Nous le répétons aussi souvent que possible : nous avons de la chance d’avoir Politique Magazine – et la Nouvelle Revue Universelle – et nous devons tous leur assurer la diffusion la plus large possible.
Tous les dimanche, sous forme de publicité tournante et permanente, nous redisons à nos lecteurs habituels, et à ceux qui nous rejoignent venant d’ailleurs, l’importance de ce mensuel et de cette revue, et les diverses façons de les aider (notamment en utilisant la possibilité de défiscalisation de vos dons…).
De même, chaque mois, publions-nous deux ou trois articles de Politique Magazine, dont – notamment – les réflexions de François Reloujac sur l’économie, que vous pouvez retrouver dans les Pages, regroupées en bas à droite de la page d’accueil du Blog. En attendant le Reloujac et l’analyse politique d’Hilaire de Crémiers, voici l’éditorial de ce mois-ci, consacré à la Parole de Sagesse, Avent et publication de l’ouvrage d’entretien du Pape obligent…
Parole de sagesse
La marche vers Noël a commencé. Note d’Espérance dans un monde dramatique. Tant d epauvreté, tant de douleurs, tant d’angoisses, tant de misères morales, psychologiques, sociales, économiques, tant de misères politiques aussi – car quelles sont les sociétés qui bénéficient d’un véritable ordre civique ? – et encore et peut-être surtout, bien que ce ne soit jamais relevé par les instituts d’études officielles, tant de misères religieuses.
Les tableaux qui sont sous nos yeux vont de cette pauvre île d’Haïti où, après tant de malheurs, sévit maintenant le choléra, devenu immaitrisable, et où l’aide humanitaire est totalement insuffisante, tandis que les politiciens s’y disputent el pouvoir, à ces indiens houmas des bayous du sud de la Louisiane, que la pollution des côtes par la marée noire prive de gagne-pain, à ces Mexicains livrés corps et biens… et peut-être âmes… à des réseaux meurtriers de narco-trafiquants, sans qu’aucun ordre politique ne soit possible, tant ces pays d’Amérique sont à la merci de tous les facteurs d’un désordre permanent. Et que dire de ces régions d’Asie où règne la mort, selon les lois implacables de la seule violence, et où les chrtétiens sont tout spécialement abattus, pourchassés, comme le montre le dossier publié dans ce numéro de Politique Magazine ? Et comment ne pas évoquer tant de pays d’Afrique et, exemple parmi d’autres, ce désolant Zimbabwé où il devient impossible et même absurde de vivre ? Que d’endroits où les hommes sont réduits à cet état d’effroyable nécessité : la guerre civile, étrangère, permanente, le vol, le viol, l’assassinat collectif avec des maîtres qui ne sont que des aventuriers ou, au mieux, des chefs de clan !
Et dans nos pays occidentaux, encore si fiers de leur passé, aujourd’hui, que de détresses, de situations désespérées : ces cités, ces quartiers privés de droit, de loi, de justice, de paix, de travail, abandonnés aux bandes, aux trafics souterrains, à la prostitution, à l’émeute. Oui, chez nous ! Population qu’une politique insensée a laissé s’installer dans cet effroyable chaos. C’est à nos portes. Comme, tout près de nous et de plus en plus, le dénuement matrériel et moral qui se cache, ou qui ne se cache même plus, et que la crise ne fait et ne fera encore qu’aggraver. Que de tragédies encore dûes à des situations moralement graves dans lesquelles tant de gens désinformés, mal informés, sont jetés : familles décomposées, sexe et drogue à gogo, atteintes à la vie de tous les côtés et sous toutes les formes. Le Prince Jean de France, dans son livre Un Prince français, a noté toutes les déchirures du tissus social français que, dans son esprit, il convient de reconstituer. Partout des organisations bénévoles magnifiques se dévouent à mille tâches humanitaires. C’est tellement nécessaire, mais c’est, hélas, insuffisant. L’urgence est là. Encore faut-il qu’il y ait une parole de sagesse qui soit délivrée.
Qu’on le veuille ou non, il n’en est qu’une seule qui retentit à travers le monde entier, c’est celle du Pape. Lui seul rappelle l’homme à sa haute destinée, lui seul a l’autorité, douce et humble à l’imitation de son Maître, pour délivrer un enseignement de sagesse supérieure qui soit à la fois de justice et de miséricorde, de raison naturelle et de grâce.
Il l’a dit au dernier consistoire des Cardinaux du vendredi 19 novembre où, précisément, le mal de la société occidentale a été analysé en profondeur : exercer l’autorité, c’est servir usque ad effusionem sanguinis, usque ad crucem. Quel autre homme au monde peut tenir un tel langage et encourager à tenir un tel langage ? Il sait – il l’a dit et répété dans ses derniers voyages en Angleterre, en Espagne – à quel point les choix politiques des sociétés sont décisifs pour l’établissement d’un ordre juste et pacifique et c’est pourquoi il appelle les nations chrétiennes d’Europe qui devraient être des modèles pour les autres, à inscrire leur choix dans le Roc qui est au fondement de leur civilisation.
Sinon, rien ne résistera. Les société athées n’ont pas d’avenir; un relativisme insensé y causera les pires ravages. Il n’y restera qu’un droit individuel exacerbé qui aboutira à la pire anarchie et finalement au totalitarisme du Pire et des pires.
Les hommes d’Etat feraient bien d’y songer. Quelques uns ont déjà fait savoir qu’ils avaient compris les paroles du Pape. Non, l’athéisme n’est pas la réponse à l’islamisme. Au contraire.
Un nouveau livre d’entretien du Pape avec Peter Seewald vient de paraître: Lumière du monde.Les médias français, décidememnt incorrigibles, n’y ont vu que el paragraphe sur le préservatif ! Alors que le livre ne parle que de la priorité de Dieu ! Ils n’ont, d’ailleurs, même pas compris les sens du-dit paragraphe qui relève du plus simple jugement prudentiel sur les diverses intentions d’un acte, parfaitement connu en morale depuis Aristote, saint Augustin, saint Thomas et tous les moralistes de la grande École traditionnelle. Mais ces gens ignorent tout de la sagesse catholique. Et ce sont eux qui prétendent régenter le monde et signifier ce qu’il faut penser !
Mais qu’importe ! La parole de Sagesse est là. A Noël, le monde entier écoutera le Pape.
Quand Politique Magazine se fait le relais des « thèses »
U.M.P., en matière économique, comme ce fut le cas
dernièrement, il est gênant que des internautes
s’intéressant à l’un des sites royalistes, tel que
lafautearousseau, pensant y trouver des
propos qui sortent du « politiquement correct », et dépassent
le clivage gauche/droite, puissent découvrir un
conformisme au moins intellectuel, si ce n’est électoraliste
dans les écrits de ce journal. C’est à Politique Magazine de
savoir quelle ligne il entend défendre, celle d’un journal de
droite parmi d’autres, et plus particulièrement proche de
l’U.M.P., ou celle d’un journal authentiquement royaliste.
Pas plus conformiste mon cher DC, que la défense des certitudes bétonnées nées du « triomphe des démocraties » de l’après-guerre, du catéchisme droit de l’hommiste, des subventions du ministère de la culture et de l’emploi réservé au Conseil économique et social (suivez mon regard).
Décidément, vous qui souhaitez dépasser les clivages, vous ne ratez aucune occasion d’en créer de nouveaux.
Au bénéfice exclusif de nos adversaires, bien entendu
Cher DC,
Disons les choses franchement :
Quand Politique Magazine, dans tel ou tel de ses articles, comme ce fut, en effet, le cas dernièrement, exprime des « thèses » non pas nécessairement « UMP. », car ce parti n’est pas le seul à les soutenir, mais qui ressortent du libéralisme idéologique, notamment en matière économique, tout simplement nous ne les approuvons pas.
Néanmoins, ce genre d’article ne nous paraît pas une raison suffisante pour nous dispenser de soutenir et diffuser Politique Magazine en général. Depuis dix ans, défauts et qualités confondus, Politique Magazine nous semble, en effet, avoir été utile au royalisme français et au Prince. Pour le reste, que chacun soit assez grand garçon pour faire le tri, selon son jugement, entre ce qui lui paraît bon ou mauvais.
L’orientation générale de lafautearousseau est assez claire : nous pensons que nos visiteurs sont majeurs et se feront leur propre opinion sujet par sujet.
Par ailleurs, nous n’avons pas à évaluer une thèse en fonction de la tendance politique dont elle émane mais de sa pertinence eu égard à l’intérêt de notre pays.
Soyons aussi conscients que le Parti Socialiste pourrait fort bien avoir, pour la prochaine élection présidentielle, un candidat qui est un indiscutable partisan du « libéralisme idéologique ». Ne cédons donc à aucun manichéisme partisan. L’UMP n’a pas le monopole des thèses que vous évoquez. Elle ne doit pas concentrer l’exclusivité de notre critique !
Pour ce qui nous concerne, nous n’avons guère pratiqué, il nous semble, le « politiquement correct », ni manqué de dépasser le clivage gauche / droite, du moins tel qu’il s’établit aujourd’hui, car il s’agit de deux tendances d’un même système.
Par delà ces notions, finalement assez vagues et convenues, que, donc, il convient de dépasser, ce que nous rejetons, ici, ce sont les principes même de la Révolution, non telle qu’on aurait pu la rêver, si l’élan de 1789 avait eu d’autres suites, s’il s’était agi d’une révolution royale, mais telle qu’elle fut vraiment, telle qu’Alexandre Soljenitsyne en a dénoncé la nature profonde, telle qu’elle a exercé ses ravages, en France et dans le monde, au cours des deux derniers siècles et jusqu’à aujourd’hui.
Chers amis de lafautearousseau,
Votre réponse est parfaitement claire et fait la part des
choses, sans polémique; au journal Politique Magazine d’en
tenir compte.
Quant au principes de la révolution, votre propos est
ambigü. La révolution dans ses principes a remis en cause
la société des trois ordres, il ne me semble pas que vous
souhaitiez y revenir. De cette remise en cause, est apparu
le principe de démocratie représentative, selon lequel
chaque individu a le même droit de se faire représenter.
Que vous souhaitiez engager le débat sur les formes de
cette représentation, et quoique chacun en pense, ne
remet pas en cause ce principe. Quand à la déclaration
des droits de l’homme et du citoyen, ses principes
s’opposent aux dérives révolutionnaires que vous
dénoncez à juste titre. Ce ne sont pas les principes
remettant en cause l’Ancien Régime qui ont abouti à ce
que la révolution fut vraiment, mais ce que certains
hommes ont fait de cette révolution en s’attaquant au
principe monarchique qui n’est pas incompatible avec la
démocratie. La déclaration est signée par le Roi et elle ne
remet pas en cause le principe monarchique.
La démocratie est le régime qui consacre la souveraineté du peuple. A l’inverse le discours des droits de l’homme se donne d’emblée comme certitude morale, comme vérité universelle, censée s’imposer partout du seul fait de son universalité. Sa valeur ne dépend donc pas d’une ratification démocratique. Mieux encore, il peut s’y opposer.
En effet, la démocratie est une doctrine politique, les droits de l’homme une doctrine juridique et morale. Ces deux types de doctrines ne s’accordent pas spontanément.
L’idéologie des droits de l’homme ne veut connaître que des individus abstraits, la démocratie ne connaît que des citoyens. Un régime démocratique tient sa légitimité du consdentement du peuple, celui-ci étant généralement exprimé par le vote. A l’inverse, le discours des droits de l’homme se donne d’emblée comme une certitude morale, comme une vérité universelle, basée sur les droits naturels de l’individu, qui entre inévitablement en tension avec les exigences de la souveraineté.
Les votes démocratiques n’allant pas dans le sens des droits de l’homme sont donc immédiatement rejetés comme irrationnels et illégitimes.
Or, toute limitation de la souveraineté populaire représente une attaque contre le fondement même de la démocratie.
Je me souviens d’une allégorie révolutionnaire, sur laquelle on voit une mère présenter à son fils la « Déclaration des droits de l’homme » pendant que la foudre écrase les privilèges. On sait aujourd’hui que, par la ruine des libertés concrètes, l’universalisme a favorisé historiquement la mise en place de nouvelles tyrannies et creusé le lit de tous les totalitarismes modernes.
Je complèterai le commentaire de Taranis en disant que la critique de l’idéologie des droits de l’homme ne doit pas faire accréditer l’idée extravagante selon laquelle les hommes n’auraient pas de droit. Les droits individuels existent. Mais une nation ne respecte les droits individuels que pour autant qu’ils sont de sources conformes à son histoire.
D’autre part la souveraineté politique totale est la condition sine qua non du respect concret des droits individuels. Hors de la souveraineté il n’y a pas de garantie du droit possible et donc pas liberté.
Il s’agit donc de garantir au travers de la souveraineté du politique, un droit des hommes et des peuples,droit assis, non sur des principes métaphysiques, en vertu desquels la loi serait le fruit d’un pacte entre le Prince et Dieu, mais sur des volontés particulières en vertu desquelles la loi est le fruit d’un pacte entre le Prince et son Peuple.
Il me semble qu’en se prononçant par référendum sur la
Constitution de 1958, et son bloc de constitutionnalité,
comprenant la déclaration des droits de l’homme et du
citoyen, le préambule de 1946 et celui de 1958, le peuple
français a exprimé souverainement et de manière
démocratique, son approbation à cette déclaration.
Il est vrai cependant, qu’un changement de constitution
préconisant l’instauration d’une monarchie parlementaire
héréditaire, poserait à nouveau la question de savoir si la
déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ainsi que
les préambules sus-cités doivent ou non faire partie d’un
bloc de constitutionnalité. Hormis l’actualisation de textes,
toujours envisageable, je n’y ai personnellement aucune
objection de principe.
Que veut dire Sébasto lorsqu’il affirme « Les droits
individuels existent. Mais une nation ne respecte les droits
individuels que pour autant qu’ils sont de sources
conformes à son histoire »? Il me semble qu’en 1789, la
remise en cause de la société des trois ordres permet de
dire que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen
stipule des droits conformes à cette remise en cause
historique, et que depuis, ceci n’a jamais été contesté ou
reconsidéré.
Quant à l’argumentation de Taranis « …Les votes
démocratiques n’allant pas dans le sens des droits de
l’homme sont donc immédiatement rejetés comme
irrationnels et illégitimes. Or, toute limitation de la
souveraineté populaire représente une attaque contre le
fondement même de la démocratie… » Pour répondre en
un mot, il y a certes existé et il existe toujours des
démocraties populaires dont les votes ne vont pas dans le
sens des droits de l’homme, mais bien plus que les votes,
les actes eux-mêmes, il s’agit de dictatures.
En effet, tout dépend selon quels principes s’exerce la
souveraineté populaire, à choisir entre ceux d’un parti
unique, et ceux de la déclaration des droits de l’homme et
du citoyen, je vous laisse deviner mon choix.
Par ailleurs, la démocratie, elle-même, ne peut être
absolue, c’est pourquoi la souveraineté qui, certes, réside
essentiellement dans le peuple, doit être tempérée, par un
pouvoir garant de l’intérêt général, arbitre et modérateur.
Car tout ce qui est légal n’est pas nécessairement
légitime, et ce qui est légitime relève non pas
nécessairement de la volonté générale, mais de l’intérêt
général, pris comme bien commun au sens de la
res-publica. Si la détermination et la mise en oeuvre de
l’intérêt général nécessitent l’accord de la volonté générale,
l’expression de la seule volonté générale n’est pas
nécessairement la garantie de notre intérêt général, c’est
l’une des raisons qui fonde l’indispensable présence du
Roi. Lorsque par la médiation permanente du Roi, la
volonté générale parvient à coïncider au plus près de
l’intérêt général, le Roi a rempli pleinement son rôle,
lorsque cela ne coïncide pas au mieux de l’intérêt général,
le Roi peut par son arbitrage demander à la nation de
reconsidérer sa volonté et si par ailleurs, les intérêts
supérieurs de la nation sont en jeu, il lui reste les moyens
d’agir en tant que garant du bien commun, conformément
à ses prérogatives, approuvées par le peuple français,
dans le cadre d’une constitution librement consentie.
Mon cher DC, il n’est pas question de critiquer l’déologie des droits de l’homme pour justifier le despotisme.
Il s’agit d’abandonner le champ de la morale, non parceque les individus jouissent par nature de droits illimités, mais parcequ’une société où règne le despotisme est une mauvaise société, que la légitimité de la résistance à l’oppression ne dérive pas d’un droit inné, mais de la nécessité pour l’autorité politique de respecter la liberté des citoyens, non parcequ’ils en ont le « droit » mais parcequ’une société où les libertés fondamentales sont respectées est politiquement meilleure, et, je vous l’accorde moralement préférable, qu’une société où elles ne le sont pas.
Dans son ouvrage « Républicanisme et droits de l’homme », Jean-Fabien Spitz écrit: » Le premier trait distinctif d’une philosophie politique républicaine-(au sens où vous l’entendez mon cher DC)-, est l’affirmation selon laquelle les dtoits dont disposent les citoyens ne sont pas fixés par une raison philosophique qui scrute une nature, mais par une délibération commune dans laquelle on s’éfforce d’éliminer les partialités par leur confrontation naturelle et de parvenir à des normes que chacun peut trouver légitimes[…] La règle n’est plus de surcroît, l’expression des intérêts cumulés du plus grand nombre, mais d’une conviction partagée » (ce que vous nommez sans doute l’intérêt général).
Il ne me semble pas que les rédacteurs de la déclaration
des droits de l’homme et du citoyen étaient des
idéologues, qui avaient longuement préparé un texte
« philosophique ».
Il s’agit de personnes pragmatiques qui ont simplement
voulu traduire en très peu de temps par écrit, sous la
forme de principes explicitement formulés, l’essentiel des
acquis de la nuit du 4 août 1789, qui précisément remettait
en cause la société des trois ordres, afin d’officialiser le
passage de la société d’Ancien Régime, à un nouvel ordre
social.
S’ils ont cru bon de l’écrire noir sur blanc avec la signature
du Roi qui s’en porte garant, c’est que sans doute,
contrairement à ce que vous prétendez, cela n’allait pas
de soi.
Mon cher DC, ce dont je voudrais essayer de vous convaincre, c’est qu’il vaut mieux pour les hommes et pour les nations, des droits même limités, mais bien définis et spécifiés, qu’un « droit universel » maximaliste, égalitaire, dont aucune limitation ni aucune tradition historique ne vient garantir l’application.
Un droit accordé à un à un homme « parcequ’il est un homme » ne vaut rien; il suffit que ce droit ne soit pas reconnu pour que nul n’en bénéficie. Seuls peuvent être efficacement respectés et appliqués les droits garantis par une autorité politique, ou qu’une autorité politique choisit volontairement de faire garantir.
Il suffit de jeter un oeil sur des évènements récents (le prix Nobel de la paix par ex.) pour voir que l’idéologie des droits de l’homme s’est révélée fondamentalement inefficace pour la défense des libertés concrètes.
Très bien adaptée pour déstructurer les pays occidentaux où elle est née, elle n’a nullement réussi par exemple à instaurer plus de liberté réelle dans les pays soumis à la dictature communiste.
Aux bonnes consciences humanistes qui déplorent naîvement que depuis qu’ils s’imposent juridiquement, jamais dans le monde les droits de l’homme n’ont été autant bafoués, il faut faire observer que les libertés concrètes de chaque peuple étaient nécessairement appelées à reculer dès lors que l’on y substituait une liberté abstraite, qu’il n’était que trop facile de violer.
C’est en se fondant, par exemple, sur la théorie des droits de l’homme – inclue dans sa constitution – que la Chine, qui garantit « la liberté de parole », a pu empêcher son prix Nobel de se rendre à Oslo.
Et pourtant, bien que totalement inéfficace, l’idéologie des droits de l’homme se reconvertit en lieu de retrouvailles de tous les désillusionnés de l’égalitarisme, elle constitue le lieux où il peuvent avouer leurs errements, reconnaître leurs échecs, conserver leurs aspirations fondamentales et surtout garder leur « bonne conscience ».
Mon cher Sébasto,
J’essaie de comprendre, mais je ne vois pas, ce que vous
dites est une évidence.
Ce n’est pas parce que cette déclaration existe que tout est
réglé et que parce qu’elle figure dans telle ou telle
constitution ou bloc de constitutionnalité, qu’elle sera
nécessairement mise en oeuvre, si le régime dans lequel
elle s’affiche n’en respecte aucun principe.
Cela vaut pour cette déclaration, comme pour tout autre
texte, qui n’a d’effet que par l’autorité politique qui s’en
porte garant. Il devait en être ainsi de la signature du Roi
en 1789.
Vous dites qu' » il vaut mieux pour les hommes et pour les
nations, des droits même limités, mais bien définis et
spécifiés, qu’un « droit universel » maximaliste, égalitaire,
dont aucune limitation ni aucune tradition historique ne
vient garantir l’application ».
Cette déclaration pose avant tout des principes
fondamentaux ou généraux de droit, les droits eux-mêmes
ou leurs modalités d’application ne sont effectivement pas
totalement et universellement définis, mais c’est sur ces
principes que se fondent en partie notre droit et notre
jurisprudence. Si c’est de cela dont vous voulez me
convaincre, les faits prouvent que c’est une évidence.
La question n’est pas là, c’est de savoir si l’on accepte ou
non, que cette déclaration fasse partie de notre bloc de
constitutionnalité ou non. Personnellement, je pense qu’il
est essentiel qu’elle en fasse partie, comme source de droit
conforme à notre histoire nationale.
Et vous ?
Mon cher DC, la vrai question, selon moi, c’est de pointer le danger des principes « universels ». En effet, ils renferment sous des dénominations juridiques et des concepts spécifiquement occidentaux, des notions que chaque culture perçoit différemment. Rejoignant dans la même illusion toute la philosophoe chrétienne puis rationaliste, ils prétendent dégager un langage juridique et philosophique commun à toute la planète.
Cette démarche se heurte à des obstacles de toutes sortes. Par exemple : existe-t-il une conception islamique spécifique des droits de l’homme? Dans une société où la qualité sociale est collective plutôt qu’individuelle, il ne peut qu’être absurde de remplacer les « droits de Dieu » par les droits de l’homme.
Ce qui veut dire qu’un combattant Afgan se bat pour défendre un ordre culturel où le rapport à la mort, les valeurs morales et la projet social ne correspondent en rien à ce pourquoi les occidentaux se battent.
Chaque nation est libre d’adopter les principes qu’elle
souhaite, l’universel relève à mon avis davantage du
religieux que du politique. Mais si des nations décident
d’adopter les mêmes principes que les nôtres, parce
qu’elles y adhèrent, où est le problème?
Du point de vue chrétien, il n’y a pas d’inégalité de
considération entre un homme (individu) et un autre
homme, au regard de Dieu, chacun a droit en tant qu’être
humain, à la même compassion.
J’ai l’impression que l’on s’égare, nous parlons ici de la
France. Avant de vouloir dispenser un message de portée
universel, regardons ce qui se passe dans notre pays et
les dégâts que provoque l’ultra-libéralisme, nouvelle
idéologie universelle que servent nos dirigeants.
Il est important en tant que chrétien d’avoir et de se
référer à des convictions religieuses, mais ce ne sont pas
les cardinaux, ni le Pape qui ont vocation à diriger les
Etats, chacun son rôle.
Vous dites parlant de l’islam, « dans une société où la
qualité sociale est collective plutôt qu’individuelle, il ne
peut qu’être absurde de remplacer les « droits de Dieu » par
les droits de l’homme. Je pense que vous vous méprenez,
quels droits de Dieu ? Les droits des mollahs vous voulez
dire, qui feraient bien de s’inspirer de la déclaration des
droits de l’homme et du citoyen.
Car enfin, si nous avons un message universel à faire
passer et que l’on cite immédiatement notre déclaration
des droits, c’est bien aussi parce que celle-ci baigne dans
notre héritage judéo-chrétien, dont le message est
universel. Ne trouvez-vous pas curieux que les nations
non chrétiennes non jamais produit au plan politique, de
déclaration de ce type, qui inspire les autres nations ?
Vous dites existe-t-il une conception islamique spécifique
des droits de l’homme? Ce n’est pas à nous de répondre,
mais si je regarde l’Iran, par exemple, il ne me semble
pas que cette « conception spécifique » dont vous prônez la
reconnaissance, ne soit du goût des Iraniens eux-mêmes
dans leur grande majorité.
Franchement, nous n’avons pas à rougir de notre
déclaration, et si elle pouvait inspirer d’autres nations et
leur entrouvrir la porte du message chrétien, cela ne leur
ferait pas de mal.
Mon cher DC, votre proposition est stupéfiante, car elle revient à dire qu’il n’y a pas de « moralité concrète » hors de l’universalisme biblique et de ses transpositions récentes. Il s’agit toujours de libérer Jérusalem, avec toujours la même bonne conscience, sauf que les croisés ont cette fois-ci leur capitale à Wall Street.
Comment ne voyez-vous pas le piège d’une idéologie qui, sous le masque de la tolérance et de la générosité conduit à l’anéantissement des peuples et des cultures, et qui véhicule le pire de tous les totalitarismes : le totalitarisme économique, bourgeois et marchand?
Pour conclure, Sébasto,
Nous ne parlons sans doute pas des mêmes « croisés ».
Quant à l’anéantissement des peuples et des cultures, ce
qui est sûr, c’est qu’il existe partout où les libertés
fondamentales ne sont pas respectées.
Vous parlez du totalitarisme économique, bourgeois et
marchand, mais la déclaration de 1789 ne stipule-t-elle pas
« le principe de toute souveraineté réside essentiellement
dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer
d’autorité qui n’en émane expressément » ?
Le totalitarisme économique que vous dénoncez n’a cours
qu’en l’absence de l’exercice de cette souveraineté, ou par
abus de pouvoir, voyez le traité de Lisbonne après le non
au référendum de 2005.
Tout texte de portée générale peut être détourné de son
objet et servir une idéologie, la responsabilité en incombe
aux hommes, non aux textes eux-mêmes. Si les textes
n’étaient pas sujet à risque ou à discussion, il n’y aurait ni
contentieux, ni jurisprudence.
Vous parlez de danger à formuler des principes universels,
je distingue principes universels et principes auxquels
d’autres peuvent adhérer; ce n’est pas la même chose de
faire sien des principes énoncés par d’autres, que de
prétendre les imposer aux autres.
Je vous avais posé une question, mais vous n’avez pas
explicitement répondu.
Pour tenter de répondre à votre question : « Ne trouvez-vous pas curieux que les nations non chrétiennes non jamais produit au plan politique, de déclaration de ce type, qui inspire les autres nations ? », il faut considérer que la prétention à l’universel est biblique.
Si Dieu a créé un homme unique, c’est pour que l’on ne puisse pas penser qu’il y aurait plusieurs dieux. L’unicité de l’homme témoigne donc de l’unicité de Dieu.
La religion des droits de l’homme, fondée sur le monohumanisme, apparaît donc liée, d’une part à l’égalitarisme et d’autre part au monotheisme : tous les hommes sont égaux devant Iahvé.
Ces affirmations ne résistent pas à l’examen. Pour l’Europe ancienne, « l’homme » n’existe pas. Il ya des hommes : ce sont des Grecs, des Romains, des Barbares etc.
Nous pouvons parler des droits des hommes. La liberté des Russes, des Afgans, des Chinois, celle aussi des peuples asservis par l’impérialisme américain nous savons ce que c’est.
Mais les droits abstraits d’un homme en soi, nous n’en connaissons rien et n’en pouvons rien connaître. L’homme « universel » n’existe pas. Tout le reste relève d’une croyance qui n’a d’universel que sa prétention à le devenir.
La question que je vous avais posée Sébasto, et à laquelle
vous n’avez pas répondu était : » savoir si l’on accepte ou
non, que cette déclaration fasse partie de notre bloc de
constitutionnalité ou non. Personnellement, je pense qu’il
est essentiel qu’elle en fasse partie, comme source de droit
conforme à notre histoire nationale. Et vous ? »
Un dernier commentaire, concernant votre réponse
précédente. Vous aviez parfaitement compris mon propos,
mais ce qui m’était incompréhensible c’est qu’en fait, vous
vous référiez au paganisme pour justifier vos propos.
C’est votre choix, et non le mien.
Pour répondre à la question du préambule constitutionnel : Si l’on ne cherche pas dans la « nature humaine » une justifiction des droits, pas plus que les prétendre « sacrés ou universels, » si au bout du compte, la théorie se ramène à dire qu’il est préférable de ne pas subir d’oppression, que la liberté vaut mieux que la tyrannie, qu’il n’est pas bien de faire du mal aux gens et que les personnes doivent être considérées comme des personnes plutôt que comme des objet, toutes choses qu’on ne saurait contester, alors pourquoi pas.