Pour répondre d’avance aux mauvais coucheurs de tous bords -et de tout ordre- qui s’étonnent de ceci ou cela, rappelons juste que le simple fait que le Pays légal organise la célébration de tel ou tel acte, ou de tel ou tel souverain -en l’occurrence, avec l’Année Henri IV…- revient à porter condamnation des mensonges officiels passés, et aussi des horreurs révolutionnaires (profanation de Saint Denis etc…).
Voilà pourquoi l’on ne peut que se réjouir de voir les Autorités d’aujourd’hui donner tort aux furieux d’hier….
Ce qui ne veut bien sûr pas dire que l’on gobe tout: quand le Ministre évoque (deuxième discours) « une Europe dont toutes les étoiles et toutes les identités dialoguent harmonieusement, dans le respect mutuel… », on ne peut que rester dubitatif (!), en rappelant à certaines de ces « identités » (!) qu’elles doivent elles-même, d’abord, respecter le cadre dans lequel elles sont venues vivre; en se souvenant que leur présence -en France et en Europe- n’a jamais été ratifiée par un peuple pourtant réputé souverain, mais à qui on n’a jamais demandé son avis sur le sujet…
Il suffit de lire lafautearousseau au quotidien pour bien voir que nous ne sommes pas dupes des propos officiels, du moins de certains….
Nous nous réjouissons simplement quand les choses prennent une tournure et suivent une évolution qui, pour l’essentiel et dans l’ensemble, va dans le bon sens….
I : Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l’occasion du lancement du site internet « Henri IV, le règne interrompu » www.henriIV.culture.fr, dans le cadre du 400e anniversaire de la mort d’Henri IV
site multimédia de référence sur Henri IV
la collection multimédia Célébrations nationales
Société Henri IV
Madame la Présidente du Centre des Monuments Nationaux, chère Isabelle
LEMESLE,
M. le directeur des Archives, cher Hervé LEMOINE,
M. le président de la Société Henri IV, cher Jacques PEROT
M. le délégué aux Célébrations nationales ,
Cher Grégory CHAMPEAU
Chers tous qui avez collaboré à ce petit joyau informatique,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
« Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres ; mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m’aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais, et la différence qu’il y a de moi aux autres hommes ». Parmi les légendes qui entourent la figure d’Henri IV, et en particulier son assassinat, cette sorte de prédiction rapportée par BASSOMPIERE est, en raison de son caractère prophétique, particulièrement mystérieuse. La référence christique y est probablement pour quelque chose… Et, par ailleurs, les circonstances de ce 14 mai 1610 étaient en effet, comme le savent les historiens, propices à l’effervescence avec la proximité d’une guerre avec l’Espagne, ce qui explique en partie l’événement. Mais une part de mystère demeure face à cette forme de prescience d’une disparition prochaine… Un mystère qui reste indissociable, parmi tant d’autres traits, de la légende du « bon roi » qui fut aussi un grand roi, un immense souverain.
Pour lancer le premier acte de cette journée d’hommage national au Bon Roi Henri, l’Hôtel de Sully s’imposait comme une évidence, puisque SULLY, l’auteur de la célèbre maxime faisant de « labourage et pâturages les deux mamelles de la France », fut, comme chacun sait, le ministre fidèle et efficace d’Henri, et son compagnon de route jusqu’au jour de l’assassinat. Merci donc à Isabelle LEMESLE et à ses équipes pour leur hospitalité ainsi que pour leur diligence. Je constate d’ailleurs que la tête de réseau de nos monuments nationaux est en pleine
restauration et je m’en félicite. Derrière nous, les appartements de la Duchesse en pleine réfection (les appartements, car pour la duchesse il est sans doute un peu tard…) nous tendent les bras et je suis sûr que le « vert-galant » aurait été tenté, lui aussi, de pousser cette porte…
Bref, figure à la fois historique et mythique, mais toujours figure fondatrice de notre histoire nationale, Henri IV est avant tout un symbole d’une intensité particulière, qu’il était essentiel, à mes yeux, de commémorer dignement. Car le bon roi symbolise des valeurs qui sont encore et toujours les nôtres : Un symbole de paix et de tolérance ; Un symbole de renouveau urbain, mais aussi rural, et de prospérité;
Un symbole de l’essor des arts, entre la Renaissance et la nouvelle esthétique baroque. Nous entendrons tout à l’heure les musiciens du Centre de Musique Baroque de Versailles nous offrir un échantillon de cette musique oubliée, en train d’être redécouverte, notamment grâce à ce merveilleux site Internet.
L’acte I de cette commémoration « à cent actes divers » tout au long de l’année, c’est, pour nous, la présentation de ce site. Il y a bien sûr, et c’est légitime, une célébration religieuse ce matin à Saint-Denis – Henri vaut bien une messe… – à laquelle nous nous associons de tout coeur et en pensée. Mais le ministère de la Culture et de la Communication a voulu insister aujourd’hui sur la modernité de cet
immense souverain.
Et c’est pourquoi nous avons choisi de lancer un site Internet qui viendra alimenter notre collection multimédia consacrée aux « Célébrations nationales » dont mon ministère a la charge. Ce formidable outil mettra dès aujourd’hui à la disposition de chacun une somme considérable de connaissances, de documents, de musiques rares, de textes importants ou inédits, de peintures qui composent une iconographie d’une beauté exceptionnelle…
Je voudrais bien sûr remercier chacune des personnes et des institutions – l’ex-Mission de la Recherche et de la Technologie, la délégation aux Célébrations nationales et la Société Henri IV – qui ont contribué à la réalisation de ce site particulièrement soigné, à la fois érudit et abordable, qui vulgarise au sens noble du terme, c’est-à-dire qui met à la disposition de tous les publics, quels que soient ses horizons de départ. En cela, il participe pleinement de cette « culture pour chacun » dont j’ai fait mon idéal à la tête du ministère. Ce site démontre avec éclat que la culture d’écran ne fait pas écran à la culture, et que les nouveaux supports peuvent être un formidable levier de notre mémoire collective et partagée. Aujourd’hui donc en quelque sorte, navigation et célébration sont les deuxmamelles de la culture pour chacun…! Sa vocation culturelle et pédagogique, sur un mode interactif et même ludique l’inscrit dans le programme d’éducation culturelle et artistique que nous mettons en place avec le ministère de l’Education nationale. J’y ajoute, je dirais, une vocation citoyenne. Car il contribue à tisser plus étroitement notre lien social, en nous restituant une part essentielle de notre mémoire et de notre identité commune, faite d’histoire, de légendes et de symboles mobilisateurs.
Je vous invite donc à consulter cette réalisation exemplaire qui met l’outil numérique au service de la culture pour chacun, et je vous donne rendezvous dans les jardins (ou plutôt l’Orangerie peut-être, vu la météo) pour un moment musical et une collation façon « poule au pot », avant de vous retrouver peut-être ce soir sur le Pont-Neuf. Jean-Charles de CASTELBAJAC y a revisité la statue équestre d’Henri IV et il nous prépare bien des surprises et bien des émotions, qui constituent aussi, comme ce site Internet, une bien belle manière de donner vie à notre mémoire…
Je vous remercie.
II : Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l’occasion de la célébration du 400e anniversaire de la mort d’Henri IV autour de la statue équestre d’Henri IV sur le Pont-neuf (Paris, île de la Cité) et de l’oeuvre de Jean-Charles de Castelbajac.
Maintenant que les tambours ont laissé la place au silence, et le silence à la parole, nous pouvons nous recueillir ensemble à la mémoire de celui qui est resté pour chacun le modèle des souverains.
La République n’est pas née de rien. Elle sait rendre hommage à tout ce qui, dans l’histoire de la France, l’a précédée et parfois aussi préparée. Elle salue aujourd’hui, à l’occasion du quatre-centième anniversaire de sa disparition tragique, celui qui, dit-on, est « le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire ». Elle rend hommage en lui à une anticipation de ses propres valeurs, tout autant d’ailleurs qu’elle salue un
panache auquel elle emprunte l’une de ses trois couleurs – ce fameux « panache blanc » demeuré l’une des nuances qui, unies avec les couleurs de Paris, composent son drapeau. C’est pourquoi chacun des élus, quelle que soit leur couleur, la mairie de Paris, les mairies du 1er et du 6e arrondissements, la « Société Henri IV » et, par ma voix, le Président de la République et le gouvernement tout entier, se sont fidèlement associés pour donner quelque éclat à cette grande célébration nationale.
Si nous célébrons un triste événement, c’est pour marquer notre attachement constant, par-delà les siècles écoulés, à ce grand souverain victime du fanatisme, dont il ne pouvait qu’être la cible pour en avoir été l’adversaire parfait dans toute son action de roi comme d’ailleurs dans toute sa vie. C’est aussi pour dire que, par-delà cette mort, les valeurs de ce monarque exemplaire ont triomphé. Elles ont fait de sa figure une inspiration qui dépasse son temps, qui n’a pas cessé de nourrir le meilleur de notre histoire et qui, nous voulons aujourd’hui en faire le pari, sera l’une des sources de l’avenir. Ces valeurs, chacun les connaît, ce sont celles de la tolérance et de la liberté, indissociables d’une leçon de joie de vivre, d’énergie et de solidarité humaine. Ce sont aussi les valeurs de la culture et de la foi dans l’humanisme des arts. Cet avenir, c’est celui d’une France et d’une Europe dont toutes les étoiles et toutes les identités dialoguent harmonieusement, dans le respect mutuel. C’est le voeu henricien de la concorde civile et de la paix religieuse élargi aux dimensions de notre planète.
Déjà VOLTAIRE, dans La Henriade, avait montré le lien très fort qui unit la tolérance avec l’ordre cosmique du monde. Il chantait une première apothéose d’Henri IV emporté dans le ciel par Saint-Louis, qui contemple l’ordre céleste et qui saisit que la diversité est inscrite dans les desseins divins et que la tolérance est la seule réponse à l’efflorescence des confessions particulières. La Henriade a donc en quelque sorte précédé la vision de l’artiste d’aujourd’hui, cher Jean-Charles de CASTELBAJAC. C’est pourquoi je cède, moi aussi, au plaisir d’apparier le moderne et le contemporain et de vous livrer quelques bribes de ce voyage céleste qui semble préfigurer votre propre rêve d’un Henri IV « roi des étoiles » et souverain du futur :
« Au delà de leur cours, et loin dans cet espace
Où la matière nage, et que Dieu seul embrasse,
Sont des soleils sans nombre, et des mondes sans fin.
Dans cet abîme immense il leur ouvre un chemin.
Par delà tous ces cieux, le Dieu des cieux réside.
C’est là que le héros [Henri IV] suit son céleste guide ;
C’est là que sont formés tous ces esprits divers
Qui remplissent les corps et peuplent l’univers.
Là sont, après la mort, nos âmes replongées,
De leur prison grossière à jamais dégagées.
Un juge incorruptible y rassemble à ses pieds
Ces immortels esprits que son souffle a créés.
C’est cet être infini qu’on sert et qu’on ignore :
Sous des noms différents le monde entier l’adore :
Du haut de l’empyrée il entend nos clameurs ;
Il regarde en pitié ce long amas d’erreurs,
Ces portraits insensés que l’humaine ignorance
Fait avec pi-été de sa sagesse immense ».
(La Henriade, chant VII)
C’est bien un roi paradoxal auquel nous rendons hommage aujourd’hui – à la fois celui qui sut contempler de Sirius les vaines querelles des hommes et s’en placer à bonne distance, et celui qui sut être en même temps le roi le plus chaleureux et le plus proche de chacun. C’est par ces deux chemins qu’HENRI IV restera à jamais un roi universel. Le parer ainsi d’une épée lumineuse, c’est rappeler aussi que la paix repose sur le courage, que la justice ne va pas sans l’appui de la force, et c’est montrer que sans les lumières de l’esprit et du coeur pour nous guider, la force et le courage – toutes les vertus – ne sont rien.
Après quelques évocations pyrotechniques retraçant sa gloire, nous pourrons voir s’illuminer l’architecture souple et légère qui encadre cette statue familière. Nul doute que le roi s’y prêtera à ces jeux de lumière avec sa tendresse et son sourire légendaires. Il se présentera ainsi, deux mois durant, jusqu’à notre fête nationale du 14 juillet, dans ce « simple apparat », aux yeux des passants arrivés de tous horizons dans la capitale. Il leur apparaîtra dans tout l’éclat dont il brille déjà dans nos mémoires, au sein de ce quartier qui porte son empreinte et qui est un peu déjà comme son écrin. Ce soir donc, après nous êtres recueillis avec gratitude, nous voulons dire, par les quelques instants d’une fête fidèle à son esprit qui savait être léger, notre joie d’être tous, par la grâce de l’histoire, les héritiers d’une
générosité qui, la première, a lancé la France dans l’aventure de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Je vous remercie.
Anne sur Journal de l’année 14 de Jacques…
“Très beau commentaire en vérité. Je suis d’ailleurs persuadée que Bainville vous approuverait !”