Paul Gilbert nous adresse un message amical. Il nous demande de signaler que son billet sur le Soliloque du prisonnier – que nous avons publié avant-hier – est paru sur le site de « La Revue critique des idées et des livres », dont, comme demandé, nous communiquons bien volontiers le lien : http://lebulletincritique.over-blog.fr/
Dans la même ligne d’une amitié d’esprit que nous constatons réciproque, nous avons aussi apprécié une note de Paul Gilbert, parue dans la même Revue critique, à propos d’une surprenante déclaration de Martine Aubry sur la problématique du Quinquennat, exprimant sa préférence pour le Septennat.
Si Martine Aubry devait en effet persister dans cette opinion, il y aurait là matière à semer un trouble profond non seulement dans le petit monde socialiste, comme l’indique Paul Gilbert, mais plus encore dans toutes les composantes du Système, ce qui nous intéresse bien davantage…
Est-ce la lucidité ou l’odeur de la victoire et la perspective des postes à prendre qui stimulent l’intelligence des politiques ? On préférerait évidemment la première option mais il existe après tout des grâces d’Etat et l’espoir du succès n’est pas toujours le plus mauvais conseiller. Mme Aubry a dressé ce soir, dans un entretien accordé au site Médiapart, un procès sans complaisance du quinquennat. Peu importe ce qui a motivé cette condamnation. Elle est claire, sans bavure et le fait qu’elle émane de la principale responsable de l’opposition lui donne une force particulière.
Que nous dit Mme Aubry ? « Je pense qu’il est bien difficile de changer une société en étant élu pour cinq ans », observe-t-elle. « Il faut donner le temps pour que la réforme soit comprise et que les gens se l’approprient. Pour moi, être à la tête d’un pays, c’est faire en sorte de le projeter dans l’avenir. Le temps actuel est un temps qui ne permet pas de prendre en considération la complexité de la société, le temps de la démocratie et le temps de l’action », analyse-t-elle. Du coup, on est obligé de faire les choses rapidement et brutalement, car la visée électorale est plus importante que la visée politique ».
Il n’y a rien à rajouter ni à retrancher à ces propos. On pourrait même dire qu’ils tombent sous le sens. Combien de Français percoivent aujourd’hui, au travers de la désastreuse expérience du sarkozysme, l’erreur monumentale que nous avons commise en réduisant le mandat présidentiel à 5 ans. On ne pointera jamais assez la responsabilité de Lionel Jospin et de quelques socialistes ivres de pouvoir dans cette décision calamiteuse. La « divine surprise » est que ce soit aujourd’hui la première secrétaire du PS qui mette ce sujet au coeur des débats.
Le diagnostic est bon, il faut maintenant agir. Les socialistes sont-ils prêts à revenir sur la décision prise il y a 10 ans, à susciter un nouveau référendum, à l’inscrire en bonne place dans leur plateforme présidentielle ? « La réflexion n’est pas officiellement ouverte au sein du PS », nous précise Mme Aubry, « et ce ne sont là que des réflexions personnelles ». Dont acte et l’on imagine les réactions et les oppositions que cette prise de position va susciter au sein de la maison socialiste, et singulièrement chez les « républicains orthodoxes » comme MM. Montebourg, Peillon ou chez les partisans du régime présidentiel, comme MM. Strauss Kahn ou Fabius. Tant mieux: si la décision est difficile à prendre, c’est précisément qu’elle est importante et attendue. Sur ce sujet capital, Mme Aubry joue sa crédibilité.
Paul Gilbert.
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