SOS Education a publié hier, lundi, un communiqué relatif aux deux jours de grève décidés par le Snes en cette période de rentrée scolaire : deux jours, puisque la grève de lundi a précédé la journée d’action d’aujourd’hui.
Tout le monde a relevé le fiasco complet que fut cette journée (!) d’hier dans les Collèges et Lycées; un fiasco total, que les manifestations d’aujourd’hui vont probablement permettre de faire oublier….
Il n’empêche : sur le fond du problème, la réponse de SOS Education à la démagogie du SNES est pertinente : ce n’est pas de plus d’argent que l’école a besoin (de l’argent que les syndicats enseignants gèrent en partie eux-mêmes : on comprend pourquoi ils en demandent toujours plus !…); c’est de retrouver le sens de sa mission (retrouver les intuitions de ses origines, pour parler comme Jean-Paul II…), et d’avoir le courage – à tous les niveaux… – de mener une politique d’effort(s)…..
Collèges et lycées: une grève pour réclamer plus de moyens ne changera rien.
A l’heure où le système éducatif échoue de plus en plus dramatiquement à instruire correctement les élèves pour qu’ils s’en sortent, le SNES, syndicat d’enseignants présent dans les collèges et les lycées, appelle une fois de plus à la grève ce lundi 6 septembre 2010. Il est fort à parier que cette grève sera peu suivie. Parents et professeurs ont d’autres revendications que de réclamer toujours plus d’argent.
En effet, en cette rentrée des classes 2010/2011, c’est un appel de bon sens que parents et professeurs qui soutiennent SOS Éducation souhaitent lancer. Ils tiennent à rappeler que : aucune grève, aucune ligne budgétaire ne règlera les problèmes qui minent nos écoles en profondeur.
Nos collèges et nos lycées manquent avant tout de moyens réglementaires pour faire respecter la discipline dans les classes d’une part, et d’autre part de concentration des élèves sur le travail à fournir et les efforts à produire pour réussir.
Se centrer sur ces valeurs fondamentales, voilà un programme de base pour nos gouvernants et nos écoles pour la réussite de tous les élèves dans les années à venir. Il n’est besoin d’aucune grève pour l’appliquer mais de courage à tous les niveaux de la hiérarchie : du ministre aux professeurs en passant par les chefs d’établissements, les recteurs et les inspecteurs.
Il faut distinguer, dans le mammouth de l’Education nationale, le « macro » du « micro ». Je m’explique :
Le « macro », c’est presque un million et demi de fonctionnaires de l’Education nationale et des collectivités locales, nombre qui n’a cessé de s’accroître de 1981 à 2007, pour unnombre d’élèves en nette diminution.
Le « macro », c’est plusieurs dizaines de milliers de professeurs qui ne voient jamais un élève et dont le ministère lui-même ignore bien souvent ce qu’ils font.
Et il est évident que dans le « macro », il y a beaucoup de mauvaise graisse à enlever, même si les cellules graisseuses hurlent de douleur…
Il faut savoir (ce que beaucoup de gens, et même de fonctionnaires de l’E.N. ignorent) que, dans la plupart des cas, ce ne sont pas les enseignants qui éventuellement ont à souffrir de la liposuccion et du régime qu’on peut imposer au mammouth, mais bien les syndicats, dont les moyens sont proportionnels aux effectifs non de leurs adhérents, mais des fonctionnaires qu’ils sont supposés représenter (ces moyens globaux, calculés selon le nombre des fonctionnaires, sont ensuite répartis entre les syndicats au prorata du nombre de voix qu’ils obtiennent aux élections aux commissions paritaires). On comprend que la moindre diminution les fasse hurler.
D’autre part, et ce fait est encore moins bien connu tant des fonctionnaires que du public, l’influence des syndicats est également proportionnelle au nombre des fonctionnaires qu’ils sont censés représentés : en effet, cette influence auprès des fonctionnaires est principalement due au fait qu’ils font la pluie et le beau temps dans les commissions paritaires qui attribuent les promotions, car non seulement les syndicats y disposent de la moitié des voix, mais encore la plus grande partie de l’autre moitié, savoir les représentants de l’administration, est en fait membre de ces syndicats. Les plus importants d’entre eux disposent donc de la majorité absolue et aucune promotion ne peut se faire sans leur appui. Or, le nombre de promotions est statutairement lié, dans chaque corps, au nombre de recrutements fait la même année dans le même corps. Quand on ne recrute plus qu’un fonctionnaire pour deux qui prennent leur retraite, au lieu d’en recruter un pour chaque départ, voire plus, leurs possibilités de se faire valoir devant les fonctionnaires diminuent de moitié ou plus : on ne peut s’étonner qu’ils protestent.
Ce qui n’empêche pas que dans le « macro », la réduction d’effectifs s’impose comme une évidence.
Le « micro », c’est l’établissement scolaire. Qu’il vienne à y avoir dans un établissement des classes vraiment surchargées (lorsque le nombre d’élèves à scolariser dans l’établissement dépasse le seuil qui entraîne normalement l’ouverture d’une nouvelle classe) ou que les syndicats considèrent comme surchargées (parce que le nombre d’élèves à scolariser dépasse le seuil, nettement plus bas que celui fixé par l’administration, qu’ils souhaitent voir adopter pour l’ouverture d’une nouvelle classe) et ce sont tous les enseignants de l’établissement, ainsi que les parents d’élèves et, dans les lycées, les élèves eux-mêmes qui se mettent en mouvement pour protester. Les professeurs prétendent ne pouvoir travailler dans ces conditions de surcharge, les parents et les élèves suivent le mouvement, que celui-ci soit légitime ou non (classes vraiment en surnombre ou non).
Si, toujours dans le « micro », l’établissement, un ou plusieurs professeurs malades ne sont pas remplacés rapidement, si des classes d’examen restent des semaines, voire des mois sans un professeur pour enseigner l’une des matières principales, le mécontentement gronde, à juste raison.
Si, dans un établissement scolaire, des violences plus ou moins graves sont exercées par des élèves, des parents ou des personnes étrangères à l’établissement, que ce soit sur des élèves, des enseignants, du personnel de service, aussitôt les syndicats enseignants et celle des associations de parents d’élèves qui est inféodée à l’un d’eux (la FPEEP) attribuent ce regrettable état de fait à l’insuffisance du nombre de postes de surveillants, que cela soit justifié ou non.
Dans le « micro » de l’établissement scolaire, le dégraissage du mammouth est donc toujours ressenti très douloureusement, et il apparaît qu’il n’est pas toujours mené à bon escient. Ce qui n’empêche pas qu’il soit nécessaire à l’échelle « macro ».
Il est donc nécessaire que le nécessaire amaigrissement du mammouth s’accompagne d’une surveillance très vigilante de ce qui se passe dans le « micro », afin de ne pas laisser se créer des points douloureux qui finissent par gangrener le corps entier…
Amaigrissement donc, et peut-être plus rapide et plus draconien que ce n’est le cas actuellement, mais avec une très vigilante attention portée à ce qui se passe effectivement dans les établissements : on ne peut pas s’attendre à ce que cette cure se passe bien dans un établissement où la seule réponse donnée à l’absence prolongée d’un professeur de mathématiques en terminale S ou l’existence, tout au long de l’année, de classes dont l’effectif dépasse la norme fixée par le ministère reçoit pour toute réponse qu’il faut bien ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui prennent leur retraite et qu’après tout, il y a toujours beaucoup plus de fonctionnaires de l’EN qu’il y a trente ans, alors qu’il y a moins d’élèves…
Voilà, vraiment, plus qu’un commentaire, une communication intéressante. Merci.
A mon sens, le vrai problème est de savoir qu’elles sont « les valeurs communes et partagés » dans notre société. La question est importante, dans une période ou les différents responsables de l’éducation (parents, enseignants, pouvoirs publics) semblent incertains, voire indifférents quant aux valeurs qu’ils doivent inculquer et transmettre.
En effet le système néo-bourgeois et social démocrate hérité de 68, a tout bonnement défait l’édifice forgé par quinze siècle de tradition, ne livrant en remplacement qu’une pauvreté positiviste et socialisante affirmé comme seul horizon possible.
Comme le remarquait déjà Charles Peguy : « Les crises de l’enseignement sont des crises de civilisation » avant de poser cette question tout à fait actuelle : « Comment enseigner quand toute la société est pourrie de mensonge »?