Dans son Blog, le samedi 29 mai, Patrice de Plunkett estime que Rome remet les pendules catholiques à l’heure en ce qui concerne l’immigration ( http://plunkett.hautetfort.com/ : Migrants : le pape met à l’heure les pendules catholiques – Benoît XVI pour le regroupement familial des immigrés ).
Que le Pape se déclare favorable au regroupement familial, dans le principe, cela nous paraît normal. Mais que l’on considère l’immigration massive qui affecte notre temps comme normale et irréversible nous paraît être une erreur, quel que soit le respect que nous portons par ailleurs à la personne du Pape.
Pourquoi le droit à l’enracinement et au maintien des peuples dans leur terre d’origine ne devrait-il pas, aussi, être respecté ? Si l’homme en effet doit vivre entouré de sa famille, il doit aussi, autant que faire se peut, vivre et se développer sur la terre où il est né.
Sur ce sujet, où la position de l’Eglise nous paraît malheureusement contestable, nous republions la position que nous avions prise ici-même par notre note du 17 février 2010…..
Réflexions … en bref, sur deux aspects de la politique de l’Eglise
Il y a, aujourd’hui, deux domaines où l’Eglise romaine, très sage en beaucoup d’autres, nous paraît se tromper radicalement. Il faut en traiter avec le respect qui lui est, naturellement, dû, mais il n’y a aucune raison – même si nous ne contredisons pas de gaité de coeur la haute figure du pape Benoît XVI – de ne pas exprimer notre pensée sur ces deux points qui, après tout, ressortent du domaine politique :
1. l’encyclique Caritas in Veritate croit pouvoir constater l’unification du monde. Elle le fait, il est vrai, dans sa logique propre, sa dynamique interne : elle y voit l’édification de la Cité de Dieu. A-t-elle raison ? Nous ne le croyons vraiment pas. Primo, parce que les exemples contraires de « déconstruction » de grands ensembles politiques, qu’ils fussent bons ou mauvais, tout au long du siècle dernier, et encore aujourd’hui, abondent, sans qu’il soit vraiment besoin de les citer. Comment peut-on les ignorer ? Secundo, parce que ce qui, en effet, s’unifie, ou, pour mieux dire, s’uniformise, le fait par le bas. Si nous raisonnions chrétiennement, nous y verrions, plutôt, l’œuvre du mal. Politiquement, ce n’est pas la Cité de Dieu, au sens catholique, qui se construit, dont on peut penser, même si l’on n’est pas chrétien, qu’elle élèverait les peuples, les nations et les civilisations. Mais celle du grand vide marchand où l’homme, mais aussi les cités, les nations, les civilisations du monde, perdent leur âme. En la matière, l’optimisme romain est confondant. Jusqu’à preuve du contraire, nous ne voyons aucune raison de le faire nôtre.
2. Sur la question de l’immigration, l’Eglise ne cesse de prêcher l’accueil de l’étranger à des peuples qui, pourtant, s’épuisent à en accepter bien plus qu’il n’est raisonnable. Pourquoi la sagesse romaine n’en voit-elle pas les limites, aujourd’hui largement franchies ? Elle s’exprime au nom de la charité due à tout homme et, sur ce terrain, nous la comprenons, nous partageons son souci. Nous ne sommes pas plus sauvagesqu’elle ! Nous ne voulons de mal à personne. Mais l’Europe est, aujourd’hui, confrontée, d’ailleurs en grande partie à son initiative et de son fait, à un problème sociopolitique de première ampleur qui brise de très anciens et très profonds équilibres : une invasion sans précédent par un prolétariat étranger à sa nature et à sa tradition, qui met en péril sa stabilité, son ordre, son identité même et jusqu’à son existence. Il faut, dit Rome, rechercher « des solutions justes ». Soit. Nous en sommes d’accord. Mais, à ce titre, des nations, une civilisation comme les nôtres, dont, à tous les sens du terme, la richesse, humaine, culturelle, spirituelle, est immense et remonte à quelques millénaires, ont toute raison de vouloir préserver et continuer de développer, sans qu’elles soient brutalement bouleversées, et, probablement, détruites, leurs identités historiques propres. Qu’en pense donc Rome ?
Même si elle doit toujours être écoutée avec respect, L’Eglise n’a pas reçu, de son fondateur, les promesses de l’infaillibilité en tous domaines. Nous avons appris de Lui qu’il faut « rendre à César ce qui est à César ». Pour ce qui est de notre destin politique, c’est nous qui en sommes – ou devrions en être – maîtres. En l’occurrence, forts ou défaillants, comme, autrefois, les rois se France se voulaient empereurs en leur royaume, c’est nous qui sommes – ou devrions être – César.
« Vivre et travailler au pays ! ». Une certaine gauche/extrême gauche s’en sera-t-elle gargarisé, de ce slogan, agité à l’époque avec une connotation anti-militariste évidente. Aujourd’hui, les mêmes qui criaient ce slogan hier nous bassinent avec les immigrés, qu’il « faut » installer ici. N’est-ce pas étrange ? Eux -les mêmes- qui étaient pour le droit de vivre et de travailler au pays hier -parce que cela embêtait l’Armée française- sont pour les délocalisations de population aujourd’hui, déniant donc aux africains le droit qu’ils réclamaient pour eux-mêmes ! Racisme ?
C’est là qu’on voit que Plunkett ne parle pas de la même chose que nous: il est sur Sirius; il nous fait un cours de morale théorique, nous expliquant par a+b ce que nous savons parfaitement, et avec quoi tout le monde est entièrement d’accord, à savoir que la dignité humaine impose que l’on reconnaisse à un homme le droit de vivre entouré des siens. Là, Plunkett enfonce des portes ouvertes….
Mais il ne s’agit pas de cela: il s’agit de voir que nos sociétés sont submergées et que l’on opère -sous couvert d’anti racisme- une substitution de peuplement dans notre vieille Europe, blanche, chrétienne et gréco-romaine. Et ceux qui prêtent la main à cette sale besogne doivent être combattus.
Sans compter qu’en plus de l’idéologie (les trotskos pour diluer les nations historiques qui résistent à leurs chimères…), c’est le fric qui est à la base de ces migrations aussi excessives qu’insensées; le sale profit immédiat de gens qui ne pensent qu’à se faire du fric sur le dos des immigrés, qu’ils n’aiment pas, qu’ils ne respectent pas et dont ils se contrefichent éperdument !
Comment Plunkett qui, par ailleurs, dénonce courageusement les aberrations de notre temps, liées à l’Argent-Roi, au fric partout, tombe-t-il dans ce panneau, fort grossier au demeurant ?…..
Pendant deux millénaires, des structures d’ordre s’étaient mises en place au sein de l’Eglise, permettant, en même temps qu’elles l’adaptaient au mental européen, de mettre en forme, de raisonner le périlleux message évangélique.
Elle veut mettre ces deux millénaires entre parenthèses, pour revenir aux sources d’une religion vraiment universelle et en rendre le message plus percutant.
S’il est à craindre que nous vivions la « fin » de l’Eglise (mais non celui de l’Evangile), cette « fin » prend donc la forme d’un retour vers le « début ». L’Evangile (la pastorale) se sépare de plus en plus de l’Eglise (la dogmatique).
Dans son ouvrage – Sociologie de la révolution, Fayard – Jules Monnerot écrit : » Aujourd’hui plus que jamais, l’esprit grec et l’esprit révolutionnaire s’opposent irréductiblement. L’existence de sectaires……..à qui la participation subjective à un corps de vérités révélées, à une gnose, donne, à leurs propres yeux, droit sur tout et sur tous, droit de tout faire et de tout se permettre, persiste à poser une question de vie ou de mort à une société au bord, non plus de la guerre de religion, mais d’une forme prochaine de ce fléau historique : la guerre de civilisation ».
Ce qui est ennuyeux, ce n’est pas tellement que ce soit Plunkett qui dise tout cela, car, sans vouloir du tout le déprécier, ce n’est tout de même pas d’une importance capitale. C’est que ce soit le pape Benoît XVI, esprit, pourtant, en tant de matières, remarquablement clair et avisé.
En fait, ce n’est pas d’aujourd’hui que l’Eglise croit à l’universalisation du monde et, constatant les migrations massives qui caractérisent notre temps, les considérant comme un fait inévitable, elle y voit l’amorce de l’unification de la Cité de Dieu et prêche, pour les migrants, sa morale traditionnelle qui, éthiquement, se base sur le principe de charité, et, socialement, sur la famille, comme cellule de base de toute vie et société humaine.
Certes, les textes du magistère romain fixent au mouvement d’unification du monde, de telles conditions, pour que, selon elle, il s’avère positif et s’accomplisse conformément au Bien Commun et au dessein de Dieu, que dans la pratique, elle devrait désespérer de ce qu’elle espère, selon moi très imprudemment. Sur la question de l’immigration, après avoir rappelé la charité que l’on doit aux migrants, et l’obligation de respecter leur dignité, elle rappelle aussi leurs devoirs et les droits des sociétés d’accueil….
Il n’empêche : sur ces deux sujets, globalement, l’Eglise appuie le mouvement actuel de nos sociétés, vers une pseudo unité et vers la destruction massive des composantes historiques, traditionnelles du monde. En fait, vers la fin de son organicité et vers son atomisation.
Pourtant, lorsque l’homme des temps bibliques devint si orgueilleux qu’il voulut édifier une tour, la tour de Babel, qui rejoignît les cieux, et, en un certain sens, Dieu lui-même, Dieu brouilla les langues et institua les nations.
Celles-là mêmes, que Jésus, quelques millénaires plus tard, donna aux apôtres, mission d’évangéliser, en tant que telles.
Celles, aussi, auxquelles s’adressait Jean-Paul II, partout dans le monde; dans sa Pologne natale, comme en France, lorsqu’il l’interpelait ainsi : « France, fille ainée de l’Eglise, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême », lui reconnaissant par là une personnalité, une dignité telles qu’elle pût prétendre, en tant que telle, au baptême chrétien.
Cette contradiction de l’Eglise (nous aimerions bien qu’elle nous l’explique), qui plus est dans le domaine politique, qui ressort du pouvoir reconnu à César, c’est à dire aux citoyens, aux peuples et aux Etats, ou ce qu’il en reste, nous laisse libres, selon moi, d’agir, en la circonstance, selon notre conscience et notre conception du Bien Commun de notre pays, comme d’ailleurs du continent européen.