soigner par mes confrères du Val de Grâce. L’un d’eux, Lucien Baudens, créa la première Ecole de médecine d’Alger en 1832, insistant pour y recevoir des élèves autochtones. Ces rappels historiques vous inciteront, peut-être, Monsieur le Président, à reconnaître que la France vous a laissé un pays riche, qu’elle a su et pu forger, grâce au travail de toutes les populations, des plus pauvres aux plus aisées – ces dernières ayant souvent connu des débuts très précaires -.
La France a aussi créé son nom qui a remplacé celui de Barbarie.
Personne ne vous demandera de faire acte de repentance pour l’avoir laissé péricliter, mais comment expliquer que tant de vos sujets, tous les jours, quittent l’Algérie pour la France ?
En fait, le passé, diabolisé, désinformé, n’est-il pas utilisé pour permettre la mainmise d’un groupe sur le territoire algérien ? Je présente mes respects au Président de la République, car j’honore cette fonction.
Un citoyen français, André Savelli, Professeur agrégé d’Histoire au Val de Grâce.
II
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(1) : « Nous exigeons de la France officielle une reconnaissance de ses crimes coloniaux commis en Algérie et des excuses au peuple algérien », a déclaré M. Belkhadem, dans un discours d’ouverture du 9e congrès de son parti. Le chef du FLN a souligné, dans son discours « l’importance de cette repentance », rappelant « le dur combat mené par le peuple algérien pour mettre un terme au colonialisme ».
Monsieur,
Merci d’avoir fait ces rappels d’évènements historiques que malheureusement beaucoup ignorent aujourd’hui et c’est grand dommage. Grand dommage que la majorité des citoyens français se limitent qu’à des « On-dit), mais grand dommage aussi pour les descendants d’immigrants algériens qui aujourd’hui se revendiquent plus nationnalistes algériens que français. Il m’est bien souvent arrivé d’intervenir dans des forums journalistiques pour dire: « Si la France ne vous plaît pas, personne ne vous y retient. On ne vient pas en France pour ses allocations et ses aides; ça…c’est fait pour ceux qui ont déjà travaillés et oeuvrés en tant que BON PERE DE FAMILLE. La guerre, c’est en Algérie qu’il faut aller la faire, ce n’est pas dans le pays qui vous accuueil que vient f…. la m….Vous recherchez la bagarre? Allez chasser votre dictateur et remettez votre pays sur pied, là vous serez respecté. Vous avez eu le temps de prendre des exemples NON depuis que vous êtes làsur notre territoire ? Pour ma part, je me ferai une jo ie de relayé votre article.
Bien cordialement
E.DUPUIS