Mais ses propres propos s’appliquent certainement plus à lui – Patrice Bertin – qu’à la personne objet de son ire et de sa vindicte : le pape Benoît XVI.
Patrice Bertin, plus tout jeune lui non plus, a sans doute cru malin d’ironiser sur le vieux pape. Cette attaque ad hominem, sur l’âge de quelqu’un, c’est tout simplement vil et bas.. :
« Idem pour Benoit XVI , le chemin de Croix du vieux Pape incapable de trouver des mots justes ou simplement humains pour parler des scandales de la pédophilie dans l’Église est plus consternant qu’autre chose ».
Manifestement, Patrice Bertin ne connaît pas le dossier. On ne lui en ferait pas le reproche, s’il ne se mêlait de transgresser le vieil adage du solide et robuste bon sens populaire: « Quand on sait pas, on parle pas… »
Que Patrice Bertin n’aime pas le pape, c’est son problème et c’est même son droit. Mais qu’il soit – pour reprendre ses propres termes – « incapable de trouver les mots justes » pour parler de lui, là c »est un signe d’incompétence notoire.
Et, comme il le dit lui-même, c’est « plus consternant qu’autre chose… ».
Nous sommes certainement quelques-uns, ici, à avoir connu Patrice Bertin à l’Action Française, où il eut, un temps, parmi les jeunes, un rôle dirigeant.
Ce n’est pas un secret, encore moins une gloire ou un honneur car, dans l’exercice de sa profession de journaliste, il n’a cessé, ensuite, de se couler dans le moule le plus banal, le plus simpliste, le plus facile, de la pensée dominante.
Il commence à devenir très clair, pour beaucoup de monde, qu’une petite oligarchie, vieillie, autant qu’il se peut, et, généralement cooptée, exerce la tyrannie de cette « pensée » minable sur le peuple français. Et cela me semble un grand progrès.
Patrice Bertin a, en effet, sans-doute atteint cet âge où la pensée dominante, la gauche, les syndicats et une bonne partie de la droite, considèrent obligé que tout citoyen prenne sa « retraite ».
Qu’importe ! Savez-vous qu’à soixante-treize ans, Michèle Cotta continue d’avoir un quasi monopole des grands débats politiques à la télévision ? Qu’Alain Duhamel a soixante-dix ans, son frère Patrice soixante-cinq ? Que ces deux là squattent les grands médias depuis trente ou quarante ans ?
Ivan Levaï a, aussi, soixante-dix ans. Mais, à l’inverse de Patrice Bertin, il a du talent et de l’esprit. Si vous voulez vous persuader de la permanence de la culture, de l’intelligence et du bon goût, écoutez son « kiosque », sa revue de presse, sur France Inter, tous les samedis et dimanches, à 8 H 30.
Il s’offre, dans la même chronique, le luxe de se moquer de Jean-Louis Borloo qui vient de déclarer : « nous verrons si nous pouvons bouger les avions » (move the planes); de citer Paul Morand se moquant du tourisme des masses; de réciter quelques beaux vers français; d’annoncer une émission à venir sur Alain Finkielkraut, comme à ne pas manquer, etc ..
Finalement, on s’apercevra, peut-être, un jour, que, comme réaction aux ridicules de la pensée dominante, des intellectuels dits de droite, rien de bien glorieux ni de bien courageux ne nous sera venu : regardez le pauvre Bertin, issu de la Restauration Nationale; et que c’est des rangs d’une certaine gauche (pas celle qui est partie intégrante du système et en vit fort bien) que seront venus les premiers et forts éléments d’une réaction à nos divers modes de décadence. Voyez Finkielkraut, justement, qui était maoïste en 68 !
On verra, alors, que les Bertin, Duhamel et autres, ne pèsent pas très lourd et ne valent pas très cher.
On décape le badigeon du terrorisme intellectuel et on retrouve les couleurs originelles de notre inconscient politique. C’est ce que semble vouloir nous dire JACO. Les temps ont changé, mais pas les hommes. Qui se souvient que la Rébublique à placé Bertrand Renouvin Conseil Economique et Social et Patrice Bertin à Radio France, depuis plus de tente ans ?
Souvent le spectacle de la dérision n’est que la dérision du spectacle.
Il serait utile que Thulé précise sa pensée quant à Bertrand Renouvin Ex-membre du Conseil Economique et Social.
En 1971, une scission voit partir quatre membres du Comité directeur de la Restauration Nationale dont Bertrand Renouvin, ainsi que de nombreux cadres du mouvement, pour fonder la Nouvelle Action française, qui deviendra bientôt la Nouvelle Action royaliste.
Après s’être présenté aux élections présidentielles de 1974, il appellera à soutenir François Mitterrand en 1981.
Celui-ci le nomme au conseil économique et social en 1984.
Vous dites qu’il n’en fait plus partie? Je le note.
Pour les gens de ma génération, Bertrand Renouvin est à la fois le jeune maurrassien sérieux, et très orthodoxe, d’avant 1971; puis celui qui a été l’âme de la création de la Nouvelle Action Française, qui devait refonder, régénérer l’ancienne, considérée, d’ailleurs à juste titre, comme poussiéreuse et basse de plafond.
Quarante ans ont passé et, il est sans-doute inutile d’en faire le reproche à Renouvin, qui a fait ce qu’il a pu, comme tout un chacun, mais il est clair qu’en définitive, la rénovation annoncée n’est pas venue. La NAF, devenue la NAR, est restée une petite maison qui, au fond, n’a pas réalisé ses ambitions de départ, dont certains, peut-être se souviendront.
Renouvin a peu à peu publié, dit à la télévision, ce qui était, à mon sens, bien inutile, sa haine de Maurras, au contraire exact de Pierre Boutang qui a su, comme tout disciple digne de ce nom, affirmer l’autonomie de sa pensée, se distinguer de celle de Maurras, tout en lui restant toujours fidèle, toujours, au sens propre, reconnaissant.
Je me permettrai de dire que cette manière d’être a une autre allure. Elle marque les différences.
Mais pourquoi en vouloir à Renouvin ? Sans-doute avait-il des raisons particulières de penser et d’agir ainsi. Je me trouve, pour ma part, souvent en désaccord avec les positions qu’il défend. Mais, en nouant, avec certaines personnalités, des dialogues que d’autres que lui, peut-être, n’auraient pas pu avoir, il n’est pas impossible qu’il ait rendu quelques services.
Sans-doute,d’ailleurs, ces considérations tiennent-elles à des circonstances anciennes et, aujourd’hui, dépassées.
La nouveauté, c’est la présence, l’action du Prince ; et que nous puissions, autour de lui, avec toutes nos différences – et il sera, je crois fort utile que les maurrassiens maintiennent la leur – faire luire un espoir commun.
Pourquoi en vouloir à Renouvin? La rancune est de toutes façons, stérile. Cependant, les procédés qu’il a utilisés me laissent un mauvais souvenir. Rappelons qu’il était considéré par la direction « poussiéreuse et basse de plafond » selon votre expression, Jaco, comme ce qu’il y avait de mieux. En effet, il était, comme Gérard Leclerc, indemne de toute collusion « extrémiste » et représentait la promesse d’une AF enfin dégagée des « miasmes de la Collaboration ». Cette confiance aveugle que les chefs avaient mise en lui, il l’a trahie. C’est la règle en politique, soit. Mais sitôt montée son officine, il a adressé au système idéologique au pouvoir des signes de connivence en dénonçant des camarades comme anciens collabos. Rappelons le livre « le choc du passé », diffusé par la NAF qui valut à certains de nos amis de gros ennuis. Cela ne se fait pas. Tout cela pour monter un cercle de pensée marginal qui ne reçut du reste aucun soutien en échange de ces dénonciations. Pour reprendre votre ton litotique, Il n’est pas invraisemblable qu’à côté de ces résultats dérisoires, la scission de la NAF/NAR ait eu un effet bénéfique: celui de libérer les courants qui, au sein de l’AF, étaient tenus sous le boisseau et qui purent s’exprimer alors sans être taxés de déviationnisme.
Sans vouloir polémiquer, la grandeur d’une « maison » politique se mesure essentiellement à la qualité de ses publications, aux liens et aux dialogues effectivement tissés avec d’autres traditions politiques (par définition le devoir de tout courant royaliste), et pour ce qui concerne les royalistes français, à la fidèlité à notre tradition orléaniste.
La N.A.R. satisfait pleinement à ces critères.
« Tradition orléaniste » est une formule quelque peu contradictoire. Je pense d’ailleurs que l’immense majorité des partisans du Prince Jean n’y adhère pas, et c’est bien normal puisque le prétendant lui-même nous a déclaré à maintes reprises qu’il ne serait roi légitime que le jour où il serait sacré à Reims. Par ces mots, il s’écartait de la monarchie de Louis-Philippe, lequel, je vous le rappelle, ne fut jamais sacré ; le duc de Laval-Montmorency disait à ce propos avec son accent inimitable: »on n’peut tout d’même point sacreu à Reims un rouai qu’est sorti d’une bouëtte! (l’urne électorale) ». Du reste l’orléanisme est mort le jour où le premier Comte de Paris est venu à frohsdorf reconnaître le Comte de Chambord comme le chef de la Maison de France.
Le sacre n’est pas incompatible avec la monarchie constitutionnelle parlementaire, Elisabeth II est sacrée, certes pas, dans la foi catholique, mais tout de même, quant à Charles X, il demeure roi selon la Charte, et non pas de droit divin.
Ce n’est pas par l’absence de sacre que se caractérise l’orléanisme mais par la volonté de faire coexister la monarchie et la démocratie, au service du bien commun. Si le Prince a la volonté de se faire sacrer pour cela, par souci de transcendance en rapport avec ses convictions religieuses, cela relève avant tout de ses choix, non de la constitution. » la grâce de Dieu » n’est pas étrangère au consentement des Français.
Cher DC, il nous arrive souvent de n’être pas d’accord, mais là, c’est exemplaire. D’abord, il n’est pas exact que le roi d’Angleterre soit sacré. Il est seulement couronné au cours d’une cérémonie religieuse qui n’a rien à voir avec le sacre, lequel confère au roi le rang d’un évêque. Son origine est antérieure au christianisme. Ensuite, Charles X était roi avant et en dehors de la charte, comme l’exprime clairement le préambule de ce document, et non pas « selon la charte ». Enfin, il me paraît insoutenable de faire de la déclaration du Prince un choix personnel, « en rapport avec ses convictions religieuses », et de nature privée. Poussant votre raisonnement au bout de sa faiblesse, que penseriez-vous du Prince, s’il faisait d’une cérémonie privée une condition de sa légitimité?
Ce qui caractérise l’institution monarchique, c’est l’idée que l’autorité politique possède un caratère intrinsèquement sacral et que sa légitimité vient « d’en haut ».
Un véritable « retour à la monarchie » impliquerait avant tout, que la souveraineté politique fût à nouveau perçue comme inséparable du sacré.
Or l’expérinece montre que l’institution monarchique, ramenée à ses formes extérieures se combine très bien avec ce qu’il y ade plus contestable dans notre société.
Se battre pour la monarchie n’aurait aucun sens si celle-ci devait n’être rien d’autre qu’une espèce de bibelot décoratif, qui se superposerait au système actuel en le laissant tel quel.
La pire des erreurs serait de croire qu’il suffirait de changer d’institutions pour changer de régime.
Cher Antiquus, je reconnais votre précision qui vous honore, selon laquelle, le roi d’Angleterre n’est en effet pas sacré, mais seulement couronné au cours d’une cérémonie religieuse. Cela étant, le couronnement est partie intégrante des cérémonies de sacre, en général.
Quant à Charles X, opposé à la Charte de Louis XVIII, il n’a pu effectivement régné qu’en se conformant à celle-ci; le détournement de l’esprit de la Charte par le roi, n’est en effet pas étranger à la révolution de 1830. Dire cela ne remet pas en cause la légitimité historique de Charles X, roi de jure.
Il appartient au Prince, seul, d’interpréter son propos, selon lequel, il estimerait être roi légitime, que le jour où il serait sacré à Reims. Il ne s’agit pas en effet, d’une question privée, les sacres étant par nature, publics, mais d’une volonté personnelle de se considérer légitime qu’à cette condition.
Sinon, cela reviendrait à dire que le roi des Belges ou le roi d’Espagne ne sont actuellement pas légitimes.
Ceci dit, je comprends parfaitement cette volonté de s’inscrire dans une tradition historique millénaire et ce besoin de faire lien avec le sacré. Je veux simplement dire qu’indépendamment du sacre, le Prince est déjà historiquement légitime, il le sera politiquement avec le consentement des Français, et ainsi, religieusement avec le sacre, car la légitimité revêt différentes formes, à mon avis.
A quoi sert d’évoquer aujourd’hui la royauté sacré? Vieilles lunes diront en effet certains, qui assurent qu’entretenir la mémoire d’un héritage est du passeïsme – donc du temps perdu.
C’est le propre, en effet de cette expression type du monde moderne qu’est la démocratie que de vouloir méconnaître la dimension sacrale de la souveraineté. Une dimension, mon cher DC, qu’un certain Charles de Gaulle avait sans doute perçue, et qui reste le fondement de toute légitimité.
Cher DC,
La totalité des juristes de droit constitutionnels et des historiens ont abandonné la thèse selon laquelle Charles X, en effectuant un « détournement de l’esprit de la Charte » a causé la révolution de 1830. S’il est vrai que ces ordonnances étaient une maladresse politique, dans la mesure où le roi n’avait pas le moyen de les imposer, elles étaient parfaitement conformes à la Constitution de 1814, qui ne laissait pas tout le pouvoir législatif aux assemblées, mais le partageait entre le roi et les chambres. Ce qui est vrai, c’est que les libéraux l’interprétaient autrement. En se référant à leur seule vision des choses, vous prenez, une fois de plus, parti pour le choix de 1791, ce qui ne m’étonne pas.
En ce qui concerne le roi des Belges, il s’agit d’une monarchie ex nihilo, pour un pays ex nihilo. L’histoire nous dira si la légitimité de la Belgique affronte les siècles. Pour l’Espagne, il semble que le résidu de légitimité qui avait résisté à quatre changements de dynastie en mois de deux siècles est en train de s’effacer.
Vous avez dit » LEGITIMITE de la Belgique … de l’Espagne … « » ?
Voici une contribution subsidiaire au débat où il est question d’une autre légitimité :
JCall : Israël face au “défi du métissage”
http://www.fdesouche.com/articles/113174
… et de » délégitimation inacceptable de l’Etat d’Israël « …
Cher Antiquus,
Je vous trouve pessimiste pour la Belgique et pour l’Espagne, mais je constate que nous partageons, il me semble, l’idée selon laquelle la légitimité revêt différentes formes.
Dire que je prends parti une fois de plus pour le choix de 1791, n’est pas exact, dans la mesure où le régime de séparation strict des pouvoirs de 1791 entre le législatif et l’éxécutif ne correspond pas à mes idées, ni le monocamérisme. Il me semble en effet que si nous avions eu la Charte de Louis XVIII en 1791, la situation aurait pu être différente.
Pour répondre à Sébasto, je ne méconnais ni ne néglige la dimension sacrale du pouvoir, à la source de la légitimité, je dis seulement que cette légitimité comporte plusieurs aspects. Car si je suis le raisonnement de Sébasto, cela reviendrait à dire que Napoléon sacré était légitime et que Louis XVIII non sacré ne l’était pas, ce qui est quelque peu difficile à avaler!