Nous avons déjà parlé ici, à propos de la réflexion de Martine Aubry, du quinquennat, du court terme et du temps long. Nous avons évoqué les propos de Paul Gilbert, ceux de Royaliste et ceux du Prince Jean : Court terme et temps long…pdf
Voici que Jean-Louis Servan-Schreiber publie Trop vite – Pourquoi nous sommes prisonniers du court terme: c’est l’occasion de rajouter quelques réflexions nouvelles à nos réflexions précédentes…
Extraits, et grain(s) de sel…
198 pages, 15 euros
La politique : « Le court-termisme semble inhérent au travail gouvernemental, compte tenu du nombre de décisions à prendre chaque jour. Un Premier ministre ressemble au chef d’une gare de triage frénétique… Pour penser et organiser l’avenir, il faut tant de consensus divers, venant de secteurs disparates du corps social que, le plus souvent, la plupart des responsables politiques en place, assiégés par les urgences, y renoncent… »
La finance : « Le personnage central de l’ère industrielle naissante était l’entrepreneur. Porteur de l’idée et du risque, il entendait en récolter les bénéfices. Son objectif était croissance, productivité puis transmission à la génération suivante… Aujourd’hui, nous croisons de jeunes entrepreneurs de trente ans qui ont déjà lancé et réussi leur boîte internet avant de la vendre pour en relancer une autre…. Il n’est plus question de faire de la création et du développement de l’entreprise un projet de vie, avec l’espoir qu’un de ses enfants prenne la suite… »
La crise : « Rien de plus court-termiste, de plus accélérateur de consommation que l’énorme et complexe mécanisme du crédit dans nos sociétés. Achetez maintenant, payez plus tard… »
L’environnement : « Pour résoudre ces défis écologiques, il devient indispensable de retrouver le sens du long terme, que notre époque a perdu. Mais, en matière d’environnement, il faut penser à cinquante ans. C’est un exercice trop abstrait pour la plupart d’entre nous, et nous avons besoin de leaders charismatiques capables de nous y aider, ce que ne savent plus faire les hommes politiques, trop habitués aux calculs électoraux à court terme… »
Et comment ne pas trouver un écho, presque mot pour mot, des propos du Prince Jean dans cette réponse de Jean-Louis Servan-Schreiber à la question de Dominique Arnoult (de La Provence):
– Cette absence de vision semble le propre de la classe politique actuelle. Est-ce ce qui lui vaut autant de méfiance ?
Les hommes sont le produit de leur époque. En fait, nous vivons surtout une crise du fonctionnement démocratique. A vouloir multiplier les échéances électorales, les hommes politiques ne raisonnent plus en hommes d’Etat mais en candidats perpétuels avec l’obligation permanente de se justifier et de séduire des électeurs. Cette semaine marque les 3 ans de l’accès au pouvoir de Nicolas Sarkozy et l’on évoque déjà les stratégies de sa candidature en 2012. Le voici privé de deux ans de vrai pouvoir.
Jean-Louis Servan-Schreiber a raison de s’alarmer de ce règne du court terme et de ses conséquences néfastes. Il le dit, et il fait bien. Pour notre part, nous pensons que, dans notre République idéologique, on a justement institutionnalisé le court terme. Reprenant sur ce point le Politique d’abord ! de Maurras, c’est notre rôle de dire à celles et ceux qui s’alarment que ce mal qui répand la terreur, et qu’il est de bon ton de dénoncer aujourd’hui, a une source et une explication politique.
Et donc, forcément, un remède qui ne peut qu’être, lui aussi, politique…..
D’accod avec cette analyse sur les institutions ripoublicaines et démoncratiques mais il faut dire également que nous sommes gouvernes totalitairement par des incapables et par des représentants inopérants. Vive Le Roi.
Le livre de JLSS décrit les symptômes sans apporter de remède.
Il s’avère ainsi particulièrement trompeur, puisqu’il laisse croire qu’il est possible de remédier à la crise sans remettre en question la logique marchande, l’imaginaire économique, le système de l’argent et l’expansion illimitée du capital.
En fait, il se contredit dans la mesure où il continue de s’inscrire à l’intérieur d’un système qui est la cause essentielle des dommages qu’il prétend dénoncer.