Certes, la Crise est passé par là, et à montré, entre autres choses, les difficultés de l’Union européenne (doux euphémisme), renvoyant ainsi, de fait, l’hypothèse de l’adhésion turque aux calendes grecques…..
Il n’est pas interdit, cependant, de rester vigilant et, sans baisser la garde sur ce chapitre, de continuer à suivre ce qui se passe du côté d’Ankara. Ezzedine Choukri Fishere, de l’Université américaine du Caire donne deux ou trois informations intéressantes, susceptibles de refroidir l’ardeur de celles et eux qui persistent à militer pour l’entrée d’Ankara dans l’Union européenne.
Il fait d’abord remarquer que la Turquie cherche en réalité à retrouver, et dans tout le Moyen-Orient, l’influence dont jouissait l’Empire Ottoman voilà un siècle. Ou, tout au moins, une partie de cette influence, et la plus grande possible. Il écrit ainsi, à propos de l’affaire de la flotille d’aide à Gaza, « …la région a perdu un médiateur, mais en même temps, le monde arabe a gagné in nouvel acteur, avec toutes les complications que cela peut apporter ».
Et il fait remarquer que, si on jette un coup d’oeil aux réactions d’internautes on y trouve des indications surprenantes, et précieuses: dans le courrier des lecteurs du site du journal égyptien Al masri al youm, un internaute n’hésite pas à décerner à Erdogan le titre de « Calife des Musulmans »: révélateur !…..
Voilà qui explique la rapidité et la facilité avec laquelle Erdogan a rompu en un clin d’oeil une alliance et une complicité tacite déjà fort ancienne avec l’état Hébreu: il a maintenant d’autres projets en tête, et, semble-t-il, une autre vision géo-stratégique.
C’est évidemment son droit, et nous agirions probablement, à la place des Turcs, comme il le fait lui-même en ce moment, dans l’idée de reconquérir -aujourd’hui- la place perdue -hier- par son pays.
Mais c’est notre droit de continuer à dire à celles et ceux qui persistent à vouloir rêver éveillés: ce réveil de la mentalité expansionniste otomane, que la Turquie d’Erdogan reprend maintenant sans complexe à son compte, est un élément de plus qui montre bien -s’il en était besoin- que la place de la Turquie ne peut pas être au milieu de nous, en Europe…..
Je ne crois pas qu’il y ait eu vraiment des « masques » et qu’ils sont en train de tomber … Les masques sont posés sur les réalités par ceux qui les refusent à raison de leurs propres utopies.
Je ne crois pas davantage que ce soit une bonne méthode que de mélanger les plans et les sujets.
Le principal danger que l’Europe court, en ce moment, est celui de sa désintégration, non celui de l’adhésion de la Turquie. Nous y sommes définitivement opposés simplement parce que la Turquie n’est pas européenne, qu’elle n’est pas en Europe. Cela suffit.
Que, par ailleurs, la Turquie cherche à retrouver, dans la zone qui est la sienne, c’est à dire le Moyen-Orient, l’influence qu’elle y a toujours eue, n’a pas de quoi surprendre et, d’ailleurs, ne constitue pas forcément un danger pour l’Europe. En ces matières, tout est affaire de circonstances et de rapports de forces, par définition changeants. Raison pour laquelle, en plusieurs époques de notre Histoire, les rois de France se retrouvèrent alliés des Turcs.
Il n’est pas sûr du tout que, dans cette zone, l’éclatement de l’empire ottoman et l’apparition de diverses nationalités, d’ailleurs artificielles, crées par les Occidentaux, pas plus, d’ailleurs que la création ex nihilo de l’Etat d’Israël, aient été des facteurs d’ordre et de paix dans la région. Après tout, les Ottomans y faisaient régner un certain ordre qui valait ce qu’il valait mais qui était sans-doute préférable, y compris pour notre tranquillité et celle du monde, à l’état de guerre permanent et à l’anarchie que connaît cette région, depuis quelques soixante ans.
Que l’actuel volontarisme turc ait conduit un internaute à décerner à Erdogan le titre de « Calife des Musulmans » n’est pas plus étonnant. Dans les rivalités intermusulmanes, le mirage du Califat revient toujours. Mais à proportion de son irréalisme. Celui d’Ankara se heurtera tout aussitôt à celui de Téhéran ou d’ailleurs, et réciproquement. Ce n’est pas plus mal.
L’unité musulmane est, circonstance qui nous est évidemment favorable, une utopie qui se heurte en permanence aux nationalités, ethnies, haines religieuses et souverainetés diverses de ce monde compliqué.
Je n’ai pas le sentiment que, dans cette mosaïque, les Turcs soient les plus à craindre. Et puis, contrairement à d’autres peuples voisins, les Turcs, eux, au moins, ne nous demandent pas d’argent.