Le ministre syrien de l’Education a annoncé, le lundi 19 juillet, que les étudiantes ne pourront plus porter le voile intégral dans les universités publiques du pays. Il affirme que cette décision est une réponse à une demande d’étudiants et de parents.
Ghiyath Barakat explique également que le port du voile intégral va à l’encontre des valeurs académiques et des traditions des universités syriennes. De tradition musulmane (90% de la population environ), la Syrie est un pays laïc qui garantit la liberté de culte. Le port du voile simple ou du voile intégral y connaît une recrudescence depuis plusieurs années.
Il ne s’agit bien sûr pas, ici, en notant ce fait, de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays souverain; ni de se faire des illusions sur la nature du régime syrien.
Mais ceci confirme ce que nous avons écrit plusieurs fois ici-même, en ce qui concerne n’importe quel pays de la nébuleuse islamique, même si l’on parle aujourd’hui, en l’occurrence, de la Syrie….
Les choses étant ce qu’elles sont, et les rapports monde(s) musulman(s)/monde(s) non-musulman(s) étant ce que nous savons tous, il ne faut prendre les choses qu’avec réalisme et pragmatisme, et totalement dénués de la moindre idéologie.
En évitant absolument, et en tout, de faire de l’Islam un bloc, et de le considérer comme totalement uni ou totalement monolithique. Il l’est, certes, en partie, voire en grande partie. Mais ses divisions sont réelles et notre intérêt n’est pas de les coaliser. Il est d’éviter absolument de souder entre elles, en les rejetant indistinctement, toutes les composantes du monde musulman.
L’erreur de trop de gouvernants occidentaux (et de ceux des USA en particulier) est d’avoir -d’une façon quasi constante- fait fond sur les mouvements islamistes plutot que nationalistes arabisants laïques. Les Usa ont, par exemple, cru malin de mettre Ben Laden en selle pour contrer les Russes, envahissant l’Afghanistan: beau manque de perspicacité ! Au risque de surprendre, et peut-être même de choquer, n’aurait-on pas mieux fait -et ne ferait-on pas mieux- de soutenir, au contraire, des régimes laïques ? Nasser hier, en Egypte, ou les Assad en Syrie, et même… Saddam Hussein en Irak ?
Et, bien sûr, Ben Ali en Tunisie ?
Tous régimes, certes, très imparfaits, voire voyous pour certains, mais qui au moins ne cherchaient pas (et ne cherchent toujours pas, en Syrie, en Tunisie…) à lancer une guerre politico-religieuse contre nous, et s’occupaient (s’occupent toujours, en Syrie, en Tunisie…) de contenir les islamistes…
La parabole de la paille et de la poutre devrait être toujours présente à nos esprits mais, de fait, ce n’est pas chose facile. Ce n’est même pas l’attitude la plus « naturelle ». C’est, peut-être, pourquoi elle émane du Christ.
La « nature du régime syrien » est ce qu’elle est et les régimes évoqués ci-dessus sont, en effet, « très imparfaits ».
Et les nôtres donc ? En cet été pourri par nos « affaires », regardons plutôt notre nombril avant de se placer en position de toiser les autres… Tous les régimes politiques sont « très imparfaits ». Simplement, nous sommes si habitués à nos propres imperfections que nous ne les voyons même pas. Le politique est le domaine du relatif; la perfection n’y brille guère. Considérons la démocratie américaine où tout y est dominé par l’argent : ce n’est pas un « Etat voyou », mais, parfois, cela y ressemble beaucoup.
Toujours l’histoire de la paille et de la poutre, je vous dis !