Là-bas, en Suisse, ils ont une vraie République. Et, avec leurs votations, qui permettent aux citoyens de conserver le pouvoir même après avoir désigné leurs mandants, ils peuvent, justement, désavouer ces mandants, même après les avoir envoyés siéger : ils ont donc aussi une vraie démocratie.
Ce n’est pas comme en France, où l’on n’a que les mots de république et de démocratie, mais pas la réalité de la chose. Pire : on a une république et une démocratie idéologiques.
Tel est le message qui commence à passer dans l’opinion, du moins si l’on en juge par ce que l’on pouvait lire dans Le Figaro du 30 juillet :
La proposition d’un élu populiste helvète d’annexer les régions limitrophes de la Confédération, séduit les frontaliers.
Quand Dominique Baettig a proposé, en mars dernier, d’annexer à la Suisse ses territoires frontaliers, l’ensemble de la classe politique a doucement rigolé. Élu de l’Union démocratique du centre (UDC) – parti populiste majoritaire au Parlement -, ce psychiatre voulait autoriser plusieurs régions d’Allemagne, d’Italie, d’Autriche et de France à adopter le drapeau rouge à la croix blanche. Cette «Grande Suisse» comprendrait plus de 24 millions d’habitants. «Ce n’est qu’une farce, s’exclamait le député libéral genevois Christian Lüscher. Je n’ai rien contre la provocation, mais cette motion n’a rien de constructif.»
Mais aujourd’hui, à Berne, cette farce ne fait plus sourire. Un sondage paru dans l’hebdomadaire alémanique Die Weltwocherévèle qu’ils sont 52% dans le Vorarlberg (Autriche), 48% en Savoie-Haute-Savoie comme dans le Bade-Wurtemberg (Allemagne) et 52% à Côme-Varèse (Italie) à se prononcer pour cette intégration. Les jeunes et les électeurs de droite sont particulièrement enthousiastes.
Dans le quotidien populaire Le Matin , les habitants d’Annecy attirés par la Suisse louent cette «vraie démocratie», où l’on «respecte vraiment les salariés». Dominique Baettig jubile. «On m’a pris pour un allumé, mais les résultats sont là : le modèle suisse fait fantasmer.» Selon le Weltwoche, les sondés seraient notamment séduits par le système de démocratie directe, qui donne fréquemment la parole aux citoyens.
Pourtant si la centaine de milliers de frontaliers qui travaillent en Suisse et habitent en France devenaient suisses, ils perdraient les avantages financiers dont ils bénéficient aujourd’hui. Pourquoi donc voudraient-ils changer de nationalité? «Parce que le dernier village gaulois, c’est la Confédération helvétique, explique Xavier Comtesse, directeur romand du think-tank Avenir Suisse. Ici, il n’y a pas de dette, peu de chômage. Le système éducatif et celui de santé fonctionnent bien… Les Français sont attirés par cet eldorado. D’autant plus qu’ils sont victimes de la crise économique et de la crise européenne.»
Il ne faut certes pas accorder plus d’importance aux choses qu’elles n’en ont, ni prendre tout ce qu’on lit, tout ce qu’on entend, au pied de la lettre, ni au premier degré. Il n’empêche… N’est-ce pas là un début de prise de conscience ? Un début de lucidité, sur le fonctionnement de notre Système, surtout si on le compare à celui de nos voisins ? Lucidité qui peut être la première étape d’un désamour, lui-même conduisant à un désaveu ?….
Cincinnatus sur Une initiative papale qui, curieusement, arrive…
“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”