Mgr Agostino Marchetto est le secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. Et il a prononcé, à Rome, le 19 juin, une conférence que Patrice de Plunkett, dans son « blog d’un journaliste », présente ainsi : Le Vatican et les migrants : retentissante conférence de Mgr Marchetto . La philosophie de cette analyse est une directive catholique. Dont on ne peut pas, par conséquent, accepter telle ou telle chose, et rejeter telle ou telle autre…
Nous publions ci-dessous, pour que les lecteurs de ce blog en aient connaissance, le curieux texte dont il est question, du moins les extraits que Patrice de Plunkett en donne, dont, nous devons le dire, l’expression nous paraît confuse, et, du moins dans sa version française, à la limite du jargon.
En premier lieu, s’il s’agit d’une « directive catholique », elle ne concerne que les catholiques. Elle n’oblige nullement les autres, qui ne sont pas forcément de mauvais citoyens. Mais oblige-t-elle les catholiques ? L’argument disciplinaire, ou argument d’autorité, nous paraît bien faible, dans une matière qui n’est pas du ressort direct de l’Eglise, même si ses « analyses » doivent toujours être étudiées avec attention. D’autre part, pour que la « philosophie de cette analyse » constitue une « directive catholique », encore faudrait qu’il s’en dégage une qui soit suffisamment claire et nette pour s’imposer. Nous regrettons de dire que nous ne pensons pas que ce soit le cas.
Même si la tonalité générale insiste surtout sur les devoirs que l’on a envers les migrants, (leurs droits à eux) et sur le bienfait supposé des mouvements migratoires, notamment en vue de l’unité du monde, il y a de tout dans ce texte : l’apologie de « l’accueil dialoguant » mais aussi le droit aux « différences légitimes » ; « l’acceptation de la réalité changeante de notre temps » mais « sans perdre de vue sa propre identité » alors même que « dans le domaine culturel se fraye une « mens » toujours plus transnationale » … Nous devons œuvrer « tous ensemble à une société nouvelle », « à commencer par l’Europe » laquelle « doit se placer dans le droit fil de son humanisme originel ». De quoi s’agit-il ? Jadis, disons-le simplement, cela s’appelait du pathos.
Vous lirez ce texte que nous persistons, quant à nous, à qualifier de « curieux » car nous ne croyons pas du tout que le catholicisme consiste à l’abandon de tout esprit de réflexion critique, en toutes matières, mais plus spécialement en matière de praxis politique.
Redisons-le tout aussi simplement : nous nions que le déracinement massif de populations lointaines vers le monde du déracinement marchand puisse être un bienfait; et nous ne croyons pas davantage que soit en train de se réaliser « l’unité du monde » sinon par le bas, le rien, le néant du même mondialisme marchand. Lequel, d’ailleurs, selon toute probabilité, sera un jour, compensé par le brutal retour en force des réalités forgées bien plus durablement par l’Histoire et la géographie, la diversité des peuples et des nations …
Des bidonvilles à Montreuil ! Lorsqu’on parle des migrants, il faut voir tous les aspects du problème….. Et si l’un des droits fondamentaux du Malien, du Comorien, du Roumain et autres était de pouvoir vivre dignement chez lui, sans être obligé d’être déraciné, pour n’être – fort souvent… – que de la « chair à profit » ?….
Une dernière question, avant de reproduire le texte publié par Plunkett : « l’idolâtrie de soi-même, de son propre groupe, de sa propre tradition socioculturelle » sont certainement, en langage catholique, un péché, et en langage profane un réel dérèglement ; mais est-ce là le danger qui guette l’Europe d’aujourd’hui ? Et même le monde, menacé, au moins pour l’instant, par le nivellement le plus destructeur qui soit. Et d’autre-part, « la haine de soi-même, de son propre groupe, de sa propre tradition socioculturelle » ne constitue-t-elle pas un autre « péché » ou un dérèglement tout aussi grave ? Et n’est-ce pas celui dont nous souffrons bien davantage, aujourd’hui, que de l’autre ? Par quel aveuglement inverse-t-on ainsi la réalité et la gravité des risques ?
Nous reviendrons tout prochainement sur ce sujet et verserons au débat un autre texte dont nous aurons la faiblesse de penser qu’il est d’une clarté, d’une clairvoyance tout à fait différentes …
Voici le texte cité par Patrice de Plunkett :
Le secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, Mgr Agostino Marchetto, a souligné l’importance de passer de la dimension multiculturelle à la dimension interculturelle. C’était durant une conférence intitulée Multiculturalisme (de fait) et religion,à Rome le 19 juin. Le thème de la rencontre : « La sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales », rappelait le 60ème anniversaire de la signature de la Convention européenne sur ce sujet.
« L’urgence d’aujourd’hui et le secret de l’avenir », a déclaré Mgr Marchetto, « résident dans le dialogue entre les personnes, les communautés, les autorités et organisations civiles, les peuples, les cultures et les religions pour s’opposer à la fermeture et à l’intolérance qui, au fond, naissent de l’idolâtrie de soi-même, de son propre groupe et de sa propre tradition socioculturelle ».
Pour Mgr Marchetto, « l’accueil ‘dialoguant’ s’exprime dans une rencontre authentique qui se sert de cet art difficile mais inépuisable qui consiste à conjuguer ensemble l’aspect personnel et l’aspect de groupe, à articuler les identités, complémentarités, coresponsabilités et créativités, en passant de la dimension multiculturelle à la dimension interculturelle, offrant des espaces dynamiques à la réciprocité et à la fécondité ».
Le représentant du Saint-Siège a demandé « non pas l’homme au-dessus, contre ou sans l’autre homme, mais ensemble, tous, pour une société nouvelle. A commencer par l’Europe, afin qu’elle se place dans le droit fil de son humanisme originel ».
La tolérance, a-t-il souligné, « ne suffit plus ». « Il faut passer nécessairement à la ‘convivialité des différences‘ . La question ne se résout donc pas en nous demandant ‘qui est l’autre’ ou ‘qui suis-je’, mais plutôt ‘ qui suis-je par rapport à l’autre’ ».
Mgr Marchetto a relevé que « notre époque est faite de rencontres entre les personnes et les peuples de différentes cultures, nationalités et religions », un processus dans lequel les migrations « jouent un rôle significatif ».
Il a ensuite déploré le fait que « les différences légitimes » aient été « utilisées pour dominer ou pour discriminer », et qu’elles ne sont donc pas toujours « considérées à leur juste valeur ». Aussi souligne-t-il la nécessité de « concevoir la juste diversité comme une valeur, en développant une vision plurielle de la réalité » : « le pluralisme, en effet, par principe et en soi, implique reconnaissance, respect, promotion des diversités, des droits de tous, dans un climat d’harmonie et de cohabitation pacifique ».
Mgr Marchetto a signalé la fonction importante de la religion « pour favoriser l’acceptation de la réalité changeante de notre temps, sans perdre de vue sa propre identité, mais également l’engagement à faire grandir le respect envers les femmes et les hommes d’origines différentes, en particulier dans les régions où les migrations sont fortes ».
« Mais le respect ne suffit toutefois pas, car nous devons accueillir, comme expression d’amour », a-t-il ajouté. D’où la nécessité d’« une vision qui permette, dans une réalité aussi complexe que la nôtre aujourd’hui, difficile et contradictoire, de saisir aussi en Europe les signes d’un monde nouveau qui naît, où la religion a un rôle très important, que nous le voulions ou non ».
« Ainsi, dans le domaine culturel, se fraye une ‘mens’ toujours plus transnationale, que nous pourrions aussi définir interculturelle, dans la mesure où les avancées technologiques, dans leur évolution incessante , nous mettent en situation de ‘vivre’ en même temps dans divers milieux sociaux ». Dans l’univers religieux existe aussi « la possibilité de réaliser une fraternité universelle, autrement dit une unité où les différences ne sont pas gommées, mais vécues dans leur identité ‘relationnelle‘ ».
« Le phénomène migratoire devient un laboratoire où l’ouverture, l’accueil et le respect des cultures des autres peuvent être mis à l’épreuve, tandis que les valeurs humaines et religieuses, qui ne sont pas en contradiction, soutiennent et motivent leurs divers parcours et tentatives. »
« Du reste, les notes de l’accueil, de ‘l’itinérance’ et de la communion sont les points de référence dynamiques dans la recherche d’un amour authentique vis à vis de l’autre, spécialement dans les contextes où le multiculturalisme est bien plus présent… Les déplacements migratoires créent des occasion de rencontre avec des personnes d’autres cultures et religions, qui nous interpellent et invitent à abandonner des certitudes et certains schémas mentaux pour nous mettre en chemin vers l’autre et lui offrir un dialogue interculturel, interreligieux », a-t-il conclu.
C’est, tout simplement, l’apologie de l’idéologie satanique de la Secte Noire : la Franc-Maçonnerie portée par les innombrables « illuminati » qui ont envahi l’Eglise catholique Universelle, depuis 50 ans officiellement. Tout ce « Pathos » n’est donc pas curieux mais logique et à rejeter comme une torture cérébrale qu’il est, de nature à asservir l’indigène à l’allogène.
Au secours un théologien pour un simple lecteur lambda:
Mais que veut dire la phrase » Dans l’univers religieux existe aussi la possibilité d’une fraternité universelle, autrement dit une unité spirituelle où les différences ne sont pas gommées, mais vécues dans leur identité relationnelle ?
Si c’est dire que nous sommes tous fils d’un même Père quelque soit notre quête religieuse, pourquoi pas et que et qu’une fraternité sans le Christ est voué à l’échec, comme le dit Dostoïevski? Pourquoi pas ? Mais ce n’est pas dit. Peut -t-on remplacer les trois personnes de la Trinité par la formule oh combien équivoque et jargonesque d’identité relationnelle !.
D’ailleurs toute relation pour être féconde et vivante, entre un , homme femme , ou relation d’ amitié, de parenté, et associative suppose une ou plusieurs asymétries sinon elle tourne à vide comme un discours creux. Si Mgr Marchetto veut dire que dans une relation humaine personne ne peut être objectivé et perdre sa spécificité et qu’elle est réciproque, pourquoi pas, mais pourquoi alors employer cette expression identité relationnelle, qui est à mes yeux un oxymore et de plus suppose le problème résolu à l’avance alors que tout le monde sait que toute relation humaine même et surtout quand elle est passionnément amoureuse entraîne un monde avec elle ou le suscite.
Patrie de Plunkett encore une fois dans la fusion ;
A ceux qui se disent « cosmopolites » et se réclament de l’idéal
d’une terre unifiée, sans frontières, seulement peuplée de « citoyens du monde », la question qui se pose est de savoir quelle place ils réservent dans cette perspective à ceux qui ne pratiquent pas la même religion.
Se réclamant de l' »humanité », ils ne peuvent en toute rigueur que les regarder comme non humains.
Toute vision universaliste aboutit ainsi à l’exclusion radicale.
Il y a, me semble-t-il, deux façons de voir les choses.
Dans le contexte de la mondialisation actuelle, « citoyen du monde » a, à proprement parler, un sens nul. Ce « citoyen » est sans Cité, sans culture et, naturellement, sans religion. Il est « l’homme au regard vide » de Jean-François Mattéi, simple consommateur désorienté du monde marchand. Il est le produit de ce que Mattéi appelle, au sens premier, un « désastre »: un astre errant dans un néant.
Lorsque Dante dit « nobis quibus mundus est patria », il se réfère à un autre type d’universalité. Il représente alors l’homme ami et connaisseur des grandes cultures du monde, lesquelles n’existent que selon des modes particuliers, spécifiques à chaque peuple et civilisation. Il en appréciera les différences et, aussi, les grandes parentés.
Guitry dit très bien : « Cervantes ne serait pas universel, s’il n’était pas d’abord l’Espagne, elle-même, en personne ». De même que la pensée humaine ne peut s’exprimer – et même se former – que par le moyen d’une langue particulière.
Il n’y a pas d’autre universalité qui vaille.
Mon cher Reboul, votre analyse de l’universalité tient de la quadrature du cercle. Je vous renvoie à la véritable définition de l’universalisme: « Il n’y a plus ni Juifs, ni Grecs, ni hommes, ni femmes……. ». Ce n’est pas de l’appartenace à la Cité, ni de l’ancienneté de la lignée que dépend le salut, mais de son statut de croyant ou d’incroyant.
Le second livre des « Oracles Sybillins » place ainsi l’humanité dans une nouvelle Jérusalem : »Et la terre sera commune à tous, il n’y aura plus ni murs ni frontières. Tous vivront en commun et la richesse sera devenu inutile…..Et il n’y aura plus alors ni pauvres, ni riches, ni tyrans, ni esclaves, ni grands, ni petits, ni rois, ni seigneurs, mais tous seront égaux ».
Les structures d’ordre qui s’étaient mise en place durant deux millénaires avaient fini par adoucir le poison, mais l’église post-conciliaire veut mettre ces deux millénaires entre parenthèses pour revenir aux sources d’une religion universelle. On peut s’en réjouir ou le déplorer; mais il faut avant tout en être conscient.
J’ai simplement rejeté l’universalisme mondialiste, que je réprouve comme idéologie utopique, et l’ai seulement distingué de ce sens de l’universel qu’ont eu, de tous temps, à partir, justement, de la diversité des cultures et des traditions, toutes les grandes civilisations et les hautes figures de l’humanité. L’un et l’autre « universels » n’ont rien à voir entre eux. Les distinguer ne me paraît pas du tout tenir de la quadrature du cercle.
Par ailleurs, que Thulé me pardonne : Je ne me lancerai pas dans l’exégèse du texte de Saint Paul qu’il cite – hors contexte – dans son commentaire . Encore moins dans celle des « Oracles Sybillins », écrits à la destinée plurielle, obscure et incertaine, fût-ce en se limitant à leur second livre.
En effet, les origines ou l’essence du christianisme n’étaient pas, en soi, le sujet de mon commentaire.
Qu’il migre vers le ciel,ce rèveur au style ambitieux qui ne me parait pas catholique.Déçu!!mais pas surpris,ce n’est pas clair et ressemble plus au diable qu’à NSJC. Prions!!!
Mon cher Reboul, la discussion sur l’universalité en général évoque en fait bien souvent ces dialogues « oecuméniques » où l’on tient à tort pour acquis que certaines croyances religieuses renvoient sous des formes différentes à des « vérités » communes.
Le raisonnement tenu pour démontrer que les cultures et les religions sont universelles est presque toujours le même. Il consiste à faire le constat qu’il existe partout dans le monde une approche commune, puis à en tirer argument pour légitimer le discours censé répondre à cette demande .
Or, une telle conclusion est parfaitement discutable. Personne n’a jamais nié que tous les hommes aient certaines aspirations en commun, ni qu’un consensus puisse s’établir pour regarder au moins certaines choses comme intrinsèquement bonnes ou intrinsèquement mauvaises.
Mais de ce que certains biens sont humains, il ne s’ensuit nullement que le discours soit validé, et moins encore qu’il soit universel.
En d’autres termes, ce n’est pas l’universalité de certaines cultures qu’il s’agit de démontrer, mais bien l’universalité du langage qu’on compte utiliser pour répondre à ce désir.
Les deux plans ne sauraient se confondre. Et la seconde démonstration n’a toujours pas été apportée.