L’avertissement de Cambadélis. Ou : un Parti qui dit blanc mais qui fait noir (ou l’inverse…)
Depuis qu’il s’occupe des relations internationales au PS, Jean-Christophe Cambadélis voyage loin : Inde, Chine et autres puissances en devenir… Et comme tous les dirigeants français ou européens qui visitent le nouveau monde, le député strauss-kahnien en revient toujours ébahi. » Il faut voir sur place la vitesse avec laquelle ces pays se transforment « , insiste-t-il. D’où la proposition qu’il s’apprêterait à présenter à son parti sur les relations internationales : « …pour être ministre en 2012, il faudra obligatoirement avoir effectué un séjour dans un pays émergent « .
Une idée qui n’est pas sans rappeler le voyage en Italie de la Renaissance, l’étape alors obligatoire pour la formation de tout gentilhomme…
Tout cela est bel et bon et, franchement, il nous semble bien qu’il a raison, monsieur Cambadélis. Le seul petit problème, le seul tout petit « hic », c’est que son parti – pour ne prendre que cet exemple et pour ne parler que d’économie… – se bat pour qu’en France on travaille le moins possible : 35 heures, retraite à 60 ans etc.. etc… alors que le monde entier – et aussi, et surtout, ces pays émergents dont il parle tant, et qu’il nous cite en exemple… – prennent le chemin exactement inverse !
C’est bien de dire des choses justes, sensées, raisonnables et, pour tout dire, vraies ; mais un peu de cohérence, ce ne serait pas mal non plus, non ?…
Sans être pooliticien, toute personne qui voyage un peu se rend compte que nous sommes plongés, en France, dans un immobilsme mortel.
le manque de concret dans les politiques définies par les Pouvoirs à tous niveaux, accesssibilité pour handicapéss (entre autre) et j’en passe.
Notre malheureux pays devient un pays de castes par développement des communautarismes, des mesures catégorielles, c’est abominable.
Il est toujours possible de se comparer aux autres, pour le
meilleur, comme pour le pire, mais le raisonnement qui
consiste à prendre toujours des exemples d’alignement
vers le bas, peut aussi nous conduire à trouver normal de
proposer aux Français des salaires du niveau du Maghreb,
comme cela s’est produit il y a quelque temps, avec un
argument imparable, préserver son emploi, mais
délocalisé au Maghreb!
En effet, la loi implacable du marché, dans une
mondialisation absolue et globale, voudrait que nos
salaires et nos conditions sociales soient ramenées à
celles des pays émergents ou même pire, à celles des pays
sous-développés, pour rester compétitifs. Un magnifique
projet en perspective.
Peut-être est-ce justement l’illusion de la mondialisation d’avoir cru – ou d’avoir fait croire – que l’inverse se produirait; que l’alignement des revenus se ferait vers le haut; que les salaires et les conditions sociales des pays émergents seraient amenés au niveau des nôtres; qu’une sorte d’uniformisation progressive et généralisée créerait, un jour pas si lointain, les conditions d’un grand marché planétaire où la libre concurrence serait à jeu égal …
Il me semble que l’on commence, de toutes parts, à revenir de cette illusion, car, avant que les masses asiatiques et autres se soient, en profondeur, suffisamment enrichies pour cesser d’être des concurrents inégaux, nous aurons perdu des millions d’emplois, transféré des pans entiers de notre industrie, nous nous serons dangeureusement démunis de nos capacités de création et de production. Nous nous serons, tout simplement, appauvris, qui plus est en créant des dettes abyssales que nous lèguerons aux générations futures.
Il n’est même pas sûr qu’au bout du compte les pays que nous aurons inconsidérément aidés à se développer suivant des ryhmes fort peu raisonnables, s’en trouvent finalement gagnants.
Car si, comme on peut l’espérer, une réaction des puissances industrielles traditionnelles ne tarde pas trop à s’organiser, si nos pays recomment à se protéger, sous tous les noms et dispositifs que l’on voudra, les pays en question pourraient fort bien se trouver plongés dans des crises dont, à raison de leur masse, on peut, sans trop de peine, imaginer l’ampleur.
Dans un tel cas, il s’avèrera que l’utopie mondialiste n’aura pas, tout au contraire, servi à la paix ni à l’unité du monde …
Il y aura toujours des « concurrents inégaux » et il ne s’agit pas
tant de se protéger dans un repli sur nous-mêmes, car les
échanges sont utiles et nécessaires, que d’organiser plutôt ces
échanges sous la forme d’une coopération, de
projets de partenariat où le politique aurait son mot à dire, au
lieu de laisser faire les seuls marchés. Ce qui ne nous
empêche pas de taxer à l’entrée de l’Union européenne ou à
l’entrée de notre pays, si cette Union est défaillante, les
produits entrants, qu’il s’agisse de taxes environnementales,
ou sociales.